B TRINITE - Un mystère, monseigneur !
Un jour, un
évêque rencontrait un groupe d’enfants qui se préparait pour la première
communion. Il les questionnait sur ce qu’ils avaient appris dans leurs cours de
catéchèse. Il demande à une fillette : « Peux-tu me parler de la
Sainte Trinité ? » L’enfant commence son boniment, vous savez, le genre de
définition qu’on apprenait par cœur jadis. Mais après une minute, l’évêque qui était
un peu sourd se penche vers elle, et tendant l’oreille, il lui dit :
« Je m’excuse mon enfant, mais je ne comprends pas ». La petite fille
lui répond en chuchotant, sur le ton de la confidence : « Ne vous en
faites pas, monseigneur, moi non plus je ne comprends pas. C’est un
mystère ! »
Ce n’est pas
évident de parler de la Sainte Trinité ! Qu’auriez-vous répondu, vous, à l’évêque ?
Probablement la même chose que la petite fille. Et quand on affirme que cette
réalité d’un Dieu unique en trois personnes est un mystère, on n’est
guère plus avancé, n’est-ce pas ?
Il serait
tellement plus facile d’affirmer que nous croyons tout simplement en un Dieu,
comme toutes les autres grandes religions. On éviterait ainsi beaucoup de
querelles et de désaccords. Alors, pourquoi tenons-nous tellement à affirmer
cette foi en la Sainte Trinité ?
Il faut d’abord
se rendre compte que cette vérité qui est au centre de notre foi, est
fondamentale. Elle structure toutes nos liturgies : lorsque nous
prions ensemble, nous prions toujours le Père, par le Fils, dans le Saint
Esprit. Notre foi est décidément trinitaire, comme le dit implicitement le
Credo, en faisant découler cette notion naturellement de tous les autres
points essentiels de la foi chrétienne : La Création, l’Incarnation, la
Rédemption, le don du Saint-Esprit à l’Eglise…
Le mot de
Trinité n’existe pas dans la bible, il a été forgé pour rendre compte de cette
découverte qui a été progressive : Notre Dieu n’est pas un Dieu solitaire
là-haut dans les nuages ; il est communion d’amour entre trois visages (on
parle de personnes) qui se donnent sans cesse l’un à l’autre. Parler de
Trinité, c’est parler de relation.
Comme il n’est pas possible de donner une définition mathématique ou autre de ce mystère, bien des théologiens ou des mystiques ont essayé de l’expliquer par des métaphores, des images qui même si elles sont imparfaites, peuvent l’éclairer un peu :
- Par exemple, Saint Grégoire de Nazianze disait de la Trinité en
utilisant une image aquatique : « Le Père est la Source, son Verbe
est le fleuve, l’Esprit Saint est le courant du fleuve. »
- Catherine de Sienne, elle, prenait l’analogie du Buisson ardent,
le Père étant le feu, le Fils étant la lumière qui se dégage du feu, et
l’Esprit Saint la chaleur du feu.
- Saint Patrick, patron de l’Irlande, au cours d’un sermon resté célèbre, prit un trèfle et le compara au Dieu des chrétiens – une image simple à comprendre et qui figure encore dans les symboles de l’Irlande.
- D’autres analogies sont encore tirées de la nature : par exemple, celle du soleil (le Père), du rayon (le Fils) et de la chaleur (l’Esprit). Ou celle de la racine, de la tige et du fruit…Rappelons-nous
cependant qu’aucune de ces comparaisons ne peut nous dire ce qu’est réellement
Dieu. Même celle tirée de la famille, la
triade « père, mère, enfant ». Une tri-unité ne fait pas encore une
Trinité. (Dans une famille, les personnes s’additionnent comme parties d’un
ensemble, alors qu’en Dieu, trois personnes éternellement égales sont une seule
substance, sans division possible.)
: Bref, notre
Dieu reste l’Inconnaissable, « l’au-delà de tout » comme
disait encore saint Grégoire de Naziance dans une célèbre prière. On ne peut pas mettre la main dessus.
... Si vraiment c’est
le cas, si Dieu est inconnaissable (par la seule raison humaine), ne faut-il
pas en rester là, et se taire, passer à autre chose ? Pourquoi parler
de la Trinité si on ne peut rien en dire ou presque ?
Poser la
question, c’est y répondre. Si aujourd’hui, nous fêtons la Sainte Trinité et
nous en parlons, c’est parce que c’est Dieu lui-même qui a voulu se faire
connaître des petits hommes à l’intelligence limitée que nous sommes. C’est
lui qui s’est révélé à nous. Ce serait tellement plus simple s’il ne nous avait
pas légué cet héritage en Jésus Christ. Mais voilà, Jésus est venu, et il nous
a dévoilé le vrai visage de Dieu, nous donnant de comprendre que si Dieu est
amour, c’est parce qu’il est Trinité.
De la même manière que les astrophysiciens ne cessent de s’émerveiller devant l’infinie grandeur d’un univers, qui ne cesse de se complexifier et de s’étendre au fur et à mesure qu’ils le découvrent, la foi chrétienne est le résultat de cette découverte progressive du Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de Moïse et de tous les prophètes, et qui a atteint son point culminant, il y a deux mille ans, alors que Dieu est venu parmi nous, qu’il a pris un visage, et qu’il s’est fait connaître de nous comme un être de communion, en qui se vit une profonde intimité, un mystère d’amour inouï entre le Dieu Père, le Dieu Fils, et le Dieu Saint Esprit qui ne sont qu’un Seul.
=>Et là où ça devient très important
pour nous, qui sommes - je vous le rappelle, créés à l’image et à la
ressemblance de Dieu, c’est que notre vocation est de vivre le
plus possible à l’image de cette Trinité d’amour toutes nos relations !
– conjugales, familiales, communautaires, sociales etc.
« Qu’ils
soient un comme Toi et moi, Père, nous sommes un », et cela c’est l’œuvre de l’Esprit en nous.
Dieu n’est pas
une invention, mais une découverte. Une rencontre que chacun doit faire en
lui-même. Et cette rencontre doit changer le monde en nous changeant nous-mêmes.
Pour que nous devenions des êtres de communion. C'est la raison de notre baptême.
Chaque
dimanche, quand nous nous rassemblons, nous ne célébrons pas une idée
abstraite, mais une réalité vivante qui nous anime de l’intérieur !
Au nom du
Père, du Fils et du Saint Esprit. Amen.
Fausses images de la Trinité :
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