C DIM 25 - Money, money...!

 

25è dimanche ordinaire C -  Money, money… !

 

Si vous avez bien écouté les lectures d’aujourd’hui, vous avez dû être interloqués, surpris, ou même choqués !

Que le prophète Amos dénonce avec force les manigances de ceux qui réduisaient les pauvres d’Israël en esclavage, trichant sur les poids et mesures pour vendre plus cher les produits indispensables à la survie des petites gens, cela nous paraît tout-à-fait normal, car Dieu a l’injustice en horreur, surtout quand elle écrase les plus faibles.

C’est heureux qu’on trouve des passages comme celui-là dans la Bible, car notre monde d’aujourd’hui n’est hélas pas très différent sur ce rapport. Pas grand-chose ne semble avoir changé, et Amos souligne le cynisme de ces riches commerçants qui tiennent des discours dénués de toute morale… La seule différence avec l’époque d’Amos, c’est peut-être qu’aujourd’hui, ces procédés sont à l’échelle mondiale, perpétrés par des multinationales sans scrupules exploitant des peuples entiers dont ils pillent les richesses…  

Mais alors, comment comprendre le passage de l’évangile de Luc, où le maître de la parabole fait l’éloge du gérant malhonnête qui s’était enrichi à ses dépens, et qui de plus, après avoir été licencié, trouve encore le moyen de se servir des dettes contractées par les débiteurs de son maître en les falsifiant pour se faire des camarades et retrouver des soutiens ?

Est-ce que Jésus prônerait la malhonnêteté ? Cela paraît impensable, et cela l’est, effectivement.

D’ailleurs, la suite du texte semble contredire le sens de la parabole.  Il faut être fidèle dans les petites choses avant de pouvoir faire de grandes choses. Et celui qui est malhonnête déjà dans les petites choses le sera évidemment dans les grandes affaires. Ça, on le comprend très bien et on peut bien sûr être d’accord avec.

On ne peut servir 2 maîtres. Ça aussi on le comprend très bien. On ne peut à la fois appartenir à Dieu et à l’esprit du Mal. Le Saint-Esprit ne peut cohabiter avec un démon, en effet nous sommes le temple du Saint-Esprit. Ou on est au service de l’un, ou de l’autre mais pas des 2 à la fois.

Qu’on ne puisse pas servir à la fois Dieu et l’argent (vu comme une idole), cela ne nous semble pas incongru : on en voit trop qui sont complètement pervertis et détournés de Dieu par la passion d’accumuler de la richesse.

Alors, pourquoi Jésus raconte-t-il cette parabole sans queue ni tête ? Il s’agit là du passage le plus compliqué de l’évangile de Luc, et s’il l’a gardée dans son livre, c’est qu’elle doit enseigner quelque chose d’important.

Je pense que la complexité de cette parabole se situe au niveau de l’attitude du propriétaire. On peut comprendre l’agissement du mauvais gestionnaire. C’est un réflexe que l’on retrouve autour de nous. Mais comment ce propriétaire peut-il admirer cette manière de fonctionner ?

 

En fait, Jésus utilise cette parabole pour donner une leçon spirituelle. Il commence par décrire le comportement de ceux qui ne lui appartiennent pas. Le gérant ne va même pas demander pardon au maître et le supplier de le garder en promettant de se corriger et de réparer, mais il s’en tire par une plus grande tricherie encore en s’enfonçant dans le mal. Et Jésus termine la description du « non-disciple » par le Verset 8 : « En effet, ceux qui vivent pour ce monde sont plus habiles dans leurs affaires avec leurs semblables que les enfants de la lumière. »

Constat fréquent : les chrétiens passent souvent pour des naïfs à côté de ceux qui tirent les ficelles et manipulent froidement les règles à leur profit.

 

De ce constat il va en retirer une leçon spirituelle (verset  9) : « Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. »

 

Alors, là, on commence à perdre pied complètement. Qu’est-ce que Jésus peut bien vouloir dire ?

D’abord, il y a un souci de traduction : dans plusieurs versions, le mot qui est traduit ici par « malhonnête » accolé à l’argent, est en fait le mot « trompeur ». On parle de l’argent trompeur, pas du fruit de la malversation, de la fraude ou du blanchiment.

Pourquoi est-il trompeur ? Jésus déclare l’argent trompeur de manière générale quand il devient le but premier de la vie et qu’il fait se pervertir le cœur de l’homme en y introduisant de mauvaises valeurs. Si l’argent peut être un bon serviteur en permettant de faire avec lui beaucoup de bien, il est un très mauvais maître, alors qu’il fait croire qu’il n’est qu’un serviteur. C’est là qu’il est trompeur.

Ce qui nous trouble, bien sûr, c’est que le maître loua le gérant infidèle pour avoir agi d’une manière avisée. Pourquoi approuver une telle malhonnêteté ? Ce que l’économe avait fait était déloyal et injuste. En fait, le maître ne louait pas l’économe pour son escroquerie, mais pour sa prévoyance. Il avait agi avec prudence. Il avait pensé à l’avenir et pris des dispositions en conséquence. Il sacrifia des gains présents pour une récompense future.

: Invitation donc pour les fils de la lumière, les disciples du Christ, à être pareillement prévoyants et créatifs pour non pas amasser des richesses injustes sur la terre, mais se faire comme dit Jésus « un trésor dans le ciel ». Jésus nous demande de travailler davantage à ramasser des trésors célestes en utilisant pour cela les biens terrestres qui sont à notre disposition, sans les réserver à son seul propre usage. Faire du bien sur terre avec l’argent trompeur sans se laisser tromper embobiner par lui, voilà ce qui est demandé.

Les non-chrétiens sont plus malins que vous, voilà, dit Jésus. Leur but est sur terre, et ils savent se faire des trésors. Ils n’ont pas de problème avec ça, et c’est normal puisque ce sont des païens inconvertis. Vous, votre but est en principe au ciel, mais en comparaison, vous ne créez pas de la richesse spirituelle, car vous êtes encore trop de la terre et vous vous laissez berner par l’argent trompeur. Faites-vous donc des amis avec cet argent qui vous possède si bien, en aidant les pauvres, en remettant de la justice, et ce seront eux qui vous accueilleront un jour dans ma demeure, dit le Seigneur.

D’une manière générale, l’homme est un économe-intendant de Dieu ; mais il s’est comporté en économe entièrement malhonnête en privatisant et en gaspillant les ressources de la planète et des autres peuples. Aujourd’hui, il paye cela par le dérèglement climatique et celui de l’économie mondiale.


Les choses de ce monde étant placées entre les mains de l’homme, il ne doit pas s’en servir pour son bonheur présent qui exclut totalement Dieu et exploite les plus faibles, mais les utiliser en vue du futur. Nous ne devons pas amasser des biens pour le temps présent, mais les utiliser sagement en vue de constituer des trésors pour d’autres temps, d’autres générations. Chez les indiens d’Amérique, quand une tribu réunissait les sachems pour les décisions importantes, il fallait que cette décision soit prise en fonction non pas de la génération actuelle seulement, ni de la suivante, ni de la troisième… mais pour le bien de la tribu jusqu’à la 7ème génération ! Un exemple à suivre…

L’appel que Dieu me fait aujourd’hui : 

·  Suis-je au service de Dieu ?

·  Suis-je fidèle dans les petites choses qu’Il me confie ?

·  Amassai-je plus de trésors au ciel que les autres n’amassent de trésors d’ici bas ? Suis-je un bon intendant de ses biens ?



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