B AVENT 3 - Allumez le feu !

 

Chers frères et sœurs, connaissez-vous ce dicton populaire : « À la sainte Luce, les jours croissent du saut d’une puce. » Qu’est-ce que cela veut dire ?

(En plus, on a aujourd’hui une petite puce avec nous, c’est Flavia n’est-ce pas… je ne sais pas si elle saute aussi haut mais elle est déjà grande, et elle va faire un grand saut tout-à-l’heure, le saut de Baptême !)


La Sainte-Lucie est une fête ayant lieu le 13 décembre en l’honneur de la sainte Lucie de Syracuse (Santa Lucia). Elle marque, avec l’Avent, le début de la saison de Noël. Considérée traditionnellement comme une fête importante dans toute la Chrétienté occidentale, elle est aujourd'hui célébrée dans les pays scandinaves et en Europe méridionale. En particulier en Suède où les jeunes filles habillées de robes blanches portent des couronnes de feuillage avec sur la tête des bougies allumées.

La fête correspond au premier jour à partir duquel le soleil se couche plus tard que la veille dans l’hémisphère nord. Le dicton à la « sainte-Luce, le jour avance du saut d'une puce » correspond à cette observation.  Si le soleil se couche effectivement plus tard à partir du 13 décembre1, la durée du jour continue cependant de diminuer jusqu'au solstice d'hiver (20-22 décembre), le lever du soleil ayant lieu toujours un peu plus tard.

Voilà pour la signification. Mais ce qui nous intéresse, c’est-ce pas, c’est que la lumière revient enfin au cœur de l’hiver si long, si froid et surtout si obscur. La lumière, c’est la joie, c’est l’espoir, c’est la vie !


C’est tellement vrai que Jésus a été appelé « le soleil levant », Sol ortus, qui vient illuminer tout être sur terre et le tirer de l’obscurité de la mort, de la peur et du péché. Noël, c’est aussi la fête de la Lumière divine qui est Jésus. Cette Lumière, il ne veut pas la garder pour lui, mais il veut nous la communiquer : que nous soyons comme lui, lumière pour nos frères.

C’est le sens du Baptême que nous avons reçu généralement tout petits, et qui est décrit depuis les tout premiers chrétiens comme une « illumination ».

Par le Baptême, tu passe du côté de l’obscurité au côté de la Lumière. Tu choisis de ne faire plus que des belles choses, celles qu’on peut montrer et qui rendent gloire à Dieu, et plus les choses mauvaises qu’on fait en secret.

Flavia, aujourd’hui tu vas être une lumière, non seulement pour tes parents, mais aussi pour tous ceux qui t’entourent et ceux que tu rencontreras dans ta vie.



Mes amis, puis-je vous dire que j’ai eu un peu difficile avec le thème de ce dimanche sur l’en-tête du feuillet « Bonne nouvelle », et aussi surtout avec l’injonction de l’apôtre Paul dans la seconde lecture : « Soyez toujours dans la joie ! » Précisément, et vous non plus peut-être, je n’ai pas forcément envie d’être joyeux, surtout quand on voit l’état du monde aujourd’hui.

On a rarement atteint un tel niveau d’inquiétude vis-à-vis de l’avenir – on ne parle que de crises : crise du logement, crise de l’inflation, crise du Covid, crise avec des attentats, crise de l’éducation, crise climatique… et la guerre qui revient à l’avant-plan des secousses qui agitent le monde. Et on se demande comment faire face à ces crises ; presque tous les indicateurs des conditions de vie et de bonheur virent au rouge. Et on se sent impuissant…

Beaucoup de gens, y compris chez nous, n’ont même pas un logement décent, ou peinent à en trouver un pour leur famille, ou n’en n’ont pas du tout. C’est pour penser à eux que l’on a choisi cette année de mettre la crèche dans une tente qui est souvent l’abri des réfugiés, des migrants dans nos grandes villes. En venant au monde, Jésus n’avait pas non plus de maison mais un abri pour animaux : c’est beaucoup moins romantique que nos jolies crèches bien jolies et propres ! Vous les mamans, qu’auriez-vous dit si vous aviez dû accoucher dans de telles conditions ? Et vous les papas : vous auriez trouvé cela normal ?



En fait, on a l’impression que le monde s’enfonce dans les ténèbres, dans une obscurité de plus en plus épaisse. Et on cherche vainement des signes d’espérance dans quelques déclarations des puissances économiques ou des responsables politiques lors de ces éternels conciliabules sans grands résultats des COPs et autres conférences internationales. Est-ce qu’on va dans le mur ? Le monde tel que nous le connaissons va-t-il s’effondrer ? Non, le climat n’est vraiment pas à la joie !

On va peut-être dire que Noël doit rester une fête et qu’il n’est vraiment pas indiqué de parler de tout cela. Nous sommes au contraire continuellement bombardés de messages commerciaux pour nous convaincre que le bonheur et la joie est dans la consommation. Les lumières clignotantes des vitrines et des magasins nous éblouissent et nous aveuglent. Mais est-ce là la vraie joie de Noël ?


Bien sûr qu’on se réjouit de voir le regard des enfants ouvrant leurs cadeaux au pied du sapin, et de passer un bon moment en famille avec un repas de fête et la joie d’être avec ceux qu’on aime. C’est aussi cela, Noël – en tout cas pour ceux qui ne sont pas seuls.

Mais si Noël n’était que cela, une bulle éphémère de bonheur dans un océan de soucis qu’on retrouve dès le lendemain, cela ne changerait pas grand-chose à notre vie. Et surtout, cela nous mettrait la pression pour faire de ce rare et précieux moment quelque chose d’extraordinaire pour faire oublier tout le reste, tout ce qui ne va pas, donc on risque la surenchère. C’est ce qui se produit aujourd’hui me semble-t-il, de plus en plus. Tellement peur de « rater » Noël qu’on va dépenser des sommes faramineuses et courir en se stressant pour que « tout soit parfait »…


Alors, chers amis, si cela n’est pas cela la vraie joie, quelle est alors la vraie lumière qui peut nous faire sortir de nos obscurités, sans nous éblouir ni nous faire évader dans le rêve ?


J’ai une hypothèse. Quand Jean-Baptiste le Précurseur annonce Jésus, il le présente comme la Lumière pour laquelle il est venu comme témoin, pour lui rendre témoignage. Mais cette Lumière est bien fragile : au moment où il l’annonce, les pharisiens, les méchants sont déjà là, à l’affût, cherchant à contrer celui qui menace l’ordre établi. Le Mal est sur les dents, l’obscurité est partout.

Au milieu de cette noirceur, brille une lumerotte, pas plus grande qu’une étoile quelconque dans la nuit. Elle n’éclaire encore rien, de donne la vie à rien, ne guide rien… Et pourtant, elle va se faire de plus en plus grande, de plus en plus belle, de plus en plus vivifiante. Rien ne l’arrêtera.

Cette Lumière, c’est l’Amour. L’Amour divin incarné en Jésus : « L’Esprit m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs la délivrance, aux prisonniers du mal leur libération, annoncer une année de bienfait accordée par le Seigneur » (= l’année jubilaire du pardon et de la remise des dettes).


Voilà pourquoi il faut se réjouir. Voilà pourquoi il faut être toujours dans la joie, même si l’obscurité est encore profonde. La Lumière de l’Amour qui s’est manifestée à Noël dans une humble étable de Bethléem est devenue un feu qui s’est répandu dans le monde entier, et qui habite les cœurs de tous ceux qui l’ont reçu. Aujourd’hui, la bonne nouvelle qu’ils sont aimés de Dieu est annoncée aux pauvres et aux petits ; des femmes et des hommes en son nom soignent ceux qui ont le cœur ou le corps brisé ; d’autres en son nom, habités par la Lumière, réveillent l’espérance de ceux qui sont captifs de leur tristesse ou du désespoir, d’autres encore, en son nom et avec la Lumière, se battent aux côtés de ceux qui sont prisonniers de l’injustice ou de la haine, et pratiquent le pardon, portent la réconciliation…

Cette Lumière, nous pouvons, nous devons nous aussi l’accueillir, comme Flavia va l’accueillir tout-à-l’heure en recevant son cierge de Baptême. Nous devons l’accueillir dans notre cœur et ne plus la laisser s’en aller ! Le monde a besoin de notre lumière, de la Lumière du Christ. Sans elle, plus de joie, et la vie s’éteindra.


Alors, mes amis, êtes-vous prêts à accueillir la Lumière dans votre cœur ? À l’entretenir, à la partager ?

Ce soir a lieu la célébration de la Flamme de la Paix pour notre Doyenné à l’église Saint-Remacle de Verviers. Nous vous y invitons cordialement : prenez une lanterne ou un bocal avec une bougie. Vous ramènerez cette flamme symbolique chez vous ; elle vous rappellera que l’Amour de Dieu est pour toi, pour nous, pour chacun, mais surtout elle nous invitera à nous demander : qu’est-ce que je peux faire, cette année, pour que la vraie joie de Noël soit offerte pour le plus grand nombre ? Quel geste est-ce que je peux faire ?


Peut-être en donnant à la collecte de Vivre Ensemble, la collecte de l’Avent pour les plus démunis et les sans-toits, qui a lieu ce week-end, maintenant. Mais d’autres gestes sont possibles : réfléchissons-y.

« Allumez le feu », réjouissez-vous ! Cela va bouger cette année !

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