A PAQ 06 - L'Esprit fait ce qu'il peut
Le Saint Esprit…fait
ce qu’il peut !
6e dimanche de Pâques A
Cela se passe dans une classe de catéchisme. On est
au temps de Pâques, à l'approche de la Pentecôte. La maman-catéchiste fait une
animation sur le Saint Esprit et après avoir développé son sujet, pose des
questions aux élèves pour voir si ce qu'elle a présenté est bien compris. Et
elle arrive à cette question essentielle : « Que fait le Saint Esprit
quand Il vient en nous ? » Il y
a un moment de silence... Sans doute, pense la catéchiste, parce
que chacun dans sa tête est en train d'énumérer les dons de
l'Esprit ou les qualités qu'Il imprime dans nos
vies. « Que fait le Saint Esprit quand Il vient en nous ? » Et voilà que le petit déluré du fond de la classe
se lève et dit : « Madame,
Il fait ce qu'Il peut ! »
Cette histoire
peut nous faire sourire, mais au fond, je crois que notre petit rigolo vient de
dire quelque chose de très vrai : Dans nos vies, l’Esprit de Dieu, Dieu
lui-même donc, fait ce qu’il peut – ce qu’on lui laisse faire !
Paradoxe : Dieu est tout
puissant. Il n'y que l'homme qui soit sur terre capable de mettre des limites à
cette toute puissance. Dieu fait ce
qu'Il peut. Pour prendre une image : si votre tuyau
d’arrosage est bouché, vous avez beau ouvrir le robinet à fond, l’eau ne
passera pas !
Pour
nous préparer donc à la fête de la Pentecôte, les textes que nous propose la
liturgie de ce dimanche attirent notre attention sur l'Esprit Saint que
Jésus nous a promis ainsi qu’à tous ses disciples.
On l’appelle de noms très particuliers : « L’Esprit de vérité » ; « le Défenseur ».
Est-ce
que nous serions menacés de mensonge ? d’égarement, que nous aurions
besoin d’un Esprit de vérité ?
Est-ce
que nous aurions besoin d’être défendus, que nous avons besoin d’un défenseur (un avocat) ?
Défendus contre qui, contre quoi ?
Pour mieux comprendre, il
faut nous reporter au contexte dans lequel a été faite cette promesse : C’est
celui du Jeudi-Saint, veille de la Passion, mais nous le lisons à quatre jours
de l’Ascension. Le Christ prépare ses disciples à son absence physique. Il leur
laisse son « testament spirituel ». Un peu comme dans la Fable
de la Fontaine : « le laboureur sentant sa mort prochaine
et qui fit venir à lui tous ses enfants » ; il leur dit à peu
près : « mes p’tits enfants, si
vous m’aimez, vous vous souviendrez de mes conseils et de mes paroles… Je ne
vous demande qu’une chose, c’est de bien vous aimer les uns les
autres ! » Vous voyez, ça y ressemble !
La différence, mais elle
est de taille, c’est que Jésus, lui, à deux fois, annonce que le lien n’est pas
rompu : VOUS ME VERREZ VIVANT ! et aussi quelques lignes plus
loin : CELUI QUI M’AIME (sous-entendu celui qui reste fidèle à mes paroles,
celui qui vit mon enseignement), JE ME MANIFESTERAI A LUI.
Ça
c’est l’énorme nouveauté !
C’est
l'expérience qu'ont faite Pierre, les 11 apôtres, des disciples, des gens comme
vous et moi, dès les premiers jours de l'Eglise.
Jésus
les avait quittés depuis quelques jours. Ils ne le voyaient plus, et
cependant, ils avaient conscience d'une présence réelle de Jésus dans leur vie
personnelle et dans la vie de la petite communauté. En relisant les Actes
des Apôtres, on touche du doigt cette réalité. Il ne s'agissait pas de
sentiments ou d'impressions plus ou moins fugitives, comme quand on pense très
fort à une personne très chère décédée, mais d'une réalité.
Le
Seigneur inspirait leurs prises de parole et leurs actes, à un tel point qu'ils
pouvaient se dire, entre eux, pour rendre compte de cette force qui les
inspirait et les animait : C'est l'esprit de Jésus qui est en nous, qui
nous anime et nous pousse.
Pour
eux, il s'agissait donc d'une présence réelle de Jésus. Non plus
extérieure, mais intérieure à chacun d'eux.
Mais
ce que Dieu et le Christ font en nous par l’Esprit, toutes ces merveilles, se
heurte bien souvent à des résistances, comme le faisait dire le petit gamin du
catéchisme : « L’Esprit fait… ce qu’il peut ». Compte
tenu de nos faiblesses, de notre capacité à nous laisser égarer par les discours
séduisants et trompeurs d’une société matérialiste et athée, les apparences mondaines
et consumériste qui nous font miroiter un bonheur sans Dieu… Oui, nous avons
besoin d’un Défenseur ! Absolument !
Ainsi,
nos contemporaines et nos contemporains, pourront-ils reconnaître à travers
nous, disciples d’aujourd’hui, que Dieu n’est pas mort, que Jésus est vivant et
que son Esprit nous anime. J’ajouterai : et nous rend heureux !
D’un bonheur, d’une joie que le monde ne connaît pas.
Oui,
l’Esprit Saint fait ce qu’il peut, et c’est beaucoup, avec celles et ceux qui en
fidélité à l'Esprit qui est leur Défenseur et leur Avocat, poursuivent leur
aventure de foi en l'être humain dans la mesure où ils assument leur
responsabilité de grandir dans la solidarité et la fraternité humaine, en « rendant
compte de l’Espérance qui est en eux ».
Dans ce monde à nouveau tenté par les dictatures
et le fascisme, prions l’Esprit Saint d’inspirer de nouveaux prophètes qui osent aller à
contre-courant. Amen.
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