C PAQUES 03 - "M'aimes-tu ?"
Chers sœurs et frères, … aimez-vous Jésus ?
???
Vous allez me répondre : mais oui, évidemment ! Quelle drôle
de question !
Tous les chrétiens aiment Dieu et Jésus
Christ. Ça fait partie de leur éducation. De notre éducation…
Bon. Mais soyons plus pointu : De
quel amour aimez-vous Jésus ?
Ah ça c’est déjà plus embarrassant… Je
me suis posé la même question à propos de moi-même, et j’ai essayé d’y
réfléchir.
Parce que, la question que Jésus pose à
Simon-Pierre dans l’évangile de ce dimanche, je crois que c’est aussi à
chacun de nous, finalement, qu’il la pose : « M’aimes-tu ? »
« M’aimes-tu plus que ceux-ci ? »
Peut-être que quelqu’un vous a déjà posé cette question un jour dans votre vie… votre amoureux-se de l’époque (c’est peut-être toujours la personne avec qui vous vivez aujourd’hui).
Avouez que la question est embarrassante, délicate même, et qu’on n’a pas envie de répondre par-dessus la jambe, comme dans un vieux couple : « chérie, si je ne t’aimais pas, il y aurait longtemps que je t’aurais quittée ! »
« M’aimes-tu » peut suggérer
qu’il y a un doute.
Pour ce qui est de l’apôtre Pierre, après
son reniement, cela semble assez évident.
J’aurais pas voulu être dans les
souliers de Pierre à ce moment où Jésus le regarde et l’interroge ; son
reniement est encore très présent à son esprit, et la honte qui va avec.
Peut-être même qu’il n’ose même pas regarder Jésus dans les yeux…
Cependant, j’admire la finesse
psychologique du Seigneur : Pour sortir Pierre de sa culpabilité et de son
sentiment de honte, il va toucher son coeur trois fois avec la même question, exactement
là où ça fait mal, comme avec un fer rouge pour cautériser une plaie.
Trois fois, comme le triple reniement
de Pierre.
« M’aimes-tu plus que ceux-ci ? »
- plus que les tiens, que tes proches du même sang, tes amis et compagnons ?
M’aimes-tu d’un amour préférentiel, au-dessus de tout ?
-Une fois, il répond oui dans la gêne. « Sois
le berger de mes agneaux », dit Jésus.
-Deuxième fois : étonnement, peur,
Pierre va chercher plus loin dans son cœur : Oui Seigneur, tu le sais je t’aime.
« Sois le pasteur de mes brebis. »
-La troisième fois, Pierre lâche tout :
« Seigneur, toi tu sais tout, tu sais que je t’aime !! » Jésus
le confirme comme s’il le prenait dans ses bras - il lui redit sa
confiance : « Sois le berger de mes brebis ». Désormais, tu
tiendras ma place ; tu accompliras ma mission.
Pierre est guéri de sa culpabilité, de
sa honte. Il ira désormais jusqu’au bout, jusqu’au don de sa vie. L’amour pour
Jésus a pris en lui toute la place.
Remarque en passant : Quand jésus confie une mission, une responsabilité dans son Eglise, il ne demande pas si la personne a les qualifications requises, les connaissances et les aptitudes, le certificat de bonne vie et mœurs… Il ne veut pas savoir quel a été son passé et quelles garanties il peut fournir. Il ne demande même pas comme il le fait souvent avant de guérir quelqu’un, si cette personne a la foi… Non, ici, une seule question, une seule demande : « M’AIMES-TU ? »
L’amour-agapè, l’amour-caritas suppose bien entendu la confiance, requiert la foi. Mais avec cette dimension particulière où c’est non seulement une adhésion de l’esprit ou intellectuelle comme peut l’être parfois une certaine croyance, mais plus encore ici une participation de tous l’affect, un attachement du cœur proprement viscéral.
Avant cette rencontre au bord du lac, Simon-Pierre
pouvait ressentir un amour pour Jésus, bien sûr, mais un amour fait d’illusion.
Il avait en quelque sorte aimé son
Maître..., mais avec l'amour qui vient de la chair. L'amour qui est humain avec
ses hauts, ses bas, ses prétentions, sa volonté propre, ses préférences, et
aussi ses lâchetés, ses trahisons ….
Terrible illusion pour Pierre !
Il avait montré, pourtant, tellement d’impétuosité, tellement d’audace pour son
Maître ! Pierre avait dit: «je donnerai ma vie pour toi …» (Jean 13,37).
Nous savons quelle réponse il recevra du Maître !!
Pierre avait cru cela ….. résultats amers ….
Il lui fallait passer à un tout autre niveau, une autre nature d’amour : l’amour selon le Christ. « Aimez-vous comme moi je vous ai aimés. » C’est l’amour divin ! Et nous en sommes tous bien incapables ! Bien incapables… sinon par la grâce de l’Esprit Saint, l’Esprit d’Amour de Jésus, que nous recevons à notre baptême mais qu’il nous faut accueillir et laisser nous envahir tout entiers, nous rénover et transformer à l’image de Jésus.
Dans nos vies à nous, nos vies de
couple, nos vies de famille, de communauté, nous devons aussi passer chaque
jour de l’amour-illusion à l’amour-agapè, l’amour selon Dieu. C’est cela la vie
chrétienne ! Et c’est pour cela que nous avons tant besoin de l’Esprit
Saint.
« M’AIMES-TU ? » « M’aimes-tu
plus que toutes les créatures que je t’ai données pour qu’elles te fassent
penser à moi et m’aimer ? »
=> Nous sommes peut-être prêts maintenant
à répondre à cette question que Jésus nous adresse aujourd’hui…
…Et cela sans désespérer de nous-mêmes, ni nous résigner à notre médiocrité, car lui, le Seigneur, il espère, il espère sans cesse de nous voir lâcher nos illusions, nos honte et nos culpabilités, ou notre autosatisfaction, lâcher tout enfin, pour nous conduire dans le véritable Amour qui nous place au cœur de la Trinité. Comme pour Pierre, nous avons besoin d’une nouvelle rencontre avec le Seigneur !
C’est ce qu’il a fallu à Pierre....ce
nouveau contact intime avec Jésus. C’est alors seulement, après cet entretien
avec Jésus, et après l’expérience de la Pentecôte, que nous découvrons un
nouveau Pierre ! Non plus quelqu’un qui se ceignait lui-même et qui allait
où il voulait, mais qui se laissera conduire par le Saint-Esprit ! Il est
maintenant rempli de l’amour de Dieu qui, cette fois-ci, lui donnera la force
d’aller jusqu’au martyre !
Comme Pierre, à divers moments de ma
vie, j’ai dit à Jésus et je lui redis aujourd’hui : « Oui,
Seigneur, toi tu sais tout, tu sais bien que je t’aime et que je veux t’aimer
davantage que tout ! » Je me suis souvent demandé comment Jésus
avait pu mettre une telle confiance en moi, …eh bien je crois que la réponse
est dans le texte d’évangile de ce jour !
Et, comme le Seigneur nous confie à
chacun de nous aussi alors une petite ou grande responsabilité, il dira au
prochain pape, celui que les cardinaux vont bientôt élire :
« Tu es Pierre. Puisque tu m’aimes,
je te confie mon troupeau. Conduis-le en écoutant la voix de l’Esprit en toi. Sois
le berger de mes brebis, et suis-moi. »
Notre église, à l’image de Pierre, est un peuple de pécheurs pardonnés. Elle doit être dans le monde le signe de l’amour miséricordieux de Dieu. C’est la vocation du pape, successeur de Pierre, mais aussi notre vocation à tous, en toute humilité et dans l’amour-agapè qui nous fait être toujours plus proches des pécheurs et de ceux qui sont dans le malheur, la tristesse et le doute.
ENVOIE TON ESPRIT, SEIGNEUR, SUR NOTRE EGLISE ET SUR LE PAPE QUE TU NOUS ENVERRAS. AMEN.
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