FETE DE SAINTE TERESA DE CALCUTTA

 

JEUDI 5 SEPTEMBRE 2024 – mardi 22è sem ord  (1 Co 3,18-23 / Lc 5, 1-11)

Fête de sainte Mère Teresa de Calcutta

 (messe au CHRAM pour les 80 ans d'Alphonse Masson)


Décidément, il n’est pas rancunier, Simon-Pierre ! Jésus vient de guérir sa belle-mère qui était alitée avec de la fièvre, et juste après, voilà ce Jésus qui vient squatter sa barque de pêcheur en empêchant Pierre de faire son travail et de réparer ses filets... !

Pierre, non seulement va le laisser faire, mais en plus il va obéir à Jésus qui lui commande d’aller au large et de jeter ses filets. Et il n’en revient pas, Pierre, de la prise extraordinaire et inattendue qu’il va faire ! …C’est ainsi quand on laisse le Christ s’inviter dans nos vies. Tout peut alors arriver.

La barque de Pierre, c’était sa vie. Jésus s’invite, il embarque dans la vie de Simon-Pierre, et Simon-Pierre laisse tout pour s’embarquer avec Jésus. Et une fois qu’il a décidé de laisser le gouvernail à Jésus, alors que c’était lui le patron de la barque, il a vu quelle surabondance cela apportait de travailler avec Jésus, sous ses ordres.

Il a vu, il a été émerveillé et en même temps il a pris conscience de sa petitesse, il a bazardé son orgueil de patron chalutier aguerri : « éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ! »

Plus on travaille avec Jésus, et pas seulement pour lui, mais avec lui, en lui laissant les commandes, plus on réalise et on comprend que tout ce qui arrive de bon et de beau, les succès inespérés, les bonnes surprises, tout cela ne vient pas de nous ! Cela nous est offert, c’est le fuit de la grâce – mais le Seigneur nous demande de vraiment le laisser faire, et de collaborer en faisant tout ce qu’il nous demande.

« Agis comme si tout dépendait de toi, en sachant qu'en réalité tout dépend de Dieu », écrivait saint Ignace de Loyola. Saint Augustin fait dire à Jésus, et cela devrait nous rassurer, nous revitaliser : « donne-moi cet homme [donne-moi ta vie]. Lorsque je l'aurai rempli [de ma présence], on verra clairement que c'est moi seul qui agis ». Un autre grand priant, saint Cassien, exprimait que Dieu n'a pas besoin de nos forces mais de nos faiblesses.

Cette leçon, je l’ai souvent méditée – mais j’arrivais pas toujours à la mettre en pratique. Et il y a encore peu de temps, quand j’étais curé d’une UP pas très facile, j’étais loin encore de l’appliquer vraiment dans ma vie ; trop souvent j’ai cru qu’en réalité tout dépendait de moi -et alors vous savez quoi ? Et bien j’ai fait un burnout.

Maintenant, je lâche prise, je ne cherche plus à contrôler, et j’essaye un peu plus souvent d’abandonner ma volonté et de laisser davantage faire le Seigneur !  …il a fallu le temps, n’est-ce pas ? En fait, c’est dans la prière qu’on abandonne sa volonté au Seigneur, et là j’avais difficile, je le confesse. Sainte Mère Teresa que nous fêtons, le répétait : « la prière engendre la foi, la foi engendre l’amour et l’amour engendre le service aux pauvres. Et plus nous recevons et nous fortifions dans la prière, plus nous pouvons donner dans la vie active. Prier est une nécessité. Sans elle, toute notre activité n’aurait aucun sens et ne pourrait exister. »  

Elle pouvait en parler, elle qui arrivait toujours la première à 5 heures du matin à la chapelle, avant d’entamer avec ses sœurs une longue journée de travail mais qui était encore entrecoupée de prière et de lecture spirituelle, et qui se terminait par la prière du soir avant le coucher. Tous les gestes du quotidien devaient se faire en esprit de prière… Elle recommandait à ses Sœurs de la Charité de pratiquer un abandon total, « total surrender ». Elle priait sans cesse. Même si elle était fatiguée après un long déplacement ou si elle était malade. Pour elle, les temps de prière, l’adoration, la méditation et la messe étaient les moments les plus importants de la journée. On la voyait marcher d’un pas rapide, son chapelet à la main. Plus que tout, Mère Teresa aimait prier.

Elle avait été invitée un jour à Las Vegas pour une grande conférence de différents mouvements. Elle ignorait tout de la ville-casino et a dit : « D’accord, allons-y. Comment est-ce ? » Ses collaborateurs ont commencé par lui dire que Las Vegas se trouvait en plein désert. Elle s’est exclamée : « Oh ! je veux y aller, je veux voir le désert et je veux y prier, comme Jésus ! » De Las Vegas elle n’a retenu que le désert, où elle est allée prier, comme elle le voulait. Le reste, les néons et les lumières extraordinaires de la ville, les salles de jeux, les machines, cela n’avait aucune importance…

Voilà, on a avec sainte Mère Teresa un magnifique exemple d’une vie de grande cohérence évangélique, car tout ce qu’elle a pu réaliser d’extraordinaire au service des plus pauvres, c’est dans l’ordinaire d’un quotidien où Dieu avait la première place que ses actions ont pris force et racines. On l’a souvent prise pour une folle de son vivant, même par les supérieurs religieux ou ecclésiastiques, car elle se lançait dans des projets jugés irréalisables comme sa Cité Nirmal Hriday où sont accueillis les pauvres de la rue et les mourants.

Paul ne nous invite-t-il pas dans la 1ère lecture de devenir un peu – beaucoup « fous », nous aussi ? Soyons donc des fous, des fous à la manière de Dieu qui a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils prendre notre nature humaine en se dépouillant de sa gloire, et donner sa vie pour que nous lui appartenions : « Tout est à vous, conclut Paul, mais vous vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu ». À lui seul nous appartenons. Et c’est notre fierté.

Cher Alphonse, toi aussi tu appartiens au Seigneur ; tu as été formé chez les Oblats et toute ta vie tu t’es consacré à partager les dons que Jésus t’avait fait ; entre autres comme visiteur de malades et responsable de l’aumônerie de la clinique de Malmedy. Tu n’aurais pas pu le faire si tu n’avais pas une profonde vie intérieure et la conviction que le pauvre, le malade, le souffrant, c’est Jésus : « ce que vous avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait ». Je suis très honoré de te succéder, j’espère remplir ma mission avec autant d’amour et de générosité que tu en as montré.

Avec toute l’équipe des visiteurs qui te remercient pour ce sens fraternel et la fidélité avec lequel tu as assumé cette responsabilité, avec Olga ta chère épouse et nos amis ici présents, nous te souhaitons encore un heureux anniversaire 10 x 8 ( 8 = le chiffre de la Résurrection) ! 

 

 

Citations de Mère Teresa : “La solitude et le sentiment de n'être pas désiré sont les plus grandes pauvretés.” “La plus grande souffrance est de se sentir seul, sans amour, abandonné de tous.” “Ce qui compte ce n'est pas ce que l'on donne, mais l'amour avec lequel on donne.”

Une lettre en 1993 revenant sur cette expérience du 10 septembre où elle a entendu Jésus lui dire qu’il a soif de nous : « Si vous devez retenir quelque chose de moi, retenez ceci : J’ai Soifest bien plus profond que Jésus vous disant « Je vous aime ». Tant que vous ne savez pas au plus profond de vous que Jésus a soif de vous, vous ne pouvez pas savoir qui il veut être pour vous. Ou qui il veut que vous soyez pour lui ».

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