A DIM 21 - Pour vous, qui suis-je ?

 


Peut-être cela vous est-il déjà arrivé que quelqu’un, un ami, un conjoint, quelqu’un de tout proche de vous, vous pose cette question : « Qui suis-je pour toi ? Qu’est-ce que je représente pour toi ? »

Crise de confiance ou sondage de sentiments ?

Dans tous les cas, ce n’est pas toujours facile de répondre, même si on est très sincère, car les mots choisis pour répondre nous engagent dans ce que nous avons de plus profond : notre cœur !

Jésus, au milieu de sa montée vers Jérusalem, le point culminant de sa mission, semble tester ses disciples. Ce n’est pas tant ce que les gens pensent de lui qui l’intéresse, mais surtout ce que croient ses disciples qu’il a formés et accompagnés depuis 3 ans.

« Pour vous, qui suis-je ? »

Il n’attend pas de ceux qui l’ont suivi une réponse convenue, une réponse de catéchisme apprise par cœur, mais un vrai acte de foi. Que dit ton cœur ? Que dit l’Esprit dans ton cœur ?

C’est le moment de faire silence, de fermer les yeux et de descendre dans son cœur pour y trouver ce que cette personne, Jésus en l’occurrence, représente pour moi. Tout ce qu’il est pour moi…

Pierre va parler au nom de tous. Logique, c’est le premier Pape ; à travers lui, c’est toute l’Eglise qui parle.

« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »

Réponse impensable pour un Juif croyant : Dieu n’a pas de fils ! Et le mot Christos est la traduction grecque de l’hébreu messiah, le Messie, celui qui a été consacré par Dieu pour sauver le peuple selon la promesse.

Pierre dit quelque chose d’énorme. On ne devrait pas s’habituer aux mots, surtout dans la liturgie : Il nous est si banal de dire que Jésus est le Fils de Dieu, le Christ ; si banal que parfois certains pensent que Christ est le nom de famille de Jésus ! …En plus, ici chez saint Matthieu, Pierre ajoute : « le Fils du Dieu vivant » : par opposition aux idoles sans vie, Jésus est celui qui vient de Celui qui donne la vie et qui vaincra la mort.

Ce n’est pas possible que tu aies trouvé cela tout seul, lui dit alors Jésus ; « ni la chair ni le sang, mais c’est mon Père qui est aux cieux qui t’a révélé cela. » Jésus confirme donc bien sa filiation divine, c’est un moment unique et très fort… !

On peut féliciter Pierre : 10 sur 10 ! Passage d’examen réussi ?

Il s’agit de bien plus que cela. Comme je le disais, Pierre parle au nom de l’Eglise. Et quand Jésus dit à Simon : « Tu es Petros, le caillou » et qu’il ajoute : « Sur cette pierre, -petra, le roc-, je bâtirai mon Eglise », ce n’est pas la personne de Simon-Pierre qui est ce roc (d’ailleurs on a bien vu sa fragilité humaine dans la suite), mais sa Profession de foi qui est celle de l’Eglise entière : voilà le rocher solide et inamovible qui est la fondation sur laquelle s’édifie la communauté.

Jésus utilise deux images pour désigner son Eglise : D’abord celle de la maison construite sur le roc de la foi et contre laquelle le pouvoir de la mort n’aura pas de force, et celle des « clés » - les clés c’est ce qui ouvre et ce qui ferme ; c’est donc le pouvoir donné à la communauté de faire entrer en son sein les hommes qui cherchent le salut – ceux qui le refusent se placent eux-mêmes dehors. Il ne faut pas voir dans ces « clés » un pouvoir personnel de Pierre et des Papes sur l’Eglise comme on l’a souvent dit et cru, mais un pouvoir donné à l’Eglise, que Pierre représente, de « faire des petits », des disciples en les adjoignant à la communauté. De même, selon le Concile Vatican II qui l’a bien comprise, l’infaillibilité n’est pas une prérogative individuelle du Pape, mais celle que le Christ a donnée à son Eglise et que le Pape exerce en son nom lorsqu’il parle ex cathedra en exprimant la Foi de l’Eglise.

 

En résumé, ce que Jésus attend de nous, c’est la foi. Une foi vivante et sincère, non pas une connaissance intellectuelle mais une relation vraie et profonde qui s’appuie sur la foi de l’Eglise dont nous sommes les membres, pierres vivantes par le baptême.

 

Dans toutes les situations que je rencontre dans ma vie, il m’est posé la même question : « Qui est Jésus, qui est Dieu pour moi ? »  C’est lui-même qui me la pose, de façon bienveillante mais insistante, très concrète :  C’est dans la façon que je vais agir que je lui réponds. Ma façon de vivre, mes choix et mes décisions, sont la réponse à la question que Jésus me demande chaque jour : « Qui suis-je pour toi ? »

Ce n’est donc pas une question de connaissance abstraite. D’ailleurs, je dois avouer que je ne connais pas Jésus, je ne connais pas Dieu ! Ce que je sais est tellement peu en regard de ce qu’Il est, Lui, dans son mystère inépuisable. Comme l’écrivait magnifiquement saint Grégoire de Nazianze, un père de l’Eglise du 4ème siècle : « Ô Toi l’au-delà de tout ! Aucun mot ne t’exprime, Tu dépasses toute intelligence. Seul, Tu es indicible, car tout ce qui se dit est sorti de Toi ; seul, Tu es inconnaissable, car tout ce qui se pense est sorti de Toi… Comment te nommerai-je, Toi, le seul qu’on ne peut nommer ? »

….Et aussi tout ce que je crois savoir est toujours constamment remis en question par la vie elle-même, et par la parole vivante de l’Evangile qui me dérange dans mes certitudes et m’interpelle…

On ne connaît pas Dieu par les livres de théologie, ni par les cours de catéchisme. On ne peu connaître le Dieu vivant, Jésus Christ, qu’en le fréquentant. Comme n’importe quelle autre personne de notre entourage.

Fréquenter veut dire partager la vie avec, vivre un compagnonnage, une amitié. Prendre du temps pour se rencontrer, s’écouter, se parler. Communier à la vie de l’autre.

Jésus, je ne te connaîtrai jamais assez. Si je réponds mal à la question « Pour toi, qui suis-je ? », au moins je sais ce que moi, je suis pour toi ; et toi, Seigneur, tu es l’Ami que j’ai rencontré un jour sur ma route, et qui ne m’a plus quitté depuis.

Amen.

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