C DIM 15 - Qui est mon prochain ?

 15 ème dimanche ord C - 10/07/22

« Et qui est mon prochain ? »

Qu’auriez-vous répondu à cette question, mes amis ? 

Qui est votre prochain à vous, à moi ?

 .....?

Bien sûr, cela suppose qu’on ait un tout petit peu réfléchi au sens du mot « prochain ». C’est quoi un prochain ? Pour nous aider, je vous donne la définition du dictionnaire :

« Prochain » : 1er sens : Qui est proche, dans le temps ou dans l’espace.

2ème sens : Etre humain considéré comme semblable, proche de soi par la vie ou par les liens sociaux, l’origine ethnique, la culture, la religion…

Synonyme : Mon semblable, mon proche.

 

Alors, qui est concrètement, aujourd’hui, votre prochain ou votre prochaine à vous ? – si l’on tient compte de cette définition – Votre conjoint, votre enfant, vos parents, les gens de votre paroisse, de votre village ou quartier, les membres de votre club artistique, sportif ou de loisir, ou les membres de votre équipe de vie, de mon année d’ordination…

Voilà ! c’est ça, votre prochain. Ce sont les gens qu’on fréquente habituellement et avec qui en principe on s’entend bien parce qu’on partage les mêmes valeurs, la même culture, la même proximité de vie...

 

Bon. Maintenant, revenons à l’Evangile. Vous allez voir comment le sens de ce mot va glisser

-        « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort. Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté. De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté. Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha… »

-        - à ton avis, qui a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ?

 

Vous vous souvenez qu’on disait tout à l’heure que le prochain, c’était celui qui nous était proche par la vie, la culture, le milieu social, les valeurs, etc ?

Alors, qu’est-ce qu’il peut y avoir de plus éloignés, de moins proches l’un de l’autre que ce Juif qui venait de Jérusalem - donc attaché au Temple et à la « bonne » religion, et ce Samaritain membre d’une communauté considérée comme hérétique et que les Juifs détestaient ?  De plus, l’homme blessé à terre et perdant sans doute son sang est impur selon la Loi, ce qui justifie que ni le prêtre ni le serviteur du Temple qui passaient par là, ne se risquent à l’approcher : le tabou du sang est très important pour un Juif

Et ainsi, selon la parabole, c’est un étrangerun païenun ennemi qui prend soin du blessé, qui s’est approché – donc s’est fait le prochain de l’autre, comme a dû le reconnaître le docteur qui interrogeait Jésus !

 

Quel renversement! Le prochain, ce n’est plus celui qui est proche par la vie et les valeurs, mais c’est celui dont on se rend proche, en réalisant notre commune humanité qui fait casser les barrières sociales, religieuses, et les convenances.

 

L’image du « bon Samaritain » fait partie de notre culture catholique. C’est l’interprétation "morale" que nous connaissons le mieux : Il faut aider son prochain en toutes circonstances, surtout quand il est dans le besoin.

Voici une autre interprétation, qui ne supprime pas la première mais la complète :

 

Imaginez que l’Homme qui descend de Jérusalem vers Jéricho, c’est vous.

Sur ce chemin rocailleux et pénible de la vie, vous êtes attaqué par des bandits qui vous dépouillent et vous rouent de coups.

Ces bandits peuvent être des personnes, mais aussi des événements qui vous ont traumatisés.

Ils vous ont dépouillé : qu’est-ce qui vous a été pris ?  La santé ? De l’argent, de la sécurité ? Un être cher ? La paix du cœur ? L’amour et la joie de vivre ?

Ils vous ont laissé, ces événements, par terre, plein de blessures physiques et morales, déprimé et impuissant.  Vous êtes comme mort.

Des gens passent, dans l’indifférence ou la fuite devant le malheur : des personnes bien-pensantes, religieux certainement, ou peut-être même des amis, des gens proches dont on aurait attendu un secours, une aide.

Ils ne font rien et s’éloignent sans vous toucher du bout des doigts...

Vous les voyez, ces personnes que vous auriez aimé voir à vos côtés.............................?

Et puis, de façon inattendue, quelqu’un s’est arrêté. Quelqu’un s’approche, se fait proche, et vous touche de sa voix et de ses mains avec délicatesse. Il a la figure d’un étranger, d’un inconnu. On fait attention à vous. Votre malheur vous paraît un peu moins insupportable.

Vous voyez, dans votre vie, celui ou celle qui ont été comme le Samaritain de la parabole ?

Vous vous souvenez de ce qu’il ou elle a réveillé en vous, l’espoir, la confiance, le courage de croire en la vie ?

Vous n’oublierez jamais cette personne, son visage est inscrit au plus profond de votre cœur.

Eh bien, sachez que cette personne, ce Samaritain, 

c’est le Christ ! Au travers de celui ou ceux qui se sont approchés de vous, c’est Jésus qui se faisait votre prochain.


Il s’est abaissé en descendant dans notre nature humaine, Jéricho est le point le plus bas d’Israël, pour venir à notre rencontre, et prendre soin de l’Humanité blessée par le péché, de l’homme par terre, de moi, de vous.

Il a versé sur nos blessures le vin et l’huile des sacrements et de sa Compassion,

puis il nous a chargé sur sa monture (la croix, devenue levier d’amour) pour nous confier à l’Auberge de l’Eglise qui est comme dit le pape François, un « hôpital de campagne », un hôpital de guerre où toutes les blessures de l’humain sont soignées avec l’amour même de Dieu…

Peut-être qu'en ce moment, le bon Samaritain Jésus est en train de guérir votre blessure par la Parole que vous avez entendue, par la grâce qu’il a donnée à l’Eglise ? « La parole que je te donne aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte. Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur... »

=>Nous avons tous la mission de conduire les hommes souffrants, nos frères, à l’Auberge de la Miséricorde, dit le pape François. De bénéficiaires, nous devenons collaborateurs de la Miséricorde et de la Compassion du Christ.

« Fais ainsi, et tu vivras ! »    





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