B AVENT 3 - Allumez le feu !
Chers frères et sœurs, connaissez-vous ce dicton
populaire : « À la sainte Luce, les jours croissent du saut d’une
puce. » Qu’est-ce que cela veut dire ?
(En plus, on a aujourd’hui une petite puce
avec nous, c’est Flavia n’est-ce pas… je ne sais pas si elle saute aussi haut
mais elle est déjà grande, et elle va faire un grand saut
tout-à-l’heure, le saut de Baptême !)
La fête correspond au premier jour à partir
duquel le soleil se couche plus tard que la veille dans l’hémisphère nord.
Le dicton à la « sainte-Luce, le jour avance du
saut d'une puce » correspond à cette observation. Si le soleil se couche effectivement plus tard
à partir du 13 décembre1, la durée du jour
continue cependant de diminuer jusqu'au solstice d'hiver (20-22 décembre), le
lever du soleil ayant lieu toujours un peu plus tard.
Voilà pour la signification. Mais ce qui nous
intéresse, c’est-ce pas, c’est que la lumière revient enfin au cœur de l’hiver
si long, si froid et surtout si obscur. La lumière, c’est la joie, c’est
l’espoir, c’est la vie !
C’est le sens du Baptême que nous avons reçu
généralement tout petits, et qui est décrit depuis les tout premiers chrétiens
comme une « illumination ».
Par le Baptême, tu passe du côté de
l’obscurité au côté de la Lumière. Tu choisis de ne faire plus que des belles
choses, celles qu’on peut montrer et qui rendent gloire à Dieu, et plus les
choses mauvaises qu’on fait en secret.
Flavia, aujourd’hui tu vas être une lumière, non seulement pour tes parents, mais aussi
pour tous ceux qui t’entourent et ceux que tu rencontreras dans ta vie.
Mes amis, puis-je vous dire que j’ai eu un peu
difficile avec le thème de ce dimanche sur l’en-tête du feuillet « Bonne
nouvelle », et aussi surtout avec l’injonction de l’apôtre Paul dans la
seconde lecture : « Soyez toujours dans la joie ! »
Précisément, et vous non plus peut-être, je n’ai pas forcément envie d’être
joyeux, surtout quand on voit l’état du monde aujourd’hui.
On a rarement atteint un tel niveau
d’inquiétude vis-à-vis de l’avenir – on ne parle que de crises :
crise du logement, crise de l’inflation, crise du Covid, crise avec des
attentats, crise de l’éducation, crise climatique… et la guerre qui revient à
l’avant-plan des secousses qui agitent le monde. Et on se demande comment faire
face à ces crises ; presque tous les indicateurs des conditions de vie et
de bonheur virent au rouge. Et on se sent impuissant…
Beaucoup de gens, y compris chez nous, n’ont
même pas un logement décent, ou peinent à en trouver un pour leur famille, ou
n’en n’ont pas du tout. C’est pour penser à eux que l’on a choisi cette année
de mettre la crèche dans une tente qui est souvent l’abri des réfugiés, des
migrants dans nos grandes villes. En venant au monde, Jésus n’avait pas non
plus de maison mais un abri pour animaux : c’est beaucoup moins
romantique que nos jolies crèches bien jolies et propres ! Vous les
mamans, qu’auriez-vous dit si vous aviez dû accoucher dans de telles
conditions ? Et vous les papas : vous auriez trouvé cela
normal ?
En fait, on a l’impression que le monde
s’enfonce dans les ténèbres, dans une obscurité de plus en plus épaisse. Et on
cherche vainement des signes d’espérance dans quelques déclarations des
puissances économiques ou des responsables politiques lors de ces éternels
conciliabules sans grands résultats des COPs et autres conférences
internationales. Est-ce qu’on va dans le mur ? Le monde tel que nous le
connaissons va-t-il s’effondrer ? Non, le climat n’est vraiment pas à
la joie !
On va peut-être dire que Noël doit rester une
fête et qu’il n’est vraiment pas indiqué de parler de tout cela. Nous sommes au
contraire continuellement bombardés de messages commerciaux pour nous
convaincre que le bonheur et la joie est dans la consommation. Les lumières clignotantes
des vitrines et des magasins nous éblouissent et nous aveuglent. Mais est-ce
là la vraie joie de Noël ?
Bien sûr qu’on se réjouit de voir le regard
des enfants ouvrant leurs cadeaux au pied du sapin, et de passer un bon moment
en famille avec un repas de fête et la joie d’être avec ceux qu’on aime. C’est
aussi cela, Noël – en tout cas pour ceux qui ne sont pas seuls.
Mais si Noël n’était que cela, une bulle éphémère de bonheur dans un océan
de soucis qu’on retrouve dès le lendemain, cela ne changerait pas grand-chose à
notre vie. Et surtout, cela nous mettrait la pression pour faire de ce rare et
précieux moment quelque chose d’extraordinaire pour faire oublier tout le
reste, tout ce qui ne va pas, donc on risque la surenchère. C’est ce qui se
produit aujourd’hui me semble-t-il, de plus en plus. Tellement peur de
« rater » Noël qu’on va dépenser des sommes faramineuses et courir en
se stressant pour que « tout soit parfait »…
Alors, chers amis, si cela n’est pas cela la
vraie joie, quelle est alors la vraie lumière qui peut nous faire sortir de
nos obscurités, sans nous éblouir ni nous faire évader dans le rêve ?
J’ai une hypothèse. Quand Jean-Baptiste le
Précurseur annonce Jésus, il le présente comme la Lumière pour laquelle il est
venu comme témoin, pour lui rendre témoignage. Mais cette Lumière est bien
fragile : au moment où il l’annonce, les pharisiens, les méchants sont
déjà là, à l’affût, cherchant à contrer celui qui menace l’ordre établi. Le Mal
est sur les dents, l’obscurité est partout.
Au milieu de cette noirceur, brille une
lumerotte, pas plus grande qu’une étoile quelconque dans la nuit. Elle
n’éclaire encore rien, de donne la vie à rien, ne guide rien… Et pourtant, elle
va se faire de plus en plus grande, de plus en plus belle, de plus en plus
vivifiante. Rien ne l’arrêtera.
Cette Lumière, c’est l’Amour. L’Amour divin incarné en Jésus : « L’Esprit
m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur
brisé, proclamer aux captifs la délivrance, aux prisonniers du mal leur
libération, annoncer une année de bienfait accordée par le Seigneur »
(= l’année jubilaire du pardon et de la remise des dettes).
Voilà pourquoi il faut se réjouir. Voilà
pourquoi il faut être toujours dans la joie, même si l’obscurité est encore profonde.
La Lumière de l’Amour qui s’est manifestée à Noël dans une humble étable de
Bethléem est devenue un feu qui s’est répandu dans le monde entier, et
qui habite les cœurs de tous ceux qui l’ont reçu. Aujourd’hui, la bonne
nouvelle qu’ils sont aimés de Dieu est annoncée aux pauvres et aux
petits ; des femmes et des hommes en son nom soignent ceux qui ont le cœur
ou le corps brisé ; d’autres en son nom, habités par la Lumière,
réveillent l’espérance de ceux qui sont captifs de leur tristesse ou du
désespoir, d’autres encore, en son nom et avec la Lumière, se battent aux côtés
de ceux qui sont prisonniers de l’injustice ou de la haine, et pratiquent le
pardon, portent la réconciliation…
Cette Lumière, nous pouvons, nous devons nous
aussi l’accueillir, comme Flavia va l’accueillir tout-à-l’heure en
recevant son cierge de Baptême. Nous devons l’accueillir dans notre cœur et ne
plus la laisser s’en aller ! Le monde a besoin de notre lumière, de la
Lumière du Christ. Sans elle, plus de joie, et la vie s’éteindra.
Alors, mes amis, êtes-vous prêts à accueillir la Lumière
dans votre cœur ? À l’entretenir, à la partager ?
Ce soir a lieu la célébration de la Flamme de
la Paix pour notre Doyenné à l’église Saint-Remacle de Verviers. Nous vous y
invitons cordialement : prenez une lanterne ou un bocal avec une bougie.
Vous ramènerez cette flamme symbolique chez vous ; elle vous rappellera
que l’Amour de Dieu est pour toi, pour nous, pour chacun, mais surtout elle
nous invitera à nous demander : qu’est-ce que je peux faire, cette année,
pour que la vraie joie de Noël soit offerte pour le plus grand nombre ?
Quel geste est-ce que je peux faire ?
« Allumez le feu »,
réjouissez-vous ! Cela va bouger cette année !
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