C DIM 31 - Zachée, ou le descendeur spirituel

 ZACHEE ou LE DESCENSEUR SPIRITUEL * (descenseur = contraire d’ascenseur)

 


Dimanche dernier, vous avez entendu l’histoire du pharisien et du publicain. Vous avez aimé ?

-Il y avait deux sortes de bruits bizarres dans cette parabole, est-ce que vous vous en souvenez ? Quel bruit faisait le pharisien ? (claper des mains) : Il s’applaudissait lui-même. « Regarde, Dieu, comme je suis bien ! Je jeûne, je donne de mon argent, je prie, un bon catho, quoi ! »

Et le publicain, lui, quel bruit faisait-il dans son coin ? (frapper sa poitrine) : Il battait sa coulpe ! « Seigneur, prends pitié du pécheur que je suis ».

Vous savez lequel a été exaucé – regardé par Dieu.

« Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé. » Jésus concluait ainsi sa parabole par cet avertissement. Aujourd’hui, avec Zachée, c’est un peu le même thème : la grandeur (hauteur) et la petitesse.

« Zachée, descend vite : aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer chez toi. »


Et si Dieu était en bas, au fond de nous-mêmes, au lieu de l’imaginer tout en-haut ?

Quand les enfants ferment les yeux au caté pour éprouver dans le silence la présence de Dieu, ils sentent d’instinct que le retour à Dieu coïncide avec le retour à soi-même.

Zachée fait la même découverte : descendre au plus profond de soi, s’abaisser, c’est trouver Dieu. Il croyait devoir s’élever socialement pour devenir quelqu’un ; il pensait de la même façon qu’en grimpant sur un arbre, il pourrait entrer incognito, par effraction, en contact visuel avec Jésus.

Il lui faudra descendre en lui-même pour le trouver.

S’accepter petit, faible, et même mal foutu, lui qui a tout fait pour être fort, rusé, et compenser les moqueries des autres, des grands, en manipulant et en trichant, en volant l’argent. « Je suis petit : Eh bien tant pis. Au moins, je veux qu’on me craigne ! » S’élever, dominer, se mettre au-dessus des autres… c’était son obsession.

Jésus va le faire descendre de son piédestal. Un mot : « Descend, aujourd’hui il faut que j’aille habiter au fond de toi. »

Tomber au fond de soi, redevenir le pauvre moi, le simple petit moi que je suis, sans tous mes rêves de force, de gloire, de capacité, de hauteur, c’est tomber dans les bras de Dieu. - On ne se fait pas mal en tombant dans les bras de Dieu, n’est-ce pas ? Au contraire ! on est guéri… 


La conversion de Zachée – et la nôtre – serait alors de revenir à notre propre centre de gravité spirituelle, qui est la demeure du Christ en nous.

« Zachée, Bernard, Jeanne, Lulu, Carole, descend vite, il faut que j’aille habiter au fond de toi ! »

Alors, la question que je vous laisse méditer : Si Dieu est en bas, au plus profond de moi-même, où est mon centre de gravité ? Ne suis-je souvent pas dans la superficialité des choses ? à la surface de moi-même ? Est-ce que je ne cherche pas souvent à m’élever, plutôt que de me faire petit ?


Au milieu de l’agitation de nos vies, revenir à son centre intérieur, s’accepter tel que je suis, que nous sommes, être humble devant Dieu, devant les autres, c’est retrouver sa vraie stabilité, car notre centre de gravité, n’est-ce-pas, il n’est pas en haut, il est en bas – dans les profondeurs.

 

« Garde-nous tout petits devant ta face, simples et purs comme un ruisseau ;

garde-nous tout petits devant nos frères, et disponibles comme une eau… »


Commentaires

LES HOMELIES - ANNEE A