C DIM 28 - " Ta foi t'a sauvé.e "
Dans un récent
numéro du journal Dimanche, en première page devant une photo de la grotte de
Lourdes, on pouvait lire ce titre accrocheur : « Doit-on croire aux
miracles ? »
L’article
auquel renvoyait le titre en question mentionnait alors une série de miracles
qui ont eu lieu en Belgique et qui avaient été reconnus par l’Eglise.
Quant à la question posée : « doit-on croire aux miracles », l’auteur, Christophe Herinckx, rend compte de la façon dont l’Eglise mais aussi le monde scientifique et médical accueille et traite aujourd’hui ce genre de manifestation surnaturelle, c’est-à-dire avec un ‘prudent discernement’. Par exemple, rien qu’à Lourdes, sur la dizaine de milliers de cas de guérison qui ont été signalés, seuls 72 ont été officiellement reconnus.
L’auteur de
l’article souligne enfin que si, pour l’Eglise, la possibilité de miracles dans
un cadre religieux existe, croire en leur réalité n’est pas une obligation
(bien sûr, cela ne s’applique pas à l’Incarnation ni à la résurrection, dogmes
centraux du christianisme) ; les miracles ne sont là que pour témoigner de
la résurrection du Christ et de ses fruits spirituels. En d’autres termes, ils
peuvent être un soutien pour la foi – sans être indispensables à celle-ci.
N'empêche que
les évangiles, à l’instar des autres textes de la bible, fourmillent de
guérisons miraculeuses – plus rarement de prodiges - appelées
« signes » chez saint Jean. L’évangile de Luc que nous lisons en
cette année C relate environ 21 miracles. On en trouve 22 chez Matthieu, 20
chez Marc et 7 chez Jean. Soit 37 miracles au total si on enlève les doublons
entre les 4 versions. C’est donc qu’ils tiennent une grande place dans la foi
des premières communautés. L’Ancien Testament n’était pas non plus avare en
cette matière, comme le montre l’épisode de la guérison du général Naaman dans
la première lecture de ce dimanche. Pas moins de 80 à 90 miracles ont été ainsi
recensés, attribués à Moïse, aux prophètes, à YHWH lui-même…
L’acte de Jésus dans l’épisode des « dix lépreux » s’inscrit donc apparemment dans cette longue tradition. Il est frappant de constater qu’en général, lorsque le Christ pose un tel geste de guérison, il le fait plutôt discrètement, soit dans un tête à tête ou avec la personne qui en est l’objet ou avec des témoins de confiance, soit en réclamant à ceux qui l’entourent de ne pas en parler autour d’eux. Il ne cherche pas l’esbrouffe ni la célébrité.
Toujours, ces
actes de guérison manifestent la compassion du Christ et, à travers lui,
combien Dieu veut être proche de l’homme souffrant. C’est sans aucun
doute le premier but de ces miracles.
Autre trait
remarquable : comme dans l’épisode du dixième lépreux, dans plusieurs
récits de guérison physique ou intérieure, Jésus ajoute à la fin comme un
leitmotiv cette phrase significative : « Va, ta foi t’a
sauvé ! » (4 fois chez Luc : Lc 7,50 ; Lc 8,48 ;
Lc 17,19 ; Lc 18,42).
Cela nous
interpelle. D’abord, parce qu’il n’est pas seulement ici question de
guérison mais de salut, c’est-à-dire de l’intégralité du destin de la
personne dans sa relation avec Dieu. La guérison est une chose, le salut en est
un autre. Par cette phrase, Jésus souligne que le salut est quelque chose
qui dépasse infiniment la simple guérison physique, mais dont l’acteur
principal n’est pas lui-même, le Christ, mais la personne qui croit :
« Ta foi t’a sauvé ».
En somme, chacun
de nous peut être acteur de son salut, trouver le chemin de la Vie, s’il
accueille la foi comme le principe moteur de sa vie (= ce qui le fait « marcher
»).
« Ta foi t’a sauvé » : cela change la nature du texte. En effet, à première vue, on pourrait prendre le passage d’Evangile de ce dimanche comme une gentille leçon de politesse :
« Ah Madame, ces jeunes qui ne savent plus dire merci ! »
« Comment ?
Il n’y en a qu’un seul des 10 lépreux qui est revenu ? Où sont les
autres ? N’ont-ils pas été tous purifiés ? Quel manque de
savoir-vivre !
Et on s’en
tiendrait là. Comme on nous l’a appris au catéchisme :
« Sois gentil, sois bien élevé : Dis merci à Dieu, à Jésus… »
: ça serait un peu simple et surtout réducteur.
« Va, ta foi ta sauvé ! » affirme le Christ au
lépreux samaritain. Pourquoi lui dit-il cela ? Les 9 autres lépreux
eux aussi sont guéris, mais sont-ils sauvés ?
La guérison du
lépreux Samaritain (encore une exclusion : il était non-juif en plus), cette
guérison est bien plus profonde que celle des autres car elle a touché son cœur,
il n’est plus le même homme, il est transformé. Le contact avec le Christ en a
fait un être nouveau. C’est pour cela qu’il revient.
La guérison
physique n’est qu’un déclencheur ; elle est le moyen par lequel la grâce de
Dieu jointe à la foi du lépreux l’a fait entrer dans une relation spirituelle
d’amour avec Jésus, une relation qui durera toujours et c’est cela le salut.
Au travers de
ce texte, Jésus nous pose donc à chacun.e une question bien grave :
Es-tu capable d’accepter le salut dans ta vie ?
Es-ce que la rencontre avec moi t’a transformé.e ?
La question essentielle est donc celle de savoir si nous sommes capables/désireux
d’accueillir le salut que Jésus est venu apporter :
Est-ce que nos
rencontres avec Jésus, nos nombreuses rencontres : eucharisties
dominicales, nos temps de prière, nos baptêmes, communions, confirmations,…
est-ce que nous en ressortons transformés, chantant la louange de
Dieu comme le lépreux guéri ?
Je me souviens
d’une fois où j’étais allé écouter une chorale
« gospel », en majorité des noirs. Ils entraînaient tout le
public dans leur joie en chantant, dansant ces chants spirituels : impossible
de rester figé sur sa chaise tellement c’était contagieux ! Pour moi,
c’est cette joie-là qui vient de la foi,
et qui devrait transparaître dans toutes nos attitudes.
Mais peut-être
ne sommes-nous pas assez conscients de nos propres lèpres ?
Peut-être
n’avons-nous jamais imploré de guérison, ni été nous « montrer aux
prêtres » ?
Et peut-être,
nous n’avons pas compris que Jésus était la source de notre vie, que nous
pouvions devenir un être nouveau grâce à lui… ?
« Va, ta foi ta sauvé.e ! »
AMEN ! ALLELUIA !
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