C DIM 20 - Pyromane !

 - 20e dimanche ordinaire C  « Je suis venu apporter un feu sur la terre. »

Ça y est ! Voilà Jésus qui se transforme en pyromane ! Comme si ça ne suffisait pas, avec tous les incendies géants qui ravagent la terre aujourd’hui ?


En fait, Jésus aimait passionnément la vérité et a voulu lui être fidèle au risque de créer de l'opposition jusque dans les liens les plus forts, avec ses plus proches parents ou amis : c'est cela qu'il nous dit dans le passage d'Évangile d'aujourd'hui. Il nous prévient : les disciples qui sont fidèles à la vérité connaîtront la même opposition.

Mais ne confondons-nous pas souvent l’amour de la vérité (qui peut être parfois démangeante ou dérangeante), avec notre amour-propre et la critique gratuite qui blesse, mine et détruit inutilement ?

Si on choisit de suivre l'exemple de Jésus, on bâtit la société, on la transforme seulement avec un coeur qui brûle d'amour. La société du temps de Jésus était drôlement malade et Jésus n'y est pas allé par quatre chemins : il l'a remise en question, mais il n'a jamais appelé à la violence. Jésus n'a jamais acquiescé à la demande de Jacques et de Jean de faire descendre le feu du ciel - parce que vous vous souvenez, un jour il était en route vers Jérusalem un petit village de Samarie a refusé de le recevoir. Et c'est alors que Jacques et Jean ont demandé à Jésus de faire descendre le feu du ciel.  Jésus dit : «  allons dans un autre village».

Le feu, «comme je voudrais qu'il soit déjà allumé ! »  dit Jésus. « Je dois être baptisé d'un baptême et comme il m'en coûte d'attendre qu'il soit accompli ». Jésus semble impatient et pourtant le baptême dont Jésus parle c'est sa mort, c'est sa vie qu'il donne pour la société. Voilà un véritable engagement, donner sa vie. L'amour est toujours impatient, l'amour est impatient de se donner, de se dire, de s'exprimer, de se partager…

Dans nos communautés, dans l’ensemble de notre société nous avons aujourd’hui la critique facile. Pour discerner s’il s’agit de la « bonne » ou de la « mauvaise » critique, un seul critère : l’amour qui sous-tend la remarque, et la volonté de proposer des solutions positives même si ça n’est pas toujours accepté.

La critique ne peut jamais être fondée sur des préjugés idéoogiques, ni sur des sentiments de rancœur, d’envie, d’étroitesse d’esprit. Sinon, elle ne peut être que blessante, destructrice, dévastatrice, comme ces incendies qui ravagent les forêts un peu partout…

La « bonne critique », en découvrant avec délicatesse l’abcès caché sous l’épiderme, agit sur la société engourdie comme une douche froide qui favorise la circulation du sang, comme un massage énergique qui assouplit les muscles, ou comme un sécateur taille sur le vieil arbre les branches malades ou desséchées afin que l’arbre puisse respirer et revivre grace à des forces neuves.

La critique saine est nécessaire à la vie.

 

J’avais autrefois un jeune vicaire qui avait l’art, comme on dit, de « mettre les pieds dans le plat ». J’ai dû, en éteindre, des incendies qu’il avait allumés derrière lui ! Les plaintes de paroissiens choqués pleuvaient chaque jour chez le curé… je devais tout le temps jouer au pompier. Sacré Jean-Marie ! Tout ça, avec la meilleure bonne volonté du monde, et un sourire un peu naïf, désarmant, je n’arrivais pas à lui en vouloir.

Après coup, des années plus tard (malheureusement il était décédé), j’ai reconnu les conséquences positives de sa franchise : certaines mentalités conservatrices des paroissiens avaient peu à peu évolué, devenant plus ouvertes aux changements nécessaires.

Il y a quelquefois des bons incendies, qui permettent à la nature de se renouveler. Cela vaut aussi pour la vie de l’Eglise, pour la vie de la société tout court. Soyons donc, comme Jésus, de bons « pyromanes de l’Amour » ! Mais sans jouer avec les allumettes…

 

Seigneur Jésus,

Le feu sur la terre,


c'est l'Esprit que tu nous donnes.

Il a éclairé la foi de tes disciples à la Pentecôte.

Il illumine nos vies aujourd'hui.

 

Seigneur Jésus,

fais que nous soyons

tout feu tout flamme pour toi !

 

Ne permet pas que nous nous enfoncions

dans une critique morbide,

en devenant experts en démolition,

 

mais que nous sachions

de façon constructive

et au nom de l’Evangile

contester dans l’amour les erreurs,

pour le bien de l’autre, des autres,

 

et nous serons alors bénédiction

pour tout le corps qui est l’Eglise.

 

Amen.

Commentaires

LES HOMELIES - ANNEE A