C CORPS ET SANG DU CHRIST - Le bon parfum de l'Eucharistie
On vit dans
un monde de barbares…
Et
malheureusement, on s’y habitue. Il est bien plus facile de fermer les yeux sur
les guerres atroces, la famine à Gaza qui tue des centaines et bientôt des
milliers de gens, la violence dans les banlieues, etc – et de se réfugier dans
notre petite bulle de confort mental, matériel et parfois spirituel.
Oui, tout ce
qui se passe un peu partout dans le monde est monstrueux. L’homme, l’humain se
déshumanise de plus en plus, au fur et à mesure que ses capacités
technologiques augmentent et que les écrans font écran pour détourner l’attention
et plonger les individus dans leur bulle où ils s’enferment complètement
en disant: « Qu’est-ce qu’on y peut, moi ce n’est pas mon affaire ! »
Oui, nous
vivons dans des bulles : bulle des sports comme la compétition automobile,
le football, bulle des loisirs, des fêtes et des méga-concerts, de l’art et de
la culture, bulle du monde numérique et des réseaux sociaux… loin des réalités dérangeantes
d’un monde global qui tombe en morceaux. Pour paraphraser le Tartufe de Molière :
« Cachez cette laideur que je ne saurais voir ! »
Et on se fait
remplir le cerveau par – excusez le mot : des couillonnades ! Quand
ce n’est pas par des slogans consuméristes ou même racistes qui entretiennent
un égoïsme de plus en plus crasse. En gros : « Vis ta vie, et
surtout profite au maximum, éclate-toi ! Après moi les mouches !
Chacun pour soi, les immigrés qu’ils rentrent chez eux… » Comment
voulez-vous dans ces conditions que les jeunes grandissent de façon équilibrée,
humaine et altruiste, ouverte sur leur prochain et sur le monde ?
J’ai l’impression
que cette société et cette atmosphère dans laquelle nous baignons devient de
plus en plus irrespirable. (Et ce n’est pas qu’une image : l’air même que nous
respirons est pollué.)
Certains
alors se réfugient dans une bulle spirituelle : un « monastère »
privé ou collectif, où, à grand renfort de prières, d’adorations, de belles
cérémonies et de processions comme celle de la Fête-Dieu, l’on met Dieu au
service de son confort intellectuel en créant une 'bulle spirituelle' qui isole et protège du monde. Comme c’est
agréable ! Là, on peut vraiment parler d’ « opium du peuple »…
Le succès actuel des « tradis » est peut-être lié à cela.
Attention,
je ne veux pas juger tous les priants dont je fais d’ailleurs partie. Certains
sont éveillés; et la foi, la prière ne leur sert pas à masquer la réalité mais
à réveiller leur cœur et leur esprit pour les rendre conscients et solidaires,
pour les inviter à s’indigner et à se mobiliser contre les injustices et les
artifices d’une culture de la facilité et de la jouissance auto-centrée. Ils
développent en quelque sorte des anticorps contre ces poisons.
N'empêche. L’air
que nous respirons est vicié. Toxique pour les chrétiens qui sont immergés sans
le vouloir dans cette atmosphère délétère. Et ils n’ont pas, ils n’ont plus de
masques à oxygène: la foi et surtout son contenu - la nourriture
spirituelle étant réduite à peau de chagrin, l’Eglise étant plus préoccupée d’elle-même
et de ses statistiques, de son organisation, de ses célébrations, que de donner
à ceux qui aspirent à respirer un autre air, de sérieuses bases religieuses,
des bouffées d’évangile revigorantes.
Comment
lutter contre cet appauvrissement spirituel et moral ? Rappelons-nous que
le mot ‘spiritus’ en latin veut dire ‘souffle’. Si nous sommes à bout de
souffle, sans souffle, nous serons bientôt asphyxiés. Un ami m’a raconté cette
histoire qui m’a fait penser à la fête d’aujourd’hui, la fête de l’Eucharistie :
« Un
jour, je marchais sur une plage déserte, au coucher du soleil. Peu à peu, je
commence à distinguer la silhouette d’un autre homme dans le lointain. Quand il
fut plus près, je remarquais que l’homme ne cessait de se pencher pour ramasser
quelque chose qu’il rejetait aussitôt à l’eau. Maintes et maintes fois,
inlassablement, il lançait des choses à tour de bras dans l’océan. En
m’approchant encore d’avantage, je me rendis compte que l’homme ramassait en
fait des étoiles de mer, que la marée avait rejetées sur la plage, et une par
une il les relançait dans l’eau. Intrigué, j’aborde l’homme et je lui dis :
– « Bonsoir mon ami. Je me demandais ce que vous étiez en train de faire ».
– « Je rejette les étoiles de mer dans l’océan. C’est marée basse, voyez-vous,
et toutes ces étoiles de mer ont échoué sur la plage. Si je ne le rejette pas à
la mer, elles vont mourir du manque d’oxygène ».
– « Je comprends, mais il doit y avoir des milliers d’étoiles de mer sur cette
plage ! Vous ne pourrez pas toutes les sauver. Il y en a tout simplement trop.
Et vous ne vous rendez pas compte que le même phénomène se produit probablement
à l’instant même sur des centaines de plages tout au long de la côte. Vous ne
voyez pas que vous ne pouvez rien y changer ? »
L’homme sourit, se pencha et ramassa une autre étoile de mer. En la rejetant à
la mer, il répondit :
– « Pour celle-là, ça change tout ».
J’aime
beaucoup cette histoire qui est une parabole d’espérance. Oui, nous sommes
bien à marée basse, et beaucoup d’étoiles, je pense en particulier à nos
enfants et aux jeunes, sont rejetées sur le rivage où elles risquent très fort
de mourir de desséchement spirituel.
Pour nous
tous en Église, cette parabole d’étoiles de mer nous appelle à ne pas laisser
ces enfants s’asphyxier. À leur donner le souffle de l’Esprit comme une réserve
d’oxygène pour s’aventurer dans l’océan et aller au large, au lieu de vivoter
et de se dessécher à marée basse. La mer pour l’étoile, c’est son milieu
nutritif. C’est là où elle se nourrit, où elle puise de quoi grandir, de
quoi rejoindre le large.
Frères et sœurs,
quel est notre milieu nutritif à nous, chrétiens ? La vie spirituelle est
un courant qui est alimenté à plusieurs sources : la Parole de Dieu, la
prière et les sacrements, la Communauté… Tout cela, on le retrouve dans le plus
grand des sacrements : l’Eucharistie qui nous met en contact direct avec Jésus
à travers son Corps et son Sang.
L’Eucharistie
est la nourriture qui va permettre à ces enfants, ces jeunes ou ces adultes de
nager loin, loin et profondément dans les eaux de leur baptême.
Communier
aujourd’hui, communier demain, communier dans les jours de détresse comme dans
les jours d’allégresse : Frères et sœurs, on ne dira jamais assez l’importance
de la messe pour les chrétiens, au moins les catholiques. Notre milieu nutritif ! Une
étoile de mer sans la mer se dessèche et meurt. Un baptisé sans l’Eucharistie
vécue en Église se dessèche et sa vie intérieure meurt peu à peu. « Si
quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement », dit Jésus, en
parlant de lui-même. Il est la vraie nourriture, il est la vraie boisson comme
le dit saint Jean.
Tant il est
vrai que se nourrir d’amour vaut mieux que toutes les autres nourritures.
Respirons le
bon parfum de l’Eucharistie, mes amis, qu’il nous ouvre le cœur, nous aère l’esprit
et nous réveille les mains pour porter l’amour au monde !
Amen !
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