C TRINITE - Dieu et mon garagiste
Comment se
fait-il que le mystère de la sainte Trinité que nous fêtons aujourd’hui
apparaisse quelquefois si absent et même si insignifiant pour tant de chrétiens
?
Nous sommes devenus comme le fils aîné de la parabole de l’enfant
prodigue. Nous nous
intéressons à Dieu non pas pour ce qu’il est en lui-même, mais pour ce qu’il
fait pour nous, en nous mettant au centre. Notre relation à Lui est intéressée
et égoïste.
Cette relation à Dieu me fait penser à celle que nous avons avec notre
garagiste.
Ce qu’on demande à un garagiste, c’est d’être un bon mécanicien.
Si ce n’est pas lui qui a construit la voiture au moins il la
connaît, il sait comment la réparer et il faut que ça marche.
Nous allons le trouver volontiers quand il y a des pannes.
Nous sommes, du reste, prêts à reconnaître qu’il y a de notre
faute quand ça ne marche pas. J’ai oublié de mettre de l’huile ; j’ai mis du
diesel au lieu du sans plomb ; j’ai fait telle ou telle bêtise de conduite...
Nous avons confiance : le garagiste saura bien remettre en
route et réparer notre voiture !
Eh bien, nous faisons hélas fonctionner Dieu trop souvent comme cela !
Nous
l’utilisons pour ce qu’il peut nous apporter au lieu de nous intéresser à ce
qu’il est en lui-même. Nous lui demandons la santé, le succès, le courage, le
bonheur etc. sans prendre le temps de le connaître. Nous attendons de lui un
service en mode Deliveroo : seul le produit nous importe, pas le livreur…
Imaginez qu’un jour votre garagiste vous dise : « Rentre chez moi. Viens voir ma maison, viens te promener dans mon jardin, viens admirer mon intérieur, je vais te parler de ma vie ». Alors avec cette extrême politesse dans nous sommes capables, nous dirons, pour nous défausser : « Je ne veux pas vous embêter, je ne veux pas rentrer dans votre vie privée, vous savez, tout ce qui m’intéresse, moi, c’est que vous soyez un Dieu qui répare ce qui ne marche pas et qui fasse bien fonctionner ma vie . Mais je ne voudrais pas empiéter sur votre intimité »…
Or justement, c’est à cela que Dieu nous appelle : partager son intimité !
C’est cela que Dieu nous propose : partager ce qu’il est en
lui-même, une relation d’amour qui unit le Père au Fils dans l’Esprit.
C’est cette révélation-là qui est la révélation du mystère de la
Trinité.
Dieu nous invite à rentrer chez lui, à sortir de nous-même pour
nous intéresser à ce qu’il est en lui-même, à entrer dans son intimité.
À ceux qui veulent bien entrer dans sa maison, à ceux qui veulent
bien l’écouter, il montre la richesse, le trésor de cet amour.
Et ceux qui en font l’expérience ne l’oublieront jamais, car à
leur vie en est transformée, leur vie devient trinitaire à l’image des
relations qui unissent le Père et le Fils dans l’Esprit.
Voilà ce à
quoi nous sommes appelés. Rien que cela et tout cela !
Le mystère de la Trinité ne se découvre que si on prend le temps de la
contempler, si on prend le temps de l’intériorité, comme on est capable de
contempler un beau tableau, comme on est capable d’écouter une musique profonde
et de la laisser travailler en nous.
Ce n’est pas
du superflu, de l’anecdotique : c’est de l’essentiel ! Il en va de
notre vie personnelle et de notre vie commune, sans parler de la Vie après la
mort…
À
trop parler de Jésus uniquement, on risque d’oublier qu’il conduit vers le
Père.
À
trop se passionner de « spirituel », on perd de vue que l’Esprit est relation
avec un Autre.
À
trop parler du « Dieu tout-puissant », on le réduit à être solitaire…
Or,
la plénitude de la Révélation chrétienne, c’est Dieu comme communion d’amour.
Sans la Trinité, comment Dieu pourrait-il être amour en lui-même ? Il ne serait qu’un monstre de solitude et d’égoïsme…
=> Parce
que Dieu est Trinité, l’Église est le « sacrement de la communion » trinitaire
(Catéchisme de l’Église catholique n° 747).
=> Parce
que Dieu est Trinité, l’homme – créé à l’image des trois personnes divines –
est appelé à vivre des relations personnalisantes.
=> Parce
que Dieu est Trinité, l’humanité tout entière découvre qu’elle est faite, non
pour l’individualisme solitaire, mais pour des relations mariant l’unité et la
différence.
Les conséquences sociales, politiques, économiques même de cette Révélation trinitaire sont incalculables…
Les
débats actuels sur la mondialisation, l’immigration ou les modèles de
développement avec la crise climatique en toile de fond et les guerres en cours ou à venir pourraient trouver en
amont, dans cette image trinitaire de l’homme, une source d’inspiration fort
utile…
Dieu
n’est pas solitaire : il est Communion, dans l’amour. Si vous n’en
êtes pas persuadés, priez-le comme le fait sainte Elisabeth de la Trinité
récemment canonisée (voir plus bas).
Annonçons-le,
sœurs et frères chrétiens, pour en vivre dès maintenant… C’est peut-être
difficile, mais tellement essentiel !
PRIERE DE SAINTE ELISABETH DE LA TRINITE :
Ô MON DIEU, TRINITÉ QUE
J’ADORE,
Ô mon
Dieu Trinité que j’adore,
Aide-moi à
m’oublier entièrement
pour m’établir en
toi, immobile et paisible
comme si déjà mon
âme était dans l’éternité.
Que rien ne puisse
troubler ma paix,
ni me faire sortir
de toi, ô mon immuable,
mais que chaque
minute m’emporte plus loin
dans la profondeur
de ton mystère.
Pacifie mon âme,
fais-en ton ciel, ta demeure aimée et le lieu de ton repos.
Que je ne t’y
laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière,
tout éveillée en
ma foi, tout adorante, toute livrée à ton action créatrice.
Ô mon Christ Aimé,
crucifié par amour,
je voudrais être
une épouse pour ton cœur,
je voudrais te
couvrir de gloire, je voudrais t’aimer, jusqu’à en mourir !
Mais je sens mon
impuissance
et je te demande
de me « revêtir de toi-même »,
d’identifier mon
âme à tous les mouvements de ton âme,
de me submerger,
de m’envahir, de te substituer à moi,
afin que ma vie ne
soit qu’un rayonnement de ta vie.
Viens en moi comme
adorateur, comme réparateur et comme sauveur.
Ô Verbe éternel,
Parole de mon Dieu, je veux passer ma vie à t’écouter,
je veux me faire
tout enseignable afin d’apprendre tout de toi.
Puis, à travers
toutes les nuits, tous les vides, toutes les impuissances,
je veux te fixer
toujours et demeurer sous ta grande lumière ;
ô mon astre aimé,
fascine-moi pour que je ne puisse plus sortir de ton rayonnement.
Ô Feu consumant,
Esprit d’amour, surviens, en moi,
afin qu’il se
fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe :
que je lui sois
une humanité de surcroît en laquelle il renouvelle tout son mystère.
Et toi, ô Père,
penche-toi vers ta pauvre petite créature,
« couvre-la
de ton ombre », ne vois en elle que le « Bien-aimé en lequel tu as mis tout ton
amour ».
Ô mes Trois, mon
Tout, ma Béatitude,
Solitude infinie,
immensité où je me perds,
je me livre à toi
comme une proie.
Ensevelis-toi en
moi pour que je m’ensevelisse en toi,
en attendant
d’aller contempler en ta lumière
l’abîme de tes
grandeurs
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