FÊTE DE SAINTE ANNE - Les aînés, témoins d'espérance

 

J’entendais ces jours-ci à la radio une chanson qui disait (c’est la traduction française) :

Aujourd'hui, tu t'es réveillé et tu m'as dit que tu voulais pleurer

Le ciel tombait comme une comète le Quatre Juillet
Bébé, tu as pensé à l'avenir comme s'il était déjà à toi
Montre-moi comment tu me tiendrais si demain n'arrivait pas sûrement
Faisons semblant que ce n'est pas la fin du monde…
End of the World (Miley Cyrus)



Notre époque se caractérise semble-t-il par un fort déficit d’espérance. C’est vrai que le climat n’est pas folichon : tensions par ci, menaces par là, et la nature qui nous dit ‘merde’…

Un signe éloquent de ce manque d’espérance est la natalité qui plonge de plus en plus au point de ne plus assurer le renouvellement des générations. Beaucoup de couples, de femmes, ne veulent carrément plus avoir d’enfants et des mouvements apparaissent pour défendre ce point de vue comme child free, et le label Gink : Green Inclination No Kid. Chez nous, le taux de fécondité atteint péniblement 1,43 % enfant par femme en 2023 (chiffres de l’institut statistique belge) et il continue de descendre.



Les raisons écologiques ne sont pas les seules, bien entendu. On est très peu assuré de l’avenir, voire pas. Faire un enfant quand on ne sait pas si dans quelques temps on ne va pas devoir l’élever toute seule est un sacré pari. Et mettre quelqu’un au monde comme il est maintenant, n’est pas évident …

Et puis, l’heure est au repli, à la petite vie tranquille chez soi sans se préoccuper du reste. Comme l’analysait Jean Birnbaum, essayiste français qui a écrit un bouquin très intéressant intitulé « Seuls les enfants changent le monde » : Tout se passe comme si la possibilité d’un autre monde avait déserté la jeunesse. On ne croit pas, on ne croit plus au changement vers des lendemains meilleurs comme c’était encore le cas dans ma génération. Les utopies, les rêves de transformation sociale et humaine ont fait flop. Même dans les milieux chrétiens, certains avancent que seule la fin de l’humanité permettra à la planète de survivre…



Le tableau est assez sombre il est vrai. Voilà pourquoi il est très important, il est essentiel de chercher et de montrer les signes d’espérance pour que les humains, hommes et femmes, puissent continuer à croire en l’avenir. Les « à quoi bon » démobilisent, ils sont mortifères et tirent les uns et les autres vers le bas. Une civilisation qui ne croit plus en elle-même, fût-elle chrétienne ou issue du christianisme, cette civilisation est vouée à disparaître.

Donc je pense que l’initiative du pape François qui était de faire du Jubilé 2025 une « année de l’espérance » est vraiment inspirée et correspond à un besoin énorme qui est celui de notre monde aujourd’hui, des enfants de cette Terre !

Alors, le nouveau pape Léon XIV s’est déjà emparé de ce thème. Il y a fort à parier qu’il le développera avec les jeunes qui se rendent à Rome pour le Jubilé de la jeunesse qui a lieu du 28 juillet au 3 août. On va prier pour que cette rencontre soit riche en ferments d’espérance pour tous ces jeunes et pour l’Eglise.






Mais il n’y a pas que les jeunes : Dans un message délivré à l’occasion de la 5ème Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées ce dimanche 27 juillet, le Pape exhorte les anciens à persévérer avec confiance dans le Seigneur, tout en se laissant renouveler chaque jour par la rencontre avec Lui, dans la prière et dans la sainte messe. Il invite également les jeunes à bénéficier du témoignage des personnes âgées pour se projeter dans l’avenir avec sagesse.



Je retire quelques phrases de ce message qui dit qu’il ne faut pas oublier les personnes âgées, «signes d’espérance». Car, dit-il, « embrasser une personne âgée nous aide à comprendre que l’histoire ne s’épuise pas dans le présent, ni ne se consume dans des rencontres fugaces et des relations fragmentaires, mais qu’elle se déroule dans sa lancée vers l’avenir. »

« S'il est vrai que la fragilité des personnes âgées a besoin de la vigueur des jeunes, il est tout aussi vrai que l'inexpérience des jeunes a besoin du témoignage des personnes âgées pour projeter l'avenir avec sagesse. Combien de fois nos grands-parents ont-ils été pour nous un exemple de foi et de dévotion, de vertus civiques et d'engagement social, de mémoire et de persévérance dans les épreuves! Ce bel héritage, qu'ils nous ont remis avec espérance et amour, ne serait jamais assez, pour nous, motif de gratitude et de cohérence. »

Voilà : les exemples vivants du passé pour témoigner que l’avenir est possible en imitant ou en s’inspirant du courage, de la confiance et de l’espérance des anciens...



La bible elle-même ne contient que cela : Elle raconte les histoires d’hommes et de femmes disparus depuis longtemps, mais qui par leur foi et leur espérance ont donné corps aux promesses de Dieu jusqu’à la réalisation parfaite en Jésus Christ, dont le retour à la fin des temps signera l’accomplissement total de toute l’espérance des peuples de la Terre et du peuple d’Israël.

La Bible présente divers cas d'hommes et de femmes déjà avancés en âge que le Seigneur implique dans ses plans de salut. Abraham, Moïse, Syméon, Ananie…

Au crépuscule de leur vie, ils restent disponibles aux appels de Dieu pour faire passer des messages au peuple. Et Dieu va leur prouver que la vie est devant, pas derrière : Pensons à Abraham et Sara, à Zacharie et Elisabeth, les futurs parents de Jean-Baptiste… désormais âgés, ils n’envisagent plus d’avoir une descendance et restent incrédules devant la parole de Dieu qui leur promet un fils. L'impossibilité d'engendrer semble avoir fermé leur regard d'espérance sur l'avenir... Chez beaucoup de nos personnes âgées, la vieillesse, le déclin peuvent éteindre également les espérances de vie et de fécondité humaine. Or, Dieu surprend toujours les attentes ou les non-attentes de tous ceux qui aux yeux du monde apparaissent inutiles, comme des paquets inertes à stocker dans les maisons de repos… Ta vie est devant, tu es important et tu as ta place dans la transmission des générations !

À rebours de nos façons d’appréhender le grand âge et la vieillesse, le Seigneur fait naître la vie là où on ne l’attendait pas. Ces naissances extraordinaires : Isaac, Jean-Baptiste, Marie et Jésus !…, sont en quelque sorte sa signature. Son message : "Ne perdez pas l’espérance !"



Je pense également à la question que Nicodème posait à Jésus : "Comment un homme peut-il naître, étant vieux? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître?" (Jn 3,4). Cela semble impossible. Et pourtant, chaque fois, face à l’évidence, le Seigneur surprend ses interlocuteurs : « en vérité, nul s’il ne naît de l’eau et de l’Esprit ne peut naître à nouveau. »

Voilà sans doute ce qu’il nous faut pour renaître à l’espérance : vivre de l’Esprit de nos baptêmes, nous plonger à nouveau dans le courant océanique de notre naissance en Dieu pour que la Vie (dans toutes ses dimensions) que nous avons reçue des générations qui nous ont précédés, en nous traversant dans toutes nos fragilités humaines assumées joyeusement, jaillisse en vagues, en écume, en marée d’espérance pour les futurs lendemains.



Merci à Anne et Joachim, mais aussi à tous nos aînés, nos grands-parents, d’être aujourd’hui pour nous ces témoins d’espérance ! Entourons-les en retour de notre affection et de notre présence écoutante. Et avec le passage de l’évangile de Matthieu de la fête de ce jour nous pourrons affirmer : « Heureux nos yeux pour ce qu’ils voient, et nos oreilles pour ce qu’elles entendent ! »





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