B VISITATION DE LA VIERGE MARIE - Maria Masson

 

« proximité, tendresse et compassion »


Marie ne va pas voir sa cousine Élisabeth simplement pour lui annoncer la grande nouvelle de sa maternité. Elle n'y va pas simplement non plus pour échanger des conseils avec elle qui en est à son sixième mois de grossesse.

Elle y va pour partager avec sa cousine la joie de sa foi : enfin, la promesse de Dieu d'envoyer un Sauveur se réalise! C'est cela qu'elle chante dans son Magnificat.

Elle y va aussi pour rendre service à Élisabeth. C’est important. Elle reste avec elle pendant les trois derniers mois de sa maternité.

Il arrive souvent que la visite qu'on fait ou qu'on reçoit, aide à mettre la table et à laver la vaisselle ensuite. Rendre service fait aussi partie de la visite.



En méditant ce matin sur le sens de cet événement de la Visitation de Marie à sa cousine Elisabeth, je me suis posé cette question : Pourquoi Marie a-t-elle chanté son Magnificat seulement à la fin de sa rencontre avec sa cousine, et pas déjà lors de l’Annonciation, quand l’ange est venue la trouver de la part de Dieu et qu’il lui a annoncé qu’elle sera la mère du Sauveur ?

Je crois que ce n’est pas un hasard, évidemment. Nous pourrions en effet très bien imaginer que le Magnificat de Marie suive son dialogue avec l’Ange Gabriel. S’il est placé après la visite à Elisabeth, c’est sans aucun doute pour manifester que cette démarche était nécessaire pour que Marie puisse chanter ce chant de louange.

La réponse de Marie à l’ange : « Je suis la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole », cette réponse s’incarne si je puis dire immédiatement dans une décision puis dans un agir concret. Marie est quelqu’un de très concrète. Elle sait par l’ange que sa cousine est enceinte de 6 mois, et donc, mue de l’intérieur, elle décide sans tergiverser de se mettre en route sur les chemins montagneux de Judée pour assister Elisabeth durant trois mois jusqu’à la naissance de Jean-Baptiste.


Le pape François, dans plusieurs de ses derniers textes, cite 3 mots, 3 attitudes qu’il appelle « le style de Dieu » : « proximité, tendresse et compassion » . Il me semble que c’est bien ce que nous voyons chez Marie qui part avec empressement rejoindre Elisabeth et qui va rester trois mois avec elle. Et c’est ce que nous sommes tous appelés à vivre, quel que soit notre état de vie, notre âge, notre santé, au nom même de l’Évangile : « proximité, tendresse et compassion ».


Je pense à quelqu’un que nous avons bien connu ici à Stavelot, et qui a vécu cela de façon extraordinaire : c’est MARIA MASSON.


Elle a commencé ici comme chef infirmière à la clinique de Stavelot, puis, en 1982 à l’appel de l’évêque de Bukavu, elle est partie – avec empressement comme Marie – au Congo, dans la région du Sud-Kivu où la population souffre beaucoup de la pauvreté et des guerres, de la violence, et elle y a travaillé + de 35 ans, dirigeant des hôpitaux, organisant l’aide et la solidarité pour les jeunes mamans accouchées, les vieillards isolés, etc.  A Stavelot où elle revenait de temps en temps (elle était originaire de Thirimont), elle était soutenue par de nombreuses personnes (dont son amie Maria Martin) au travers de « S.O.S. PG » -aujourd’hui Wazee Wetu- qui récolte des vêtements, du matériel scolaire, des couvertures et des laines à tricoter, etc. Peut-être avez-vous aussi tricoté ou crocheté des vêtements pour les œuvres de Maria Masson !

Maria nous a quittés ce dimanche, fête de la Trinité, mais son œuvre continue au Congo, et chez nous, Christine et Marie-Thérèse rassemblent toujours le matériel et les dons tous les mardis avenue Nicolay. Ces petits gestes alimentent une aide indispensable, comme les petits ruisseaux font les rivières (en ce moment…).


Voilà. C’est vraiment la grâce que nous pouvons demander dans la prière, pour toute l’Église : que nous soyons des hommes et des femmes de la proximité, de la tendresse et de la compassion ; que nous soyons une Église qui toujours marche à la rencontre de l’autre, du malade, de la personne souffrante pour prendre soin de lui ou d’elle, pour être présence du Christ, au souffle de l’Esprit Saint. Et là sera notre joie, car là est la joie de Dieu, la joie de Marie, celle-là même que le prophète Sophonie a chantée dans la 1ère lecture… Magnificat !

 

Vierge Marie, aide-nous à faire de nos visites plus que de simples courtoisies. Qu'elles soient de véritables rencontres, de vrais partages de vie de foi, assaisonnés de service approprié. Amen.


Une messe d'action de grâce à la mémoire de Maria Masson aura lieu à l'église de Thirimont le samedi 15 juin à 13 h ; tous ses nombreux amis et collaborateurs sont invités ! Les funérailles de Maria auront lieu le 4 juin, à la cathédrale de Bukavu (RDC) où son cercueil est exposé. 

Le 10 avril dernier, la Société Civile du Sud-Kivu lui avait décerné un diplôme de mérite pour ce qu’elle a fait pour la Province.

« Nous rendons grâce à Dieu pour ce que Maria Masson fut pour le diocèse de Bukavu, pour la province du Sud-Kivu et pour toute la RDC. Nous demandons au très haut de l’accueillir dans son royaume et que son âme repose en paix. Qu’elle puisse inspirer d’autres femmes à faire pareil parce qu’on la reconnaît par la rigueur dans le travail, elle était très rigoureuse, elle avait toujours besoin du travail bien fait et voilà qu’elle a fini tout ce qu’elle pouvait faire sur cette terre des hommes », indique la Présidente de la Société civile.  

Maria Masson aimait Bukavu, sa très chère ville.

 Avant sa mort, Maria Masson avait souhaité que le climat de sérénité se rétablisse à l’Est de la RDC. Elle a également souhaité que le climat de coopération dans la vérité entre la RDC et la Belgique soit mis en place pour remettre les vraies valeurs en premier lieu.

 « La caractéristique commune qui est entre la Belgique et la RDC c’est la solidarité, la jovialité et l’accueil. Ma partie préférée de la RDC, c’est Bukavu. Je suis là depuis 41 ans je n’ai jamais bougé, j’ai toujours vécu ici et c’est une ville où je partage avec toute la ville, toute la région. Beaucoup me connaissent dans les villages comme dans la ville », avait-elle dit, récemment.

 Pour rappel, l’infirmière Maria Masson a été Directrice du BDOM – Bureau Diocésain des Œuvres Médicales, de 1982 à 2017. Elle a élargi les services du Bureau à la population, de manière étonnante.

 Depuis, elle soutient les personnes âgées avec l’association Wazee Wetu (WAWE) et Cofondatrice -Présidente « 3Tamis asbl ».

 Vinciane Ntabala

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