A AVENT 3 - Patient ou impatient ?
Il y a quelques jours, j’écoutais une émission sur RCF, la radio catholique, sur le thème : « l’Avent, un temps pour que Dieu nous éduque à la patience ».
C’est le mot proposé pour ce dimanche,
cette 3ème semaine de l’Avent : « PATIENCE ».
Mes amis, êtes-vous plutôt
« patient » ou « impatient » ?
Quand vous m’écoutez prêcher, vous êtes
certainement patients. Je vous remercie.
Quand vous Messieurs attendez Madame
qui cherche depuis ½ h comment s’habiller pour sortir avec vous et qui annonce
qu’ « elle n’a rien à se mettre », vous êtes patients ou
impatients ? ……….
Quand vous Mesdames appelez pour la
3è ou 4è fois à table Monsieur qui regarde le foot ou les gamins qui jouent sur
leur gamebox, vous êtes patientes ou impatientes ? …………
Quand vous les jeunes ou les enfants
vous devez rester sagement assis en classe en écoutant un prof barbant qui
donne un cours que vous estimez sans intérêt, alors que vous avez projeté des
choses passionnantes avec vos copains ou copines après l’école, vous êtes
patients ou impatients ?...........
Allégorie de la patience - Giogio Vasari
Ça dépend un peu du ressenti de
chacun, donc. De l’amour que l’on a pour les autres, et de la capacité de se
décentrer de soi et de retarder la satisfaction d’un désir.
Problème : On est dans la
civilisation du « tout, tout de suite ».
Avec l’ère des machines, l’ère des
boutons, de l’internet et des smartphones, et puis de toutes ces choses qu’on
vous propose sans cesse, qui viennent finalement combler mais même anticiper
nos désirs et en créer toujours de nouveaux, on est devenu un peu des nains
de la patience, on est vraiment dans une forme d’immédiateté, de
l’instantané. Notre rapport au temps, qui était resté à peu près le même durant
des millénaires, s’est transformé en quelques décennies à peine. Malgré que
l’espérance de vie s’est considérablement allongée par rapport à nos ancêtres,
on ne peut plus attendre.
Or, s’il y a une chose
certaine, c’est que les choses importantes, les choses essentielles demandent
du temps, du temps et de la patience.
Il faut toujours neuf mois pour mettre
un enfant au monde.
Pour qu’il grandisse et devienne un
adulte à part entière, il faut des années.
Construire une relation solide et
harmonieuse exige aussi beaucoup de temps et d’apprentissage.
Apprendre un métier, acquérir un
savoir et de l’expérience demande un investissement sur des années.
Etc.
La terre, berceau extraordinaire et peut-être unique, a pris des
milliards d’années pour se former ; et la vie dans toute sa diversité, des
centaines de millions d’années.
Et parce que l’Homme est impatient de
jouir de tout, tout de suite, il est en train de la détruire en quelques
petites décennies.
On est devenus des nains de
la patience.
Ne parlons pas de la messe :
beaucoup n’y viennent pas parce qu’ils n’ont pas le temps. La religion, la foi,
c’est une perte de temps. Je suis trop pressé, j’ai mille choses à faire, des
choses qui m’apportent des satisfactions immédiates. La foi, c’est un
investissement à trop long terme !
On est devenus des nains de la patience
Mais qu’est-ce que c’est, au
fond, la patience ? Selon le dictionnaire, la patience est l’aptitude d’un
individu à se maîtriser et à rester calme face à une attente. Le mot
patience vient du latin « patire » qui veut dire souffrir, et qui a
donné aussi le terme médical de ‘patient’.
Mais c’est aussi une attitude
spirituelle :
La patience est indissociable de la
vertu d’Espérance, en ce sens qu’elle oriente le désir de l’humain vers
un bien plus haut, plus grand. Et donc, souvent, moins immédiat : il faut
plus de temps pour l’atteindre. Le bien ultime, le plus grand bien, c’est
Dieu et son Royaume. Si nous sommes impatients, nous ne saurons
jamais y entrer ; nous nous contenterons toujours de nos petits désirs
personnels et égoïstes, aussi vite satisfaits que remplacés par d’autres qui au
final ne nous comblent jamais entièrement mais nous laissent un sentiment de
vide intérieur.
« Tu nous a faits pour
toi, Seigneur, disait saint Augustin, et notre cœur est insatisfait tant qu’il ne
repose en toi ! »
Avez-vous remarqué combien en cette
période qui précède Noël – les fêtes, on s’ingénie par la publicité etc à
susciter en nous plein de désirs matériels qui n’ont en réalité guère
d’importance ? Qui nous parle encore des désirs profonds du cœur
humain ?
Or si Dieu s’est incarné, si Jésus est venu à nous en ce monde, c’est pour nous montrer le plus grand Bien qu’il nous faut désirer par-dessus tout : l’AMOUR, qui est Dieu lui-même ; cet Amour qui vaut la peine qu’on lui donne tout, parce que tout vient de lui.
Celui qui a Dieu a tout, celui qui
aime a tout, mais il faut être patient. Transformer l’impatience naturelle et
la frénésie en attente positive, en restant – en s’enracinant dans
l’amour et la foi qui du coup se fortifieront.
Le peuple hébreu a attendu 40 ans
pour entrer en terre promise.
Jésus est resté 40 jours au désert
avant de commencer sa mission.
…et je n’attendrai pas 5 minutes mon
épouse qui s’habille ou mon mari qui n’entend pas ce qu’on lui dit ?
La lumière du soleil qui est au plus bas maintenant, va bientôt grandir à nouveau...
Or, Noël, c’est le Christ qui vient apporter la lumière de Dieu, de l’Amour inconditionnel de Dieu au cœur de nos ténèbres humaines. C’est pour cela que saint Jacques nous invite à la patience : le cultivateur sait que la récolte vient en son temps.
Mais en attendant,
parce qu’il n’est pas facile de croire et d’attendre du bon, du meilleur au milieu des épreuves, au cœur de la manifestation du Mal qui écrase encore et toujours l’humanité,
il nous faut garder les yeux fixés sur la ‘gloire du Seigneur’ qu’on ne voit encore qu’en espérance, et pour cela, comme dit Isaïe, nous devons « fortifier les mains défaillantes, affermir les genoux qui fléchissent et dire aux gens qui s’affolent de ne pas craindre »,
car le Royaume de Dieu est en marche, il vient
et nous en voyons les prémisses de l’aurore, comme a pu les voir déjà
Jean-Baptiste non plus en rêve, mais en réalité :
Les aveugles qui retrouvent la vue,
les boiteux qui marchent, les lépreux qui sont purifiés, les sourds qui
entendent et les morts qui ressuscitent, c’est moi, c’est vous, c’est
chacun de nous qui entend la Parole, la Bonne Nouvelle de l’Amour de Dieu
et qui se met en marche pour un monde plus juste, plus humain et fraternel, où
toute personne puisse voir sa dignité reconnue et respectée.
Dieu
est impatient de faire se réaliser ce monde-là. Aujourd’hui nous pouvons y
contribuer, par notre participation à la collecte pour l’opération Vivre
Ensemble, mais aussi en étant patients pour transformer nos désirs en celui du vrai
Bien, le bonheur de tout homme et de tout l’homme. AMEN !
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