C PAQ 06 - "Il gardera..."

  6ème dimanche de Pâques

 

« Si quelqu'un m'aime,  il gardera ma parole...

Celui qui ne m'aime pas ne gardera pas mes paroles. »

 

Le mot « garder » dans la traduction a cette signification, non pas d’enfermer – comme dans un coffre, mais d’être fidèle à .   

Mais que veut dire « être fidèle » ? Selon le dictionnaire, celui qui est fidèle « manifeste de la constance dans ses relations, il ne varie pas, il ne s'écarte pas de ses engagements ».

 

Dans l'Église, certains comprennent que, pour être fidèle, il ne faut surtout rien changer à la « tradition », à ce qui se faisait autrefois. Mais une telle compréhension de la fidélité ne peut qu'aboutir à un immobilisme qui empêche la vie.

 

Les Actes des Apôtres, en ce dimanche, nous racontent la crise qui surgit dans l'Eglise à ses tout débuts. « Certaines gens venus de Judée vou­laient endoctriner les frères de l'Eglise d'Antioche en leur disant : "Si vous ne recevez pas la circoncision selon la loi de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés. " Cela provoqua un conflit et des discussions assez graves entre ces gens-là et Paul et Barnabé. Les Apôtres réunirent alors les anciens et toute l'Eglise. On finit par choisir une solution de compromis. Les païens devenus chrétiens devraient « s'abs­tenir de manger des aliments offerts aux idoles, du sang ou de la viande non saignée et des unions illégitimes ».

Cet épisode, pris sur le vif, nous montre que les Apôtres, qui étaient tous Juifs, ont compris que la vraie fidélité à Jésus leur deman­dait d'abandonner certaines de leurs certitudes les mieux ancrées en eux et de dépasser la tradition juive. Ils se sont mis à l'écoute de l'Esprit Saint qui les conduirait comme dit Jean, << vers la vérité tout entière ». Remarquons encore que si, par la suite, l'Eglise avait résisté à l'Esprit, nous devrions, aujourd'hui encore, ne pas manger du sang ou de la viande non saignée !

 

La fidélité n'est donc pas une fixation sur le passé, une répétition servile des choses anciennes. Jésus lie la fidélité à sa parole, à l'amour que nous avons pour lui. L'amour est un don, mais il est aussi à construire, à inventer chaque jour. Cette créati­vité est source de vie. Elle se déploie dans la lumière de la parole de Dieu. Mais cette Parole nous rejoint dans les diverses circonstances de notre vie. Et nous savons que nous sommes encore en chemin. C'est finalement à nous d'inventer, avec la lumière de l'Esprit et en Église, notre manière, personnelle et communautaire, d'être fidèles à Jésus. Devant la tentation de revenir en arrière, n'ayons pas peur « d'avancer au large ». *

 

Les Apôtres étaient conscients que, lorsqu’ils étaient réunis et qu’ils priaient ensemble pour chercher la volonté de Dieu, ils étaient inspirés. D’où cette expression quand même extraordinaire : « L’Esprit-Saint et nous-mêmes, avons décidé de ne pas imposer… »

Il y a eu par la suite dans l’histoire bien d’autres décisions importantes que l’Esprit Saint prendra de concert avec toute l’Église, comme par exemple lors du Concile Vatican II. Mais est-ce que d’autres décisions n’attendent pas l’Eglise aujourd’hui, dans le contexte qui est le nôtre en ce début du XXIè siècle ?

On pense évidemment au célibat des prêtres dans l’Église latine, sujet qui revient régulièrement sur le tapis sans que cela évolue concrètement. Mais il y a bien d’autres domaines où le sensus fidei, le « sens commun des fidèles » pourrait être appelé à jouer un plus grand rôle dans les orientations importantes de la vie de l’Eglise.

Plus généralement, l’enjeu de la codécision « Esprit Saint <–> Église » se joue dans l’équilibre entre l’autorité légitime des pasteurs et du magistère des évêques, et la participation du plus grand nombre aux grandes et petites décisions dans nos paroisses, nos mouvements, nos équipes,  nos diocèses. C’est un exercice qui n’est pas facile ! Mais là aussi les chrétiens ont un témoignage à donner, vis-à-vis de la société civile.

Se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint qui parle à travers des événements, solliciter chacun selon son intelligence et ses charismes, débattre et faire un vrai travail de consensus pourrait nous permettre de dire fièrement nous aussi, à tout niveau de la vie de l’Église : « L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé que… »

Je nous invite à la prière :

 

Ta mission s'achève, Jésus. Tu retournes vers le Père.

La fête de l'Ascension va nous rappeler ton départ.

Ce que tu disais alors à tes disciples, tu le dis à nous aujourd'hui.

Si quelqu'un m'aime, II restera fidèle à ma Parole.

Tu as passé ta vie à nous dire l'amour du Père.

Tu nous as manifesté cet amour par tes paroles, par ton comportement...

Tu le rappelles à tes disciples avant de les quitter...

et à nous aujourd'hui :

Au fond de notre cœur, tu nous redis -Je suis avec vous, tous les jours!

Par l'Eucharistie, tu viens sans cesse intensifier cette présence.

Comment rester dans la crainte, l'inquiétude, avec une telle présence ?

L'Esprit Saint vous enseignera tout...

Oui, envoie-nous ton Esprit, Seigneur ! Qu'il nous rappelle tout ce que tu nous as dit, et qu'il nous donne de le comprendre toujours plus pour mieux en vivre !

Qu’il éclaire toutes nos décisions et nos choix, pour le bien de ton peuple. Amen. *

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