C AVENT 4 - être "gros" de Dieu, de vie

 4ème DIMANCHE DU TEMPS DE L'AVENT 19/12/2021


C’est fou ce que Jésus doit aux femmes ! Impossible de l’oublier en fêtant Noël à Bethléem. 

Cette petite ville est aujourd’hui célèbre dans le monde entier pour être celle où eut lieu la Nativité de Jésus.

Mais elle était déjà bien connue longtemps auparavant, et pas seulement à cause de la prophétie de Michée (« Et toi, Bethléem Ephrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que je ferai sortir un chef, celui qui doit gouverner Israël… ») : Bethléem est aussi le 3ème lieu saint du Judaïsme, l’endroit où se trouve le tombeau de Rachel, l’épouse de Jacob, morte en couches en donnant la vie à son fils Benjamin, dans la lignée duquel naîtra David, puis Jésus.   Naissance tragique, mais Rachel reste dans l’imaginaire juif « la mère » qui va jusqu'au bout du don de soi.


Bethléem évoque aussi la fécondité de Ruth l’étrangère, convertie au judaïsme pour devenir l’arrière-grand-mère de David, ancêtre de Jésus.

Ces femmes dont le souvenir est lié à Bethléem, sont des figures majeures de la foi juive. Dans le judaïsme, la foi est nécessairement engendrementFécondité.

=>Faire naître Jésus à Bethléem signifie quelque part que Jésus, fils de Rachel, fils de Ruth, de Tamar et de Rahab, est « venu pour donner la vie » (Jn 10,10).


בֵּית לֶחֶם - Beth Lehem

Evidemment, il y a alors Marie, Marie qui selon Luc et Matthieu, donna naissance à son Fils dans la ville de son ancêtre illustre David qui incarne la royauté messianique.

Le rôle de Marie est bien sûr déterminant. « En entrant dans le monde, dit l’épître aux Hébreux, le Christ dit à son Père : « Tu n’as voulu ni sacrifice, ni offrande, mais tu m’as formé un corps. » Ce corps, c’est Marie qui le lui a donné, en s’offrant corps et âme à Dieu lors de l’Annonciation.

Fécondité là où on ne l’attendait pas. Marie, prototype des femmes qui accueillent la vie, veillent sur la vie, la protègent et la donnent. Comment Jésus ne serait-il pas entré dans cette logique du don et de la fécondité : « Celui qui veut garder sa vie pour soi, la perd, celui qui la donne, la gagne pour l’éternité. » (Jn)

Et puis, il y a Elisabeth, la mère du futur Jean-Baptiste. Elisabeth, trop âgée pour avoir un enfant de Zacharie, conçoit elle aussi grâce à leur foi dans la promesse divine. Remplie d’Esprit Saint, elle rend grâce, suivie par Marie dans son « Magnificat » pour cette merveilleuse irruption de la vie qui transforme le présent et ouvre l’avenir.


 Les grossesses sont porteuses de l’espérance et de la joie. Là où la fécondité diminue, où les naissances ne sont plus souhaitées, c’est une société où la confiance dans l’avenir se perd ; on se replie dans sa bulle de confort ou de méfiance qui exclut le risque de la vie…

Une Eglise qui n’engendre plus de nouveaux chrétiens est une église qui a peur, qui ne croit plus en la vie, en l’avenir... et peut-être même en Dieu. Une église qui meurt à petit feu.


Symboliquement, l’Avent est une grossesse. C’est un ventre arrondi qui porte en lui un fruit à naître, un fruit spirituel. Le Christ doit naître en chacun de nous. Mais souvent nos ventres et nos cœurs sont stériles, faute de se laisser ensemencer par la Parole de Vie !

Un chrétien qui n’est pas fécond, gros de Dieu, n’est pas vraiment chrétien. Pour cela, il faut manger Dieu, avoir faim de Jésus : à propos, savez-vous que Beth-léem signifie : la « maison du pain ». Cela ne vous rappelle rien ?  Ben oui ! Jésus qui dit qu’il est le vrai pain descendu du ciel ! L’eucharistie…

La naissance à Bethléem annonce donc que cet enfant est la vraie nourriture des croyants, le pain vivant donné par Dieu lui-même pour nous faire grandir dans la vie divine. Ce pain est d’abord la parole du Christ, lui qui est le Verbe de Dieu. Ce pain est ensuite l’eucharistie, vraie nourriture pour ne pas défaillir en chemin. En plus, ce symbolisme est renforcé par le fait que Marie couche son nouveau-né dans une mangeoire, le donnant en quelque sorte « à manger » comme un bébé qui est « à croquer » !


Ephrata, le deuxième nom de Bethléem (« et toi Bethléem Ephrata … ») est beaucoup moins connu. Il signifie : « Qui donne du fruit, être fructueux ». C’est bien dans ce « lieu de la fécondité » que Jésus est né, rejoignant ainsi le don de soi pour donner la vie qui est au cœur de la mission du Christ. Il donnera vie à tous ceux qui s’approchent de lui - fût-ce au prix de la sienne - et cette vie comme son royaume n’aura pas de fin.

En devenant des Christs par le baptême, nous naissons tous et chacun à Bethléem, appelés à donner la vie autour de nous, et à nourrir ceux que nous engendrons ainsi à la vie nouvelle.

Célébrer Noël, ce n’est pas fêter un anniversaire, c’est vouloir mettre la vie, l’amour et le don, au cœur de nos projets, c’est se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint pour laisser l’inattendu de Dieu s’incarner dans nos quotidiens.


Prenons un instant, frères et sœurs, pour réfléchir à cette question : =>Suis-je tourné vers la vie ? Ou vers ce qui meurt, ce qui n’est plus porteur d’avenir et de joie ? À la suite de Marie et des femmes de la Bible, à quelle fécondité, à quelle « grossesse » suis-je appelé en ce temps où tant de nos contemporains doutent de l’avenir et de Dieu ?

Entraînons-nous à naître à Bethléem, jour après jour…!

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