C CENDRES - Avec la croix, changeons de cap

 HOMELIE MERCREDI DES CENDRES 

Avec la croix de Jésus, changeons de cap !





Voilà le Carême arrivé !

 

Quarante jours de cheminement vers Pâques !

A travers les souffrances de Jésus et celles du monde,

Vers la joie de la résurrection et de la vie nouvelle.

Quarante jours de conversion personnelle et communautaire !

 

En ces jours tourmentés, pleins d’éclats de guerre et de souffrance, nous sentons très fort le besoin de conversion de notre terre et de nos sociétés.

Qu’est-ce qui va freiner la violence en Ukraine, …en Afghanistan, en Syrie, au Mali, au Yémen ?

On dirait que ce sont les autres qui ont besoin de conversion, pas nous !

On dirait que la violence est ailleurs que dans nos cœurs, qu’elle est dans des esprits pervertis et lointains, qui font régner l’injustice dans le monde…

 

La vraie question pour nous, est de voir comment nous sommes partenaires inconscients des violences que nos sociétés exercent, et du péché qu’elles portent en elles-mêmes. Comment pouvons-nous nous convertir en convertissant notre monde en même temps ?

 

Jésus nous a montré comment nous pouvons faire : c’est la Croix. La Croix, c’est le Grand moyen, c’est le levier qui a fait basculer le monde du côté de la grâce et de la miséricorde ! La Croix, signe du plus grand Amour…

C’est pour cela qu’elle est présente tout au long du carême, sur le projet de cette année/ et particulièrement le Vendredi Saint, croix douloureuse mais aussi croix victorieuse, plantée au cœur du monde, qui réunit sous ses bras tous les sauvés que nous sommes déjà dans l’espérance…

Oui, le Mal n’aura pas le dernier mot, si nous acceptons de ne pas rester dans nos cendres, dans nos lâchetés, nos trahisons, nos compromissions… Prenons sur nous la Croix, embrassons-là, et CHANGEONS DE CAP : C’est le mot d’ordre de ce premier jour de carême,

Changer de cap, quand on est engagé sur une voie qu’on connaît bien et qui nous rassure, c’est difficile ! Parce que nous tenons à nos habitudes, à notre zone de confort… Tout seul, c’est presque voué à l’échec. C’est pour cela que c’est ensemble, en Eglise, que nous vivons le carême. En communauté, en nous portant les uns les autres pour prendre ensemble le chemin de la synodalité, de même que celui de la transition écologique et économique.

Nous allons changer de cap, frères et sœurs, ce n’est pas une option parmi d’autres, c’est une nécessité ! C’est même une urgence.

Pour pouvoir entendre le cri des pauvres de la terre, pour devenir ou redevenir solidaires, pour être des hommes, des humains, et non plus des consommateurs sans âme !

Oui frères et sœurs, voilà le chemin de conversion qui nous est proposé en ce carême. Nous avons commencé par les cendres, geste ténébreux, de pénitence, d’humilité lucide et d’abaissement volontaire, mais ce n’est pas pour nous rouler indéfiniment dans la poussière, tout au contraire ! C’est pour RENAÎTRE de nos cendres ! 


Dieu te dit : « Viens ! ne reste pas dans ton péché, dans ta désespérance, dans ta médiocrité, dans tes remords ; viens ! J’ai un projet pour toi, une ambition pour toi, toi Humanité, toi Eglise, et toi aussi Personnellement. Il est possible de renaître, il est possible de commencer à vivre pour de vrai, pour de bon, il est possible d’entrer pleinement dans l’amitié et d’inscrire ta vie dans le Grand Projet du Dieu vivant. 

Rien n’est perdu, rien n’est désespéré, même si les bombes pleuvent autour de toi ou en Ukraine, même si tu n’as plus rien ou si tu as trop : viens ! Je te donne des frères à aimer, des semblables à qui tu peux rendre la dignité ou qui te rendront ta liberté… Il n’est jamais trop tard, et rien n’est impossible pour toi avec moi, Dieu ! »

Pour cela, Jésus est clair : « Tu vas prier – dans le secret ; tu vas jeûner – dans le secret ; tu vas faire l’aumône, c’est-à-dire partager – dans le secret. »

La prière, elle nous branche sur Dieu et sur sa force d’amour, plus que sur la nôtre et sur nos prétentions. Elle nous fait prendre conscience de nos automatismes et nous oblige à nous arrêter et à nous décentrer de nous-mêmes.

Le jeûne (pas seulement de nourriture trop riche en cholestérol, mais aussi de tout ce qui encombre nos vies, nos regards et nos esprits), le jeûne nous fait prendre distance de nos volontés de jouissance immédiate, de nos satisfactions passagères, et nous libére de l’illusion que nous pouvons nous suffire à nous-mêmes et être heureux en consommant.

Le partage nous fait reconnaître dans l’autre, le pauvre, celui qui est notre propre chair, un autre nous-mêmes. Le don débouche sur la communion, la fraternité et la réconciliation universelle.

Prenons ce chemin ensemble, frères et sœurs, armés de la Croix de Jésus. Ainsi nos cœurs pourront se convertir et le monde pourra devenir meilleur !

« Y a-t-il un cœur qui s’élève pour que tout le monde soit d’accord ?, chante Christophe Maé. Un cœur qui prenne la relève, quelqu’un qui vient en renfort ? C’est ma terre où je m’assois, ma rivière, l’eau que je bois, qu’on n’y touche pas ; c’est mes frères autour de moi, mes repères et ma seule voix : Qu’on n’y touche pas, non ! » 


Je suis l’eau, je suis la terre, je suis mes frères : 40 jours pour l’apprendre ! 


Bon carême !

Commentaires

LES HOMELIES - ANNEE A