B RAMEAUX - Dieu épouse notre joie

 

Dimanche des rameaux: Dieu épouse notre joie !


Un homme va mourir. Il faudrait pleurer. Mais la foule est en liesse et Jésus ne repousse pas sa joie.

Que faut-il comprendre ?

Nous venons d'entrer dans cette église en refaisant le geste de la foule de Jérusalem, agitant des branchages pour acclamer le Christ Seigneur, et voici que tout bascule.

La liturgie juxtapose le triomphe des Rameaux et la lecture de la Passion. L’échec suit le succès, la peine recouvre la joie. Quelques heures à peine ont suffi.

Et pourtant, Jésus s’est associé à la joie des petits et des pauvres qui l'acclamaient. Il n'a pas voulu la réprimer.


Jésus suit le chemin que nous lui traçons avec nos palmes et nos manteaux. Le chemin des succès dont nous rêvons. Il assume ce chemin qui conduit à l’impasse dans la fosse commune des illusions perdues. Il assume ce chemin comme il assume notre pauvre joie, pour l’accomplir et le traverser, le sauver, en faire un véritable chemin triomphal, modeste comme le petit âne choisi, mais souverain.

La joie des Rameaux, la voilà : C’est la joie des pauvres. C’est la joie de la foi, celle de l’espérance folle, indéracinable, dans le salut de Dieu. La foule prend le risque d’être déçue, elle s’expose au Christ, elle se confie à lui. Elle est prête à croire en lui. Et, même s’il prévoit la désillusion, Jésus la lui permet. Il l’accompagnera aussi au-delà de la désillusion, au-delà du désespoir…

L’Eglise d’aujourd’hui a-t-elle encore cette audace ? L’audace de croire et d'espérer envers et contre tout avec les pauvres ? De se réjouir dans une fête prématurée du côté des pauvres et des humiliés, à la barbe de tous les pouvoirs ?



La dérision de cette entrée triomphale à Jérusalem ressemble à la modestie de nos liturgies, de nos assemblées de plus en plus maigres composées de chrétiens plus ou moins tièdes, plus ou moins fervents, prêts à se replier sur eux-mêmes dès que leurs petits bonheurs sont menacés et à tourner casaque à la première attaque des adversaires de la foi (comme celles que nous avons eues ces derniers temps dans les médias suite aux scandales de pédophilie qui ont frappé douloureusement l’Eglise…). Mais c'est dans la faiblesse que se manifeste la toute-puissance paradoxale de Dieu. Et seulement dans la faiblesse et la pauvreté. Pourvu que nous gardions la foi. Et la joie.

Accompagnons Jésus dans les jours de sa passion. Entrons dans son silence : il ne répond pas aux accusations contre lui, il ne se défend pas, mais il ne fait qu'un avec son Père dans l'amour.


C'est cet amour qui sauvera le monde. « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » Dans la discrétion du matin de Pâques, dans l'explosion silencieuse de la vie, il répondra pour toujours à tout ce qu'il y a de vivant en nous, de désir fou, d’espérance timide ou forte, de rêve 100 fois déçu mais tenace. Ce ne sera plus jamais un silence qui répondra au silence. Qui pourra nous séparer de Lui ?

Bonne semaine sainte ! Et que la joie de Dieu, la joie des pauvres soit notre rempart.








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