C DIM 14 - Septante-deux
S'il est un
sport populaire, c'est bien le foot, au point que certains n'hésitent pas à le
comparer à une religion avec ses grand-prêtres et ses fidèles…
Il y a aussi
des rites et des règles sacrées : par exemple,
Pourquoi y
a-t-il 11 joueurs dans une équipe de football, et non pas 10 ou 15 ?
le savez-vous ?
La discipline fut créée au 19è siècle en Angleterre -les
Anglais ont donc malgré tout apporté quelque chose à l'Europe et au monde- jeu
où les collégiens d'un internat jouaient en formant des équipes par chambrée.
Les chambrées comprenant dix élèves, le jeu fonctionnait sur cette même base,
en ajoutant un surveillant dans le rôle du gardien de but. 10+1, 11 donc.
La Loi du foot précise que le nombre minimum de joueurs
est de 7 et le nombre maximum de 11, sans quoi le match doit être interrompu.
Des chiffres, il y en a aussi dans l'Evangile de Luc : Jésus vient à
peine au tout début du chapitre 9 d'envoyer ses douze apôtres en mission pour
proclamer le règne de Dieu, pour annoncer la bonne nouvelle, pour faire des
guérisons. Il y a urgence. Le peuple est en souffrance…
Et voici que Jésus recommence à appeler et à envoyer. Non plus douze,
mais septante-deux.
C'est que le terrain de jeu s'est fortement agrandi : il ne s'agit plus
simplement d'annoncer la Bonne Nouvelle aux "brebis perdues d'Israël"
- les 12 apôtres représentant les 12 tribus d'Israël -, mais déjà au monde
entier : Le chiffre 72 désigne les nations du monde entier, les 72 peuples de
la terre alors connus dont parle le livre de la Genèse.
Et ceci nous concerne de très près, car autant le dire tout de suite, c'est
de notre mission qu'il est question dans l'envoi des 72 !
N'allons pas dire trop vite : ah oui, les apôtres sont passés de 12 à 72
: NON! Luc précise bien : ils sont "autres" ! "Il en désigna
encore 72 autres…" C'est 12 + 72. (84, càd 7 x 12 = la plénitude de
l'Eglise)
Ils
sont "autres" aussi parce qu'ils représentent l'Eglise d'après la
Résurrection, envoyée par le Seigneur, c-à-d le Ressuscité, et parce que les
cultures auxquelles ils s'adresseront seront "autres".
C’est la
nouveauté de notre mission chrétienne à chaque génération : il s’agit à la
fois de prolonger l’action des 12 et
en même temps d’être autres, de faire du neuf ! Je n’ai pas
toujours l’impression que l’Eglise d’aujourd’hui cherche à faire du neuf… on
croirait au contraire qu’elle cherche à remettre en avant des modèles périmés,
dépassés… au lieu de se réinventer !
Ces 72 sont envoyés par Jésus, dit St Luc, "en avant de lui" là
où le Christ n’est pas encore allé, mais projette de venir… Autrement dit, ils doivent préparer sa venue, défricher le terrain, être
« en avant » du Christ.
Comment ne
pas y voir l’immense champ d’apostolat des laïcs ? Les baptisés envoyés
vivre leur foi dans les domaines politiques, économiques, culturels…
"Là où
le Christ n’est pas encore allé" : Il y a tant de réalités humaines où le
Christ n’est pas encore allé ! Le pape François parlait des
"périphéries", là où vit une humanité que souvent nous ignorons mais
où Jésus voudrait venir…
Le chiffre
72 annonce donc en lui-même l’universalité de la foi chrétienne. Et la moisson
n'attend pas : il y a urgence !
Jésus leur dit à ces 72, à nous maintenant :
"Allez, le monde a besoin de votre amour. Le
monde a besoin de cœurs de chair qui refusent la guerre et la souffrance des
enfants, et qui savent dire non à la violence. Le monde a besoin de joie, celle
qu'annonçait Isaïe dans la 1è lecture.
Au cœur des malheurs du monde, la joie n'est pas une
fuite, une lâcheté. Elle est la certitude que l'amour de Dieu est présent, plus
fort que tout. Ne courez pas derrière n'importe quel discours, n'importe quelle
émission. Croyez enfin à l'amour ! Le royaume de Dieu s'est approché de vous,
de toi !"
Le monde a besoin de toi, dit Jésus. Ne dis pas : je
suis trop vieux, trop jeune, trop ceci ou trop peu cela… Le monde a besoin de cœur,
de joie, d'amour. Pensez-vous être trop jeune/vieux pour l'amitié, pour le
sourire, pour la foi ?
Les 72 sont envoyés 2 par 2. Ce ne sont pas des
individus isolés qui sont appelés. L'annonce de l'Evangile supporte mal de
faire cavalier seul. Etre envoyés 2 par 2, c'est être appelé à faire équipe
avec un autre. C'est découvrir l'autre différent de soi. C'est faire
l'expérience de l'Eglise.
Avez-vous
déjà remarqué combien ne pas être seul est important pour aller loin, pour
avancer, pour grandir…? En cordée un alpiniste n'est jamais seul. Un cycliste
du tour de France n'est jamais seul non plus : il roule toujours dans la roue
d'un autre. Et même s'il est le leader, la vedette ou le vainqueur d'une étape,
sa victoire est d'abord la victoire d'une équipe tout entière. Et sur le
terrain de foot, même s'il y a des individualités marquantes, c'est le travail
d'une équipe qui construit ensemble le jeu, qui est payant au bout du compte…
Portés
par l'amitié, la fraternité, la force du groupe, portés aussi par la mission
confiée, nous repoussons les frontières de nos limites personnelles.
C'est l'aventure même des disciples. Le Seigneur embauche sur tous les
chantiers où règnent la misère, l'exclusion et la douleur. Peu importe si des
formes d’Eglise auxquelles nous étions habitués disparaissent, si la pratique
religieuse se transforme et si les jeunes ne se bousculent pas à la messe :
Le Christ nous répète tout le temps : « Allons ailleurs ! Ne
vous installez pas ! ». Dès qu’on s’installe, on étouffe l’Esprit !
Ouvrir
des voies nouvelles, tracer des sentiers nouveaux, risquer un pas vers
l'inconnu, oser une rencontre, une parole, une main tendue à quelqu'un qui ne
va pas bien... Voilà à quoi nous sommes
appelés, avec les 12, avec les 72, avec le milliard 500.000 d’aujourd’hui pour
dire la bonne nouvelle : Jésus est là au milieu de nous.
Réjouissons-nous,
oui chers sœurs et frères qui faisons tous ensemble l’Eglise, réjouissons-nous
car nos noms sont inscrits dans le cœur de Dieu !
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