C DIM 07 - Aimer... jusqu'où ?

 7ème DIMANCHE C : AIMER... JUSQU'OU ?



Une légende bouddhiste raconte que deux moines vivaient ensemble depuis de longues années. Puis un jour, l'un des deux fut pris d'ennui, et il en fit part à l'autre. "Bon, lui dit-il, que veux-tu que nous fassions ?" "Si on se disputait ?", lui répondit-il. "Au sujet de quoi veux-tu que nous nous disputions ?" L'autre réfléchit. Et il pensa au morceau de pain qu'ils avaient en commun. "Et bien, si nous nous disputions pour le morceau de pain ?" L'autre réfléchit à son tour, puis il dit : "Si tu tiens tellement à ton morceau de pain, garde-le !" La dispute n'a donc pas pu avoir lieu.

Cette légende nous fait comprendre que l'hostilité est désarmée par la générosité. La générosité casse le processus, la spirale de la violence.  Mais ce n’est pas toujours aussi simple !

"AIMEZ VOS ENNEMIS", demande Jésus. Comment peut-on aimer celui qui vous blesse, celui qui vous écrase, qui vous frappe par derrière ou par devant selon ce qui se présente ? Peut-on aimer quelqu’un qui ne vous respecte pas ? Ou son voisin qui vous cherche misère ? Ou son chef de bureau insupportable ?... Trouvez vous-mêmes des exemples ! Comment peut-on aimer son ennemi ? Est-ce vraiment possible ? Jésus n'a-t-il pas là une exigence qui dépasse ce dont nous sommes capables ?  

Il y a des exemples (rares) dans la Bible, dont par exemple le récit sur David, poursuivi à mort par le roi Saül fou de jalousie de son succès et qui le soupçonne de briguer le trône ; Saül étant tombé à sa merci durant son sommeil dans la grotte, David ne profite pas de cette occasion rêvée pour le tuer, mais se contente d’emprunter sa lance et sa gourde pour lui prouver qu’il ne veut pas se venger… Cependant, il n’est pas sûr que les motifs de David soient si désintéressés.


"PRIEZ POUR CEUX QUI VOUS CALOMNIENT" nous recommande l'évangile. Mais, que se passe-t-il quand on devient victime de calomnie ? Sommes-nous capables d'aimer même si la colère nous envahit ? Quand nous sommes profondément vexés ? Ce sera très difficile si nous dépendons du regard de l'autre sur nous. Par contre, si nous dépendons du regarde de Dieu…

"PRIEZ POUR CEUX QUI VOUS CALOMNIENT". La prière peut nous aider à voir notre « ennemi » de manière différente. Quand on entre dans cet espace qui s'appelle la prière, on s'aperçoit qu'on ne peut pas y venir tout seul. Dieu ne fait pas de différence entre le bon et le méchant; il fait luire son soleil sur tous, sur celui qui l'aime et sur celui qui le déteste.

Parce qu'il est généreux en lui-même, Dieu est au-dessus de tout ça. Il aime, c'est tout, et ne se laisse pas vaincre par l'indifférence, l'ingratitude, la haine. Alors, y a pas de justice? Si. Le mal finit par retomber sur la tête de celui qui l'a provoqué. MAIS IL NE NOUS CONTAMINERA PAS, IL N'ENTRERA PAS DANS NOTRE COEUR POUR NOUS DETRUIRE A NOTRE TOUR! Si je laisse la haine entrer dans mon cœur, je deviens comme celui qui m'agresse...


Pour aimer ceux qui nous font du mal, il nous faut entrer dans la générosité de Dieu, qui est bien au-delà de la nôtre. Il nous faut prier pour devenir comme lui; non pas pour que le méchant change (en admettant que le méchant soit l'autre), mais pour que nous changions et devenions vraiment généreux. Aimer celui qui ne vous aime pas requiert une véritable grandeur d'âme, (c’est le surnom donné à Ghandi, le mahatma, "la grande âme") ou, autrement dit, la "bienveillance", qui n'est ni hypocrite ni hautaine (je-t'aime-quand-même-donc-je-suis-meilleur-que-toi) mais qui ne peut s'acquérir que dans un cœur de pauvre, par une prière humble et vraie, qui reconnaît sa propre incapacité mais ne s'y résigne pas. 

Je vous dit tout de suite que j'en suis encore loin. Sans doute chacun de nous aussi ; nous avons toujours des réactions instinctives, difficilement maîtrisables. Mais nous devons rester toujours en chemin. Car la mesure dont nous nous servons pour les autres servira aussi pour nous; en effet, moins nous serons généreux envers les autres, moins nous serons capables d'accueillir la générosité de Dieu à notre propre égard. Plus nous nous laisserons pénétrer par sa bienveillance pour nos frères « difficiles », plus nous nous accepterons et nous nous aimerons nous-mêmes, comme Lui nous aime. Et l'inverse est vrai aussi. Ouvrons donc le tablier de notre  ! 


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