C CAR 03 - Quelle patience !
Dieu est patient ! Nous avons du mal à imaginer la patience de
Dieu. Il est plus patient que mon papa, qui, à 80 ans, essayait encore de se
faufiler entre les caisses du supermarché pour gagner une place ou deux…et quelques secondes.
Il est plus patient encore que les astronautes de la station orbitale
qui ont dû attendre neuf mois pour être secourus…
Il est plus patient que mes amis qui doivent supporter mes défauts, et
qui de temps en temps doivent me rappeler que je ne peux pas tout faire en même
temps…
Il est bien plus patient que moi !
C’est vrai qu’il a le temps, lui. Comme dit la Bible : « Pour Dieu, mille ans sont comme un
jour, et un jour est comme une heure dans la nuit ». (N’essayez pas
cette phrase avec les employés qui surveillent les parcmètres en ville, ça ne
marche pas !)
Oui, Dieu est patient. C’est sa nature. Parce qu’il est AMOUR, et que la nature de l’amour, c’est d’être patient envers les êtres aimés, tous les êtres…
Il est patient, et pourtant, il est exigeant à sa façon. Pour nous l'expliquer, il nous montre ce buisson qui flambe sans se consumer : c’est par cette image que Dieu s’est révélé à Moïse.
Brûler sans se consumer : Impossible aux yeux des hommes et
pourtant une réalité en Dieu.
Si nous, il nous arrive peut-être parfois d’être ardents, de brûler
d’amour pour quelqu’un, très vite, on deviendra impatient, et on voudra
le faire changer… lui faire produire les fruits qu’on attend, qu’on espère de
lui…
C’est vrai des couples entre eux, des parents vis-à-vis de leurs
enfants, des curés vis-à-vis de leurs paroissiens, des paroissiens vis-à-vis de
leurs responsables d’Eglise, etc.
La parabole du figuier pour qui le vigneron demande un délai de grâce
au Maître, est bien écrite pour nous tous, impatients que nous sommes.
Brûler sans se consumer… et sans consumer l’autre ! La Patience de Dieu... !
Comme il nous libère sans cesse des entraves qui paralysent notre amour, notre engagement, notre solidarité. Il a libéré son peuple pour le faire entrer en Terre promise…
Mais la vie réelle nous semble par moments insupportable. Les maladies,
les accidents, les morts ressenties injustes nous révoltent. Et nous disons
parfois « Qu'avons‑nous fait au Bon Dieu pour mériter cela ? »
« Pourquoi Dieu
m’a-t-il pris mon enfant, mon mari ? Mon cancer, celui d’Emilie Dequenne ?
Pourquoi Dieu
laisse-t-il les assassins agir ? Et tous ces morts, à Gaza, en Ukraine ?
Les tremblements de
terre et les immeubles qui s’écroulent comme à Siloé ?
Pourquoi
n’empêche-t-il pas tous ces malheurs ?
Sa réponse nous
étonne : « Vous croyez que ces gens étaient de plus grands
pécheurs que les autres ? Eh bien pas du tout ! » « Mais,
ajoute-t-il, si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même ! »
Là, on ne comprend plus rien ! N’est-ce pas une menace ? Cela ne ressemble pas au Jésus plein de miséricorde tel que saint Luc nous le montre tout au long de son évangile !
Pour comprendre cet
avertissement – et c’en est un – il faut relire la parabole du figuier
qui suit immédiatement : Il est question d’un fruit qui n’arrive pas au
temps de la récolte, et ce depuis trois ans. Il est stérile. Le propriétaire
est déçu ; pour lui, ce figuier est déjà comme mort. On ne peut plus que
le couper et en faire du bois de chauffage.
Voilà une première
explication de la réponse abrupte de Jésus : « si vous ne vous
convertissez pas, vous périrez tous de même ». En fait, si pour lui aucun
des malheurs qui frappent les humains ne sont imputables à Dieu, de tels
événements tragiques nous rappellent notre propre fragilité : A tout
moment, sans que Dieu le veuille, notre vie peut s’arrêter là… et nous n’aurons
plus alors le temps ni la possibilité de porter du fruit, de réaliser ce pour
quoi Dieu nous a créés, en particulier aimer, apporter de l’amour, de la joie, accomplir
les œuvres de justice et de miséricorde...
Il s’agit non pas
d’une menace, mais d’un appel pressant à la conversion : « Si
vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux… sans avoir eu le
temps de porter du fruit ! »
Traduction : Ne
vivez pas comme des idiots, pour finir stériles comme du bois mort !
En fait, Jésus insiste pour que je ne remette pas au lendemain ma conversion. Le temps dont je
dispose, c’est aujourd’hui, c’est maintenant. Demain ne m’appartient pas. Et je
ne peux rien changer de hier.
Le temps de la
conversion est court, c’est vrai – est-ce que je peux dire que j’ai vraiment
commencé ? – mais heureusement, il y a la suite de la parabole du
figuier, qui devient une parabole de la miséricorde, ou plutôt de la
patience de Dieu :
« Maître, dit le vigneron (Jésus !) laisse-le
encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier (celui
de la parole d’évangile, des sacrements…) : Peut-être donnera-t-il du
fruit à l’avenir ? Sinon, tu le couperas. »
Et on suppose que le
propriétaire a acquiescé à cette demande.
Ma Prière:
Mon Dieu, je sais
combien tu es patient envers moi. Moi, souvent, je cherche des coupables, des
responsables, au lieu d’entendre tes appels à travers ces douloureux événements
du monde. Seigneur, aide-moi à me convertir, c’est-à-dire à me détourner de moi-même
pour te regarder en renonçant à ma façon de penser, de juger, pour rejoindre ta
pensée, ton jugement d’amour et d’espérance sur tout homme, tous mes frères et soeurs et
sur moi-même.
Seigneur, aide-moi à bien utiliser le temps que tu me donnes ! Et donne-moi de Ta patience ; à la fois de l’ardeur et de la patience, pour ne pas m’endormir sur mes lauriers et avoir en même temps confiance que, par ton Esprit, « jamais comme aujourd’hui, tant de lumière et de feu, de force de vie et d’amour chemine souterrainement, discrètement mais efficacement dans le monde pour le féconder et lui faire porter du fruit ! » (Chiara Lubich, fondatrice des Focolari)
Profitons
de ce Carême pour faire un grand pas en avant, dans la prière et la solidarité
qui nous engagent dans l'Église et la société. En un mot, que notre Carême soit
vrai : le projet d’Entraide & Fraternité cette année nous invite à
soutenir nos frères paysans du Pérou qui luttent pour une vie digne et un
avenir pour leurs enfants. Soyons généreux ! Demain
risque d’être trop tard !
Seigneur, tu as dit à Moïse : « J’ai vu,
j’ai vu la misère de mon peuple ».
Aujourd’hui encore, tu prononces ces paroles.
Tu partages les peines et les souffrances des femmes
et des hommes dans la détresse.
Tu n’es pas responsable des guerres, de la faim, de la
pauvreté, des fractures de notre histoire mais tu renvoies chacun à son petit
niveau de responsabilité pour changer les choses.
Qu’en ce temps de carême, nous ayons à cœur de mettre un peu d’humanité et de fraternité dans notre monde par des gestes qui nous engagent. Merci de Ta patience et de Ta confiance, Tu remets dans nos mains fragiles un monde nouveau à construire :
aide-nous à pouvoir dire comme Moïse : « Me
voici. » Amen.
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