B DIM 14 - Histoire de famille
« Nul n’est prophète en son pays ! »
Sans doute, au soir des élections, qu’elles soient françaises, anglaises ou européennes, beaucoup de candidats pourront méditer ce proverbe qui semble être de la bouche même de Jésus.
« Beaucoup d’appelés et peu d’élus », avait-il aussi lancé un jour. En tout cas, ce ne sont pas toujours ceux qu’on attendait qui sortent vainqueurs des urnes…
D’après un article de journal, en France, à la faveur du second tour des élections législatives, le débat sur la montée irrépressible du Rassemblement National et sa victoire dans les sondages, ce débat s’est invité à la table des familles française, et cela discute fort dans les chaumières ! Quelquefois même on s’échauffe, on s’engueule et on claque la porte. Et tant pis pour le dessert.
Ah, la politique !
Déjà que les histoires de famille, c’est parfois fort compliqué ! En général, j’essaye de ne pas trop m’en mêler.
Trop souvent, à vouloir arranger les choses, on ne fait que les envenimer. Vous en avez peut-être déjà fait vous-même l’expérience ?
En tout cas, Dieu lui-même semble avoir des problèmes de famille, et des gros !
C'est d'abord son
peuple, le Peuple de Dieu qu'il qualifie de "nation rebelle qui s'est
révoltée contre moi". Ouf ! Rien que ça !
C'est ensuite son
Fils, son Fils unique, qui n'arrive pas à se faire entendre dans son propre
village.
Et même St Paul, le
dévoué St Paul, qui reconnait avoir en sa chair "une écharde, un envoyé de
Satan qui est là pour me gifler".
Revenons à l'Evangile.
Apparemment, et au
moins depuis le début de son ministère public, Jésus n'habite plus à Nazareth,
le village de son enfance, mais à Capharnaüm dans la maison de Simon-Pierre. Cela
se comprend aisément : Capharnaüm est une ville-carrefour, alors que Nazareth
reste un village paumé, à l'écart de tout.
En plus, visiblement, ça ne se passe pas très bien entre Jésus et sa famille : on veut le faire enfermer parce que, pense-t-on, "il a perdu la tête !"
Malgré tout –et c'est le texte que nous venons d'entendre- Jésus revient dans son village. Et là, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il fait un gros flop.
Bon… l'évangile essaie d'atténuer un peu les choses : beaucoup sont "frappés d'étonnement", écrit gentiment Marc.
Mais la réalité est là. On ne l'écoute pas, il ne peut faire aucun miracle, et lui-même s'étonne de leur manque de foi.
Histoire de famille ?
Oui, et qui préfigure
le rejet du Christ par son propre peuple.
"Un prophète
n'est méprisé que dans son pays, sa parenté, et sa maison".
Mais la Providence,
comme vous le savez, écrit droit avec des lignes courbes ! Peut-être en
partie grâce à ce rejet, Jésus découvre peu à peu que sa mission l'appelle plus
loin, au-delà des barrières et des frontières :
"Alors, il
parcourait les villages d'alentour en enseignant".
Et sa mission sera
universelle, pour les hommes du monde entier, et de tous les temps.
Reste que… histoire de famille quand même.
Nous sommes
aujourd'hui enfants de Dieu.
Et, par notre
baptême, frères et sœurs de Jésus Christ.
Partageant la même
dignité.
Avec lui et en lui, ressuscités.
Mais quelle sorte de famille sommes-nous réellement ?
Une famille ouverte,
accueillante… ou au contraire une famille fermée sur elle-même, renfrognée sur
ses propres problèmes, incompréhensible et inaccessible pour les autres ?
Je me demande si nous
ne sommes pas nous aussi, et je me mets dedans, un "peuple de
rebelles".
Rebelles à la Parole de Dieu, aux exigences de l'amour, rebelles à l'Evangile du Christ, Jésus notre frère.
Tant de paroles du
Christ nous choquent, nous heurtent ou, à tout le moins, nous paraissent
inaccessibles :
"Aimez vos
ennemis"
"Va, vends tout
ce que tu as et suis-moi"
"Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés".
Ces paroles, et tant
d'autres nous paraissent tellement radicales que, bien souvent, nous préférons
ne pas les entendre, ou alors, comme les proches de Jésus, nous nous disons
simplement : "Il a perdu la tête".
Pourtant, c'est vrai,
Jésus nous aime, plus que nous n'aimons notre propre famille.
Il nous a aimés
jusqu'à la croix.
Il nous a aimés
jusqu'au matin de Pâques.
Et là, tout simplement, il nous dit:
"Allez, viens,
je t'attends. Parce que tu es de ma famille, (de mon clan, de mon ordre et de mon rang), parce
que tu es mon frère, ma sœur. Parce que je t'aime.
Mon message, mon
programme d’amour te dépasse infiniment ; après tant d’années, tes rêves,
ton idéal de jeunesse se sont émoussés, tu n’es pas arrivé à te changer, toi et
encore moins la société si violente et si brutale.
Tu as peut-être fait
comme moi l’expérience qu’un prophète est souvent méprisé dans son pays, sa
parenté, sa maison…
Alors, tu es prêt à entendre cet autre message que je te donne aujourd’hui : " Ma puissance donne toute sa mesure dans ta faiblesse. Crois seulement ! "
Et alors, lorsque
parvenu au bout de ton chemin, tu te diras : "Je n’ai rien fait", en fait, tu auras
tout gagné ; car branché sur l’arbre de ma Famille, l’arbre de la Croix,
tu auras porté des fruits de vie éternelle, sans t’en rendre compte. C’est dans
ta faiblesse que ma puissance a pu donner toute sa mesure !
Mes amis, je vous souhaite de le découvrir comme je l’ai découvert et expérimenté moi-même au cours de toutes mes années d’apostolat et de vie chrétienne.
Mon plus grand étonnement, c’est toujours quand le Seigneur me montre tout ce qu’Il a pu réaliser et construire avec si peu de dons et de qualités, de sainteté, de ma part - malgré toutes mes pauvretés, mes limites, mes fragilités. Mais je devrais peut-être dire : grâce à elles ! Ce sont les autres qui m'ont appris à aimer...
…Et surtout, parce
que moi, nous tous, nous sommes de ta famille, tous prophètes de l’Amour indéfectible
et inaliénable du Seigneur pour tous nos frères les hommes !
Amen ! Alléluia.
"Tu es de ma famille" (Génération Goldman)
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