B DIM 33 - à notre porte !
Même si vous n’êtes
pas de grands amateurs de cinéma, vous avez tous vu une fois dans votre vie un film
de science-fiction ?
Ces films parlent généralement
d'un monde futur vécu comme menaçant, courant à la catastrophe, et où l'avenir
de l'homme semble bien compromis, en dépit des efforts de quelques
individualités. La destruction s’annonce implacable et totale. Point final de l’histoire
de l’humanité. Sauf qu’alors surgit un héros ou une sorte de demi-héros, pas
toujours bien rasé, pas toujours très convaincant, qui intervient pour sauver
la situation… ou plus rarement, une héroïne (rien à faire, ce genre de film
reste très machiste).
On dirait que Jésus,
dans l’Evangile que nous venons de lire, devient en quelque sorte « metteur
en scène » d’un genre équivalent à celui des films SF : la lune perd son
éclat, le soleil devient obscur, les étoiles tombent du ciel, une terrible
détresse s'abat sur la terre... Même
scénario – à peu près !
Il semble avoir été
le pêcher dans le fameux livre de Daniel dont on a lu aussi un extrait tout-à-l’heure,
ce prophète visionnaire du temps de l’exil à Babylone. Ce livre est écrit, tout
comme le livre d’Hénoch et d’autres apocryphes bibliques trouvés à Qumrân, dans
un style apocalyptique qui était très populaire aux environs du 2ème
siècle avant J-C. Certains chapitres ont été écrits en grec, ce qui témoigne d’une
rédaction plus tardive que celle datant de l’exil :
À ce moment, sous le
règne d’Antiochos IV, le pays est sous la coupe d’un tyran grec (de la dynastie
des Séleucides) qui cherche à éradiquer le judaïsme, et il y aurait sans doute
réussi sans la résistance acharnée d’une famille juive, les Macchabées, qui
entraînèrent le peuple et certaines des élites à leur suite. À ce moment, les
visions apocalyptiques comme celles de Daniel fleurissent comme des messages de
résistance face à la tyrannie et expriment en même temps l’inquiétude et le
désarroi de toute une partie de la population qui voit s’écrouler un monde
familier, le monde juif – leur monde !
Tout comme elle a pu l'être jadis au temps du prophète Daniel ou des
Macchabées, cette inquiétude était générale en Palestine, au temps de Jésus,
dans les années qui l'ont précédé et dans celles qui l'ont suivi. Il y avait de quoi : le pays était occupé et
a connu parfois de violentes persécutions religieuses. En fin de compte,
Jérusalem sera détruite et son Temple rasé avant même la fin du 1° siècle de
notre ère. Le monde s'écroule encore une fois.
Le message repris par Jésus dans l’Evangile fait écho à cette angoisse.
Mais il ne fait pas que ça. Il y ajoute un élément essentiel : l’ESPERANCE.
"Le Fils de l'Homme est proche, à votre porte". Ce n'est pas la promesse d'un avenir meilleur… ou moins pire, non ! C'est déjà le surgissement du monde de Dieu au cœur de notre propre monde. Et c'est tout proche, c'est maintenant, c'est déjà commencé ! Comme les bourgeons au printemps…
Frères et soeurs, nous vivons aujourd'hui une période de crise, nationale, internationale, mondiale : crise politique, sociale, économique, écologique, climatique... On ne sait pas ce qui sera le pire : la guerre, ou les catastrophes qui rendront la terre invivable ? Ou les déplacements en masse des populations obligées de fuir leur maison, leur pays... Qui sait si nous-mêmes nous ne devons pas fuir un jour ?
Ce n'est pas un film
de science-fiction. C'est aujourd'hui ; c'est grave pour aujourd’hui et
pour demain.
Et dans un pays riche
comme le nôtre, il n'y a aucun doute : cette situation n'est pas le fruit du
hasard ou de monstres venus d'ailleurs ; elle est le résultat de l’imprévision,
de l’égoïsme et de la bêtise humaine.
Il me semble vain,
illusoire, d'attendre un héros qui, par je ne sais quel miracle, viendrait
sauver la situation. Pas de Superman ni de Spiderman sous la main. À peine
quelques-uns essayent-ils d'éviter le pire. C'est déjà ça…
Mais l'Evangile nous
oriente vers tout autre chose.
Aujourd'hui, déjà, le
monde de Dieu surgit parmi nous.
Il n'y a pas que la
bêtise humaine et ses catastrophes. Il y a aussi les signes du Fils de
l'Homme ici, à notre porte.
Et ce n’est pas une
fuite dans l’irréel, le rêve, la spiritualité désincarnée comme la vendent des
sectes religieuses qui exploitent la peur. Ni un repli égocentrique qui rejette
et abandonne l’humanité à elle-même, comme font les survivalistes qui
fabriquent des abris antinucléaires souterrains avec plein d’armes et des
provisions. Et encore moins un hédonisme décomplexé, la jouissance à fond de
tout ce dont on peut profiter et s’en mettre jusque-là avant que le monde ne s’écroule
– tant pis si cela empire encore les choses ; « après nous les
mouches ! »
Non, ces signes dont
parle Jésus, c’est du concret, du réel. Même si parfois -souvent- , c’est
vrai, c’est plus difficile à discerner. Ces signes ne sont pas démobilisants,
bien au contraire : ils nous invitent à entrer en action, à accompagner et
soutenir l’œuvre de Dieu en s’impliquant soi-même.
Pourriez-vous me dire quelques-uns de ces signes qui témoignent que Dieu
est là, que Jésus est présent, déjà là, agissant ?
Moi, j’en vois tous
les jours à la Clinique où je travaille, ou à la Maison de Retraite où vit mon
papa… Là, les soignants et les bénévoles ne font pas que poser des actes
techniques de soin, ils apportent aussi à toutes ces personnes en état de
fragilité dont elles s’occupent, une présence humaine et fraternelle, un regard
chaleureux qui donne le goût de vivre encore et d’aimer.
Pour moi, Jésus est
déjà là. Le printemps est là et me fait signe.
Sûr que tout n’est
pas parfait, mais que tous ces gens, croyants ou non, soignants, éducateurs,
enseignants, bénévoles de l’associatif ou de la solidarité, … dans des
conditions qui sont parfois très difficiles, s’accrochent et vivent leur
métier, leur engagement comme une vraie vocation au service de ceux qui sont
moins bien lotis, cela c’est pour moi un signe que Dieu est proche.
C'est cela, le monde
de Dieu qui surgit ; c'est lui, le Fils de l'Homme à notre porte !
J’ai aussi souvent l’occasion
de vivre le sacrement des malades avec des sœurs ou
des frères qui sentent leur vie s’échapper et c’est un peu pour eux aussi comme
une fin du monde où tout s’écroule. Alors je n’hésite pas à proposer cette
démarche de l’Onction. Je vois vraiment dans ce geste le signe du Christ Jésus
qui ne vient pas comme un magicien pour tout remettre dans l’ordre, mais qui se
fait Présence, présence d’amour et de paix quand nous nous sentons écrasés par
l’épreuve - la maladie, le grand âge, l’isolement...
Le Fils de l’Homme se
fait tout proche, lui qui a qui a lui-même connu l’épreuve de la croix. Le bois
sec de la croix est devenu le bois tendre du figuier.
La résurrection de
Jésus au matin de Pâques est pour nous promesse de vie ; tout comme les
premières feuilles du figuier sont pour nous promesses de fruits et d’été à
venir.
Et là, nous sommes
loin des films de science-fiction. Mais proches, tout proches de ce que nous
appelons « la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu » !
Amen.
Jésus avait dit : "Que la comparaison du figuier vous instruise. Quand ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles - vous le savez très bien - c'est que l'été est proche." Ainsi c'est dans la joie qu'il nous faudrait penser à cette fin du monde. Loin de nous ces horreurs et tous ces cataclysmes. Les prophètes de malheur qui cherchent à nous faire peur. Les démons qui attendent, une fourche à la main. Et le feu qui consume.
Là où Dieu est de retour, le soleil est brillant, la terre se réchauffe, la nature reverdit, et les arbres bourgeonnent. Le cœur bat à nouveau. C'est le retour du beau temps.
II avait ajouté : "Sachez-le, vous aussi, le Fils de l'homme est proche, il est à votre porte."
Alors, j'ai regardé. Pas besoin de scruter les astres ni le ciel. J'ai vu autour de moi ceux et celles qui sont comme autant de soleils. Qui donnent de la chaleur à ceux et celles que glacent l'abandon, la misère, l'oubli, la solitude. Qui donnent de la lumière à ceux qui ne voient plus clair, à celles qui désespèrent. Qui sont consolation pour ceux et celles qui pleurent. Qui ouvrent la route à Dieu, aujourd'hui, pas demain.
Alors en les voyant, je me suis dit : "II est temps ! LE VOILA !"
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