VEND 29è IMPAIR - Les signes des temps (Lc 12,54-59)
Autrefois dans le temps, les gens - surtout les paysans à la
campagne - observaient les signes dans le ciel et les phénomènes naturels pour
deviner le temps qu’il fera ; c’était important pour les récoltes, les
semailles, les plantations… Cela a même donné lieu à toute une série de
proverbes et de dictons :
P. ex. : ciel rouge le matin, pluie en chemin ;
s’il pleut à la saint Médard, il pleuvra 40 jours plus tard ; octobre en
bruine, hiver en ruine ; si les feuilles tombent à la St Léger, suivra une
bonne année ; octobre en gelée, chenilles trépassées... (pas de gel cette
année, donc les chenilles ont encore de beaux jours devant elles !).
Evidemment, tous ces dictons étaient loin d’être
infaillibles. Aujourd'hui, grâce aux progrès de la science et aux satellites,
on a des prédictions météorologiques extrêmement précises. Tout le monde y a
facilement accès, Monsieur Météo fait quasiment partie de notre famille…
Grâce à ces technologies avancées, on comprend mieux des
phénomènes comme le changement du climat, par exemple. Par contre, et là on
rejoint le reproche de Jésus dans l’Evangile, nous avons toujours du mal à
comprendre l'époque où nous vivons: «L'aspect de la terre et du ciel, vous
savez le juger; mais le temps où nous sommes, pourquoi ne savez-vous pas le
juger?» (Lc 12,56). Pourquoi Jésus dit-il cela ? Que reproche-t-il à ses
contemporains ?
Parmi ceux qui écoutaient Jésus, nombreux sont ceux d'entre eux qui ont
laissé passer une opportunité unique dans l'histoire de l'humanité. Ils n'ont
pas reconnu en Jésus le Fils de Dieu. Ils n'ont pas reconnu l'heure du Salut,
le temps favorable. C’est valable pour les contemporains du Christ, mais c’est
aussi valable pour nous qui vivons au XXIè siècle ; car en effet, le
moment favorable, le temps du salut, c’est aujourd’hui, c’est maintenant comme
dit St Paul. C’est à chaque instant de notre vie que nous pouvons accueillir
Jésus dans notre vie. Il ne faut pas le louper ! Ses venues sont
multiples, elles s’expriment au travers de la vie du monde, des événements et
des rencontres.
Le concile Vatican II, (Gaudium et Spes n 4), parle de savoir lire « les signes des temps » afin de les interpréter à la lumière de l'Evangile, (...). Il importe donc de connaître et de comprendre ce monde dans lequel nous vivons, ses attentes, ses aspirations, son caractère souvent dramatique ».
Quand nous contemplons l'histoire, nous n'avons pas de mal à repérer les occasions manquées de l'Église où elle n'a pas su reconnaître le moment vécu. Mais Seigneur: combien d'occasions avons-nous manquées car nous n'avons pas su reconnaître les signes des temps ou, c'est qui revient au même, parce que nous n'avons pas su vivre et illuminer les problématiques de nos jours avec la lumière de l'Évangile ? Aujourd’hui tant de nouvelles questions se posent, comme l’intelligence artificielle, la crise migratoire, la dérégulation croissante des économies, les tendances impérialistes et égoïstes qui définissent à nouveau les relations internationales… Le pape Léon vient de rappeler avec force que dans tout cela, nous ne devons pas oublier les pauvres, que ce sont eux notre priorité. Jésus nous interpelle donc à ce » sujet : «Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste?» (Lc 12,57). Apprendre à discerner ce qui est bon, ce qui est juste pour notre terre et tous ces habitants.
Savoir lire les signes des temps veut dire aussi reconnaître
que Jésus est le Messie attendu, et, par conséquent, être conscients que nous
sommes entrés dans les temps de la fin. Or, qui dit fin des temps, dit
urgence de se recentrer sur ce qui a valeur d’éternité. D’où l’appel à la
réconciliation pour libérer autrui et se libérer soi-même d’un passé qui peut
nous emprisonner. Il faut donc vite s’accorder avec ceux avec qui il nous est
donné de vivre, tant que nous en avons la possibilité.
Nous ne vivons pas dans un monde de méchanceté même si elle
est partout. Dieu n'a pas abandonné son monde. Comme nous le rappelait Saint
Jean de la Croix, nous habitons une terre que Dieu lui-même a parcourue et a
remplie de beauté. Les saints que nous allons bientôt fêter à la
Toussaint sont des personnes qui ont observé et compris les défis et les
problématiques de leur époque, ils les ont alors confrontés à l’Evangile pour
inventer des solutions et s’engager à fond dans ces combats. Sainte Thérèse
de Calcutta par exemple a su capter les signes de son temps ; elle a
réagi devant l’injustice des intouchables qu’on laissait mourir dans les rues
en Inde, et elle a fondé des lieux d’accueil où on prenait soin des plus
pauvres. Etant cohérente avec son époque dans sa relecture des signes des
temps, son époque a su également la comprendre et elle est devenue un phare
pour l’humanité. Demandons-lui de nous encourager a essayer de comprendre notre
monde avec le regard de Dieu. Ne cessons pas de tourner notre regard vers le
Ciel sans perdre de vue la terre. Et tirons parti du temps présent pour nous
convertir ! Amen.
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