C AVENT 1 - "Il faut sauver Noël"

 1er DIMANCHE DE L’AVENT : 

« Il faut sauver Noël »J’ai entendu cette phrase à la radio il y a 2 jours, alors que les journalistes et les gens supputaient sur les prochaines décisions du CODECO concernant les mesures pour ralentir la progression du Covid.

Oui, il faut sauver Noël. Mais quel Noël ?

C’est de nouveau l’Avent ! Cette période nous laisse toujours avec un double sentiment. Nous savons que nous allons vers Noël et cela évoque pour nous la joie. Mais nous savons aussi que nous entrons dans une période de frénésie commerciale et, plus encore, une période où la solitude et la pauvreté se feront encore plus cruellement sentir. Entre ceux qui ont et qui vont se goberger, faire bombance dans l’insouciance, et ceux qui n’ont pas et qui ne peuvent que regarder les autres, le fossé ne cesse de grandir.

Les textes apocalyptiques que nous lisons ces dimanches-ci ne peuvent être compris comme une chronologie d’événements à venir, comme de vagues prédictions. Il faut tout simplement les lire au présent 

Ils ont été écrits pour qu’on les lise à chaque époque au présent. Chaque époque peut, d’une façon ou d’une autre, s’y reconnaître. Et c’est le but, car il ne faut pas s’endormir. Il faut se préparer. La tuile, la grosse tuile peut tomber comme le filet dont parle Jésus dans l’évangile. Et elle tombe toujours à l’improviste, quand on ne s’y attend pas. Comme l’inondation du mois de juillet en Wallonie et en Allemagne, comme le cancer ou une autre catastrophe dans notre vie personnelle… Tout s’écroule. C’est la fin du monde pour ceux qui vivent ces événements.

Je sais très bien qu’il y a pas mal de chrétiens que ces passages d’évangile « apocalyptiques » énervent ou dérangent, et qui se demandent pourquoi on ne les a pas retirés des lectures que l’on fait habituellement à la messe. « On ne vient pas à l’église pour entendre des prophéties de malheur, des messages inquiétants, alors qu’on vit déjà assez de choses difficiles dans sa vie à chacun, et que la religion est là pour rassurer, consoler, bref faire du bien quand on a bobo… ! »

Justement ! Il faut exorciser la peur. Et ce n’est pas en se cachant la tête dans le sable comme les autruches qu’on va y arriver : il faut regarder les réalités en face – et aussi nos peurs – pour pouvoir les vaincre et adopter la bonne attitude.

Donc, l’évangile a été écrit pour aujourd’hui. Et l'actualisation de ces récits est vraiment facile. Il suffit de constater les bouffées d’inquiétude, pour ne pas dire plus, que nous apportent quotidiennement les médias : la pandémie du Covid-19 et de ses variants, la saturation des hôpitaux et la pénurie des soignants, les rumeurs de guerre aux frontières de l’Europe, la pollution nucléaire ou chimique, le réchauffement de la planète et les conséquences probables sur nos conditions de vie...

C’en est assez pour dire ce qui, en ce moment, alimente nos angoisses. Il n'est pas nécessaire de lire l'avenir dans une boule de cristal. Les récits apocalyptiques racontent le présent. Comment voulez-vous que ce ne soit pas LE moment ? Pourtant, la société moderne de consommation fait tout pour distraire les gens et les empêcher de réfléchir : « Black Friday » : ces mots vous font vibrer ? , alors tel au n° untel et si vous gagnez en répondant correctement, vous aurez un bon de 200 € que vous pourrez dépenser pour votre plus grand plaisir, vos désirs les plus fous… »

Vous voyez le décalage ? Avec l’évangile de Luc, nous avons donc une série de signes sous les yeux pour dire que oui, nous sommes bien dans les temps de la fin (qui ont commencé, je vous le rappelle, en l’an 33 ap. JC).

=> Tout ceci fait que nous n'allons pas être orientés par le récit des crises et des angoisses, mais nous allons être orientés par ce qui a commencé et qui va être terminéC'est l'espérance qui va nous diriger. Passer dans une autre conception, une autre manière de voir le monde et de vivre sa vie.

« Redressez-vous et relevez la tête : votre délivrance est proche » (Lc 21, 28). Quand les épreuves commenceront à s'accumuler, quand toute issue sera fermée, quand la violence semblera victorieuse, quand tout appui se sera éloigné, quand Dieu lui-même vous paraîtra trop absent pour écouter, trop lointain pour répondre, redites-vous : "La délivrance est proche ; le Fils de l'Homme vient nous sauver !"

Il faut que le Seigneur « affermisse nos cœurs » (une autre manière de dire: donner courage),  comme dit St Paul dans sa lettre, afin que, puisque nous savons comment nous conduire de façon à plaire à Dieu, nous fassions de nouveaux progrès ».

Quels progrès allons-nous faire pendant cet Avent ?

Il faudrait que chacun de nous y réfléchisse. Sérieusement. Préparer Noël n’est pas qu’une affaire de menu à composer et de cadeaux à acheter. Il ne faudrait surtout pas que notre cœur ne s’alourdisse, comme l’écrit Paul, dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce Jour-là (le Jour du Seigneur) ne tombe sur nous à l’improviste comme un filet… Un cancer peut vous tomber dessus demain, je vous le répète. Alors, à quoi bon les extravagances et les folies consuméristes ?

Alors, ok, il faut se réveiller ! Et se remuer… Relever la tête, c’est aussi aider les autres à se relever. Les victimes des inondations, par exemple.  « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles » (Luc 21,25). Ces signes sont là pour que nous relevions la tête et retroussions nos manches. Concrètement, lors des messes dominicales au cours de cet Avent, les paroissiens seront invités à choisir un soleil, une lune ou une étoile à l’entrée de l’église, et à y inscrire une phrase, un mot ou une prière qui l’aura touché dans les lectures ou l’homélie. Ces astres lumineux seront ramassés puis accrochés sur un sapin de Noël près de la crèche, durant l’offertoire. Ils éclaireront notre espérance sur ce chemin d’Avent que nous parcourrons en témoins de la Lumière…


Comme nous y invite ce sapin-visuel de l’Avent cette année, faisons naître la lumière dans notre communauté, notre cité, auprès de nos proches, de nos familles, de nos amis… pour les personnes les plus démunies aussi, en faisant un don lumineux à travers Action Vivre Ensemble !

Noël est une fête contre la peur, contre toutes les peurs, contre toutes les angoisses. Ne nous laissons pas dérober le message de paix, de douceur, de pardon et de joie que nous apporte l'enfant dans la crèche. Regardons plus loin, plus haut, inscrivons nos vies dans le temps ouvert par celui qui est venu, et soyons tendus vers lui, car il vient encore.

Noël est une fête contre la peur et ce n'est pas seulement le moment un peu sensible de la nuit de Noël qui doit le dire, mais ce sont nos actions. « En ces jours-là je ferai germer un GERME de justice… » (Jérémie). A nous tous de veiller à faire grandir, fructifier des germes de justice, de solidarité, de fraternité… Lesquels voyons-nous ? voulons-nous ? Osons donc la solidarité et le partage. Soyons pour nos proches, des signes qui aident à vivre et à croire. Nous serons ainsi des étoiles dans la nuit de notre monde. 

Est-il vrai que Dieu vient vers nous ? Montrons-le ! Amen.


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