Fête de Saint-Jacques le Majeur - ULTREÏA !

 

Fête de Saint Jacques - 25 juillet 2024



Pour l’apôtre Jacques, ils ont choisi des lectures qui lui font sa fête !

Parce que ce n’est pas n’importe qui, Jacques ! Mais il ne le sait pas encore, il n’a pas encore bu à la coupe où son Maître boira, celle du martyre, le témoignage suprême.

Il boira à cette coupe, comme l’annonce Jésus, en l'an 43, lors de la persécution d'Hérode. Etienne avait eu la place de premier martyr ; Jacques le suivit de peu.


À propos de coupe, c’est amusant de faire le parallèle avec les jeux olympiques qui vont justement s’ouvrir demain, le 26 juillet :

En plus d’être international (souvenez-vous de la Pentecôte), il y a de l’émulation, de la compétition chez les premiers chrétiens !

On veut avoir les meilleures places, y compris sur les tribunes d’honneur. Jésus, en partant pour Jérusalem, avait à peine annoncé sa mort prochaine que Thomas s’écriait : « Allons-y, et mourons avec lui ! »

Ils croient encore que Jésus allait rétablir le royaume juif de David, et qu’il allait ensuite distribuer les ministères dans son futur gouvernement.

Rien compris ! Décidément, ils sont un peu bouchés, -pas comme Georges-Louis, bon hein-, un peu bouchés à l’émeri ces super-apôtres !

Ben, nous leur ressemblons un peu peut-être ; est-ce qu’on ne rêve pas parfois nous aussi avec nostalgie à l’époque où les églises étaient pleines et où l’institution-Eglise avait pignon sur rue ?

Mais Jésus les aime quand même comme ils sont, ses compagnons qu’il a appelés à le suivre, jadis au bord du lac de Galilée.

Il ne fait même aucun reproche à Jacques et à son frère Jean qui par l’intermédiaire de leur maman, parce qu’ils n’osent pas le faire eux-mêmes, demandent des tickets pour le stade où va se jouer la dernière compétition, celle où Jésus va montrer tout son pouvoir – croient-ils.

Vous voyez, les J.O. ne sont pas loin !

Il ne leur fait aucun reproche, il leur dit juste avec tendresse : « Vous ne savez pas ce que vous demandez ». Non, Jésus, c’est vrai, moi aussi je ne sais pas ce que je te demande ; mes prières doivent te sembler bien incongrues !

Alors les autres rappliquent évidemment, qui avaient entendu : ils sont indignés qu’on ait essayé de passer avant eux. Eux aussi auraient aimé trôner sur les tribunes du stade, aux côtés du Maître !


Mais qu’est-ce qu’il les aime donc, Jésus, ses embouchés d’apôtres ! Il les aime tellement qu’il va leur donner son secret, qu’il leur répétera le Jeudi-Saint lors de ce fameux dernier repas :

« Moi, le Maître et Seigneur, je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner ma vie. » - Oufti, quoi ? Douche froide d’incompréhension chez les 12.

« Et celui qui veut devenir grand parmi vous (ah,ah, on tend à nouveau l’oreille), celui-là sera serviteur de tous. » Re-douche froide ! « Et celui qui veut être parmi vous le premier sera le dernier, au rang d’esclave. »

Les premiers seront les derniers ! C’est toujours pas avec ça qu’on va gagner aux Jeux Olympiques !

Pour bien faire entrer cela dans leur tête, Jésus va leur laver les pieds le Jeudi avant sa Passion.

Toujours à rebours du fonctionnement du monde, ce Jésus ! Mais il se pourrait bien que ce soit lui qui ait raison, finalement : car c’est lui que Dieu son Père a ressuscité et lui a donné le prix, pas le Grand Prix de Spa-Francorchamps, mais celui d’être pour toujours le Chemin, la Vérité et la Vie.

C’est lui, le Père, qui est l’arbitre et qui donne les places ; il faut juste suivre le même Chemin qui est Jésus lui-même, le chemin que suivra Jacques jusqu’en Espagne qu’il évangélisera, puis à Jérusalem où il rendra témoignage devant les juges et où il mourra.

Selon la tradition, le corps de Jacques aurait été emmené en barque par des disciples espagnols qui le ramenèrent en Galice ; son corps aurait ensuite disparu pendant plusieurs siècles, puis redécouvert dans un champ grâce à une étoile : le ‘campus stellae’, devenu Compostelle.


Après Jérusalem et Rome, ce fut le lieu d'un des plus célèbres pèlerinages de la Chrétienté au Moyen Age et de nos jours encore, chaque année, des milliers de pèlerins venus du monde entier le parcourent comme j’ai eu moi-même la chance – le bonheur de le faire.

Le chemin de saint-Jacques de Compostelle est bien plus qu’un simple chemin de randonnée ; c’est un chemin de dépouillement et de simplicité, qui permet au pèlerin de se retrouver lui-même dans sa propre vérité et d’unification de soi-même (on est si dispersé dans la vie moderne !), qui permet aussi d’approfondir sa foi et de vivre un partage de vie avec ses compagnons de route dans une communion avec la nature.

En quelque sorte, c’est l’image en raccourci du parcours du chrétien, du baptisé qui suit Jésus en s’allégeant du poids de ses prétentions inutiles et des gadgets de la consommation pour apprendre à SERVIR et à AIMER.

Le chemin chrétien, c’est le chemin du serviteur. - Celui que nous devons tous parcourir, comme Jacques et tous les saints.

 


Merveilleux apôtre saint Jacques, qui nous a valu un tel enseignement de Jésus !

Ce qui me touche personnellement, voyez-vous, c’est que Jésus accueille ses disciples tels qu’ils sont. Il ne juge pas leurs ambitions ni leurs émotions. Mieux que cela, il leur donne un chemin, une issue, un avenir.

Les disciples sont perdus entre ambition des uns et indignation des autres. Jésus fait de ces tempêtes d’émotions un océan de vie.

Vous voulez être grands, les premiers ? C’est bon. Alors soyez vraiment ambitieux ! Ne restez pas médiocres, ou à mi-chemin. « Vous connaissez le chemin », répondra Jésus à Thomas qui lui dit « Tu pars nous préparer une place ? Nous ne savons pas où tu vas ». « C’est moi, le chemin que tu suivras toi aussi, celui du Serviteur. »

J’ai eu parfois au cours de ma vie et de mon parcours sacerdotal la tentation de réprimer mes ambitions, d’enfouir mes émotions. Une petite vie bien calme, bien rangée. Et puis, je me suis dit (au cours d’un combat dans la prière) : Non, ce serait refuser que Jésus s’abaisse jusqu’à moi pour m’ouvrir le chemin du Serviteur.


Seigneur, que je sois pour toi une terre où passent ton Souffle, ton regard, ton Offrande pour la multitude. Merci, Jacques, d’avoir osé avec Jean ta demande. Le Seigneur fait de notre fouillis un chemin de vie vers le Père.

Et que tout ce que nous serons appelés à vivre, de difficile ou de joyeux, sur ce chemin, ce soit pour tous nos compagnons de route, « afin que la grâce, comme dit Paul dans la lecture, afin que la grâce plus largement répandue dans un plus grand nombre, fasse abonder l’action de grâce pour la gloire de Dieu ! ».  Amen !


Bonne fête à tous les Jacques et les jacquets !  (=pèlerins de St jacques)



Chant des pèlerins (à écouter sur : https://youtu.be/_AEUabPDIno )

Tous les matins nous prenons le chemin,
Tous les matins nous allons plus loin.
Jour après jour, St Jacques nous appelle,
C’est la voix de Compostelle.


(Refrain) Ultreïa ! Ultreïa ! E sus eia Deus adjuva nos !        * (explication plus bas)
Ultreïa ! Ultreïa ! E sus eia Deus adjuva nos !


Chemin de terre et chemin de Foi,
Voie millénaire de l’Europe,
La voie lactée de Charlemagne,
C’est le chemin de tous mes jacquets.


Et tout là-bas au bout du continent,
Messire Jacques nous attend,
Depuis toujours son sourire fixe,
Le soleil qui meurt au Finistère.


A chaque pas, nous devenons des frères
Patron St Jacques, la main dans la main
Chemin de Foi, chemin de lumière
Voie millénaire des pèlerins.


Monsieur St Jacques écoutez notre appel
Des Pyrénées à Compostelle,
Dirigez nous du pied de cet autel,

Ici-bas et jusqu’au Ciel.

« Ultreïa e suseia, Deus adjuva nos! » est un cri en bas-latin moyenâgeux qui pousse au mouvement et à l’exploration de ce qui nous existe hors de nous, avec l’aide de « Dieu ». 
Traduit simplement, cela signifie : 
« Courage, allons plus loin; courage, allons plus haut… Dieu nous aide ».

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