B DIM 23 - Ouvre-toi !

 


Quand nous voyons dans l’évangile d’aujourd’hui Jésus se livrer à toute une série de gestes bizarres sur un sourd, le crachat, la salive sur la langue, les doigts dans les oreilles et le soupir, il nous fait l’impression d’être de ces guérisseurs, un rebouteux comme il y en avait autrefois dans nos campagnes. En réalité, si Saint Marc nous raconte avec tous ces détails comment Jésus redonne à cet infirme l’usage de ses oreilles et de sa langue, c’est pour révéler que Jésus accomplit les prophéties messianiques de l’Ancien Testament.

Isaïe l’avait annoncé : quand le Messie viendra libérer son peuple, “alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds.” Il mettra fin à la surdité, à la cécité, au mutisme et à la paralysie. Il fera des hommes nouveaux. Et voilà qu’avec Jésus, ça correspond puisque les aveugles voient, les sourds entendent, les muets parlent et les paralysés marchent. “Il (Jésus) fait toutes choses nouvelles.”

Ainsi la venue du Messie s’accomplit chaque fois que des hommes passent de Babel où ils ne se comprennent pas, à Pentecôte où chacun écoute l’autre, quelle que soit la différence de langue, de race ou de civilisation.

La venue du Messie s’accomplit quand la parole de ceux qui ne peuvent pas s’exprimer dans les réunions ou les assemblées est enfin libérée. Et quand sont changées les conditions de travail qui rendent impossible ou simplement difficile la communication entre les personnes.

La venue du Messie s’accomplit quand passe dans les familles et les groupes le courant de la communication qui devient communion. Quand, à travers ce que disent les hommes, les croyants discernent la voix de Dieu. Et quand les disciples de Jésus ne bégayent plus pour annoncer sa Bonne nouvelle et chanter ses merveilles. Chaque fois, c’est la venue du Messie qui s’accomplit.

Dans notre monde d’aujourd’hui, qui sont les aveugles, les sourds, les boiteux et les muets qu’il faut guérir ? Nous pressentons qu’il y a différentes sortes d’infirmes : ceux qui le sont dans leur corps, mais aussi ceux qui le sont – et c’est plus grave – dans leur cœur.

-Il y a les aveugles qui ne peuvent pas voir les montagnes enneigées, ni les magnifiques cathédrales ; il y en a d’autres aussi qui ne veulent pas voir la pauvreté qui les entoure et qui ferment les yeux sur tout ce qui les dérange.

-Il y a les sourds qui ne peuvent pas entendre la musique ou le chant des oiseaux ; il y en a d’autres qui ne veulent pas entendre la demande silencieuse de celui qui est seul ou les cris de ceux qu’on maltraite.

-Il y a les boiteux qui ne peuvent pas courir ou même se déplacer partout avec un fauteuil roulant ; il y en a d’autres qui ne bougent pas d’un centimètre dans leurs convictions ou qui refusent de faire le premier pas vers l’autre pour se réconcilier.

-Il y a les muets qui ne peuvent utiliser les mots pour dire leur amour ou leur tendresse ; il y a d’autres muets au cœur comprimé, qui n’ont jamais osé dire leur foi avec d’autres.

Et puis il y a en chacun de nous un sourd muet, fermé à ses frères et incapable de parler à Dieu. Pour écouter Dieu nous sommes tellement sourds. Pour proclamer sa Parole nous restons souvent muets. Jésus, lui, est ouvert. Alors que scribes, pharisiens, esséniens, sadducéens élèvent des barrières pour s’isoler des pécheurs et des publicains, des païens et des Samaritains, Jésus, lui, recherche le contact avec tous. L’évangile d’aujourd’hui nous le montre en Phénicie et en Décapole, à l’aise partout, mettant tout le monde à l’aise. Il est le Maître qui sait écouter, l’Ami qui sait parler. Satan (le péché) ferme l’homme en lui-même, Jésus brise ce monde clos d’un mot : “Effata, Ouvre-toi !”

: C'est à nos cœurs que s'adresse ces mots de Jésus : EFFATA…OUVRE-TOI !

 

Que dire du monde du XXIè S., de cette immense tour de Babel où les hommes ne "s'entendent pas", ne "se comprennent pas", ou pratiquent un "dialogue de sourds" !

Notre monde a bien besoin d'entendre les mots de Jésus : EFFATA…OUVRE-TOI !

 


Quelques réflexions en forme de conclusion :

- On amène un sourd-muet à Jésus : on ne peut pas venir de soi-même. On est amené. Qui m’a amené à Jésus ? Qui ai-je amené depuis ?

- Jésus éloigne d’abord le sourd-muet de la foule. Désormais elle ne peut plus le blesser ou le juger avec ses préjugés. Ce n’est qu’une fois à l’écart qu’il peut se sentir protégé et retrouver confiance.

- Enfin, c’est par ses gestes que Jésus nous guérit et nous libère. “Il lui mit les doigts dans les oreilles, et lui toucha la langue avec sa salive, puis, levant les yeux au ciel, il soupira…” Il y aussi le repas de la Cène, le sang versé de la croix, la pierre roulée du tombeau vide. Les sacrements sont dans cette ligne : rencontrer Dieu passe par les oreilles, et par la langue et par les yeux.

- Ouvre-toi ! Deviens capable d’impossible ou d’impensable. Deviens ce que tu es (en germe).

- Plus moyen de faire taire ces gens-là… Est-ce que témoigner du Christ est devenu pour moi un besoin, une nécessité ?

Laissons Jésus nous déployer !



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