A AVENT 03 - "Qu'êtes-vous allés voir ?"

 

L’Évangile de ce jour nous plonge au cœur d'un dialogue crucial. Jean le Baptiste, du fond de sa prison, envahi et peut-être rongé par le doute, envoie ses disciples demander à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

Ce doute, frères et sœurs, qui peut être aussi parfois le nôtre, qui est celui de nombreux contemporains qui voyant l’état du monde aujourd’hui, l’état de l’Eglise, le malheur qui frappe bien des innocents et surtout l’omniprésence du mal et le silence apparent de Dieu, se demandent s’ils n’ont pas été trompés : « Le ciel est vide. Non, Jésus n’est pas le sauveur : il y a trop d’injustice ! ».

Jésus répond aux envoyés de Jean par des signes : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. » Puis, lorsque les messagers de Jean sont partis, Jésus se tourne vers la foule. Et c'est là qu'il pose cette question, simple en apparence, mais redoutablement directe : « Qu'êtes-vous allés voir au désert ? »

 

Par cette question, Jésus ne cherche pas une simple information géographique. Il ne fait pas un sondage sur la fréquentation des événements. Il sonde les cœurs et les motivations profondes de ceux qui, un jour, ont fait le déplacement. Ils sont allés voir Jean, le prophète austère, vêtu de poils de chameau, qui prêchait la conversion dans la solitude aride du Jourdain.

 

Jésus pousse la question plus loin, offrant trois possibilités : Êtes-vous allé voir… :

1.   « Un roseau agité par le vent ? » Cherchiez-vous à voir une célébrité, une vedette people ou médiatique, qui séduit les foules par son bagout, son influence, qui promet beaucoup mais qui change d'avis au gré des modes et des opportunités (comme un certain nombre d’hommes politiques que nous ne citerons pas) ? Certainement pas. Jean était d'une fermeté inébranlable.

2.   « Un homme vêtu de vêtements raffinés ? » Cherchiez-vous le confort, le spectacle d’un roi ou d’un homme de cour, image rassurante d’une réussite sociale qu’on admire et qu’on souhaiterait imiter (comme ceux qui par exemple se pressent à Francorchamps pour s’extasier devant les belles voitures puissantes) ? Certainement pas non plus. Jean vivait dans l'ascèse la plus totale.

3.   « Alors, qu'êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu'un prophète. »

 ..................Frères et soeurs, cette question, « Qu'êtes-vous allés voir ? », Jésus nous la pose aujourd'hui, à chacun de nous, ici, dans nos églises confortables, loin du désert :

Qu'êtes-vous venus chercher ici, ce matin ?

 

Sommes-nous venus par habitude, par devoir social, pour le simple confort de retrouver un visage connu, ou pour entendre des paroles apaisantes qui ne dérangent personne, nous ‘faire du bien’ en choyant notre petit développement spirituel comme si nous cherchions un "roseau" agité par les vents de nos attentes personnelles ?

 Ou bien cherchons-nous un spectacle, une liturgie bien huilée, de belles musiques, des émotions esthétiques, comme si nous cherchions un "homme vêtu de vêtements raffinés" ?

 

Le christianisme ne se réduit pas à une simple morale, une thérapie bon marché ou à une belle culture !

 

Jésus nous appelle à chercher « le prophète », c’est-à-dire la Parole vivante et dérangeante de Dieu, celle qui nous sort de notre zone de confort, celle qui nous pousse à la conversion.

 

La foule qui est allée voir Jean au désert a fait une démarche active. Ils ont quitté leur quotidien, bravé l'inconfort pour écouter une parole de vérité qui brûlait comme le feu. C’est cela, la véritable quête spirituelle : une recherche d'authenticité, de radicalité. Une force de transformation qui mobilise tout l’être et pas seulement une petite part de nous-mêmes, en surface.

 

Aujourd'hui, le Christ nous invite à vérifier la profondeur de notre propre désir. Qu'est-ce qui motive notre présence dans cette assemblée eucharistique, notre prière personnelle, notre engagement dans la charité ?

 

• Cherchons-nous à être rassurés, ou cherchons-nous la Vérité qui libère ?
• Cherchons-nous le confort passager ou la vie éternelle ?
• Cherchons-nous un leader populaire ou le Christ notre seul Sauveur et Guide ?

 

Jean le Baptiste était un témoin intransigeant. Il était la voix qui criait dans le désert, préparant le chemin. Il n'a pas cherché à plaire. Il n'a pas édulcoré son message. C’est pourquoi Jésus dit de lui qu’il est « bien plus qu'un prophète » et « le plus grand parmi ceux qui sont nés d'une femme ».

 

Frères et sœurs, ne soyons pas des chrétiens qui se contentent de roseaux agités par le vent de l'opinion publique ou des modes éphémères. Ne soyons pas des chrétiens qui cherchent seulement le raffinement du confort matériel ou spirituel...

Soyons ceux qui, ayant entendu au fond d’eux-mêmes la question de Jésus, répondent avec un cœur sincère : « Nous sommes venus voir le Christ ! Nous sommes venus entendre Sa Parole vivante afin qu’elle nous transforme et change notre vie ! » 

Et si nous répondons cela, alors nous verrons, avec les yeux de la foi, les signes que Jésus a décrits et réalise encore aujourd’hui : ‘Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent…’ ; alors nos cœurs aveuglés par le doute et la peur verront la lumière de l'espérance, cette lumière qui brillait déjà au-dessus de l’étable de Bethléem ; nos vies paralysées par le péché se mettront en marche dans un véritable esprit de solidarité et de partage, et la Bonne Nouvelle sera annoncée par notre témoignage.

 

‘Tenons ferme car la venue du Seigneur est proche’ (Jc 5,8).  Amen.