B AVENT 4 - La maison de Dieu, c'est toi !
Parfois, les hasards du calendrier nous font faire un
fameux bond : sans respirer, nous passons en quelques heures du 4ème
dimanche de l’Avent à la Vigile de Noël !
Et pourtant, même si toutes nos pensées sont déjà prises et
tournées vers le jour de la fête, cette très courte 4ème
« semaine » de l’Avent – et donc ce dimanche, a tout son sens. Ne le
« sautons » pas, sous prétexte que déjà les marmites se préparent et
que les courses s’emballent (comme les cadeaux). Dieu a quelque chose à nous
dire, dans cette dernière liturgie de l’Avent : Quelque chose qui
ressemble peut-être à ce qu’il a dit un jour à une jeune fille qui était
promise en mariage… et qui a dû faire face à l’inattendu.
Deux mots reviennent plusieurs fois dans les lectures de ce jour : mystère et maison.
Mystère. St Paul parle d’un mystère
tenu caché depuis toujours dans le silence, ou plutôt, tu (le mot musterion en
grec vient de muo qui veut dire : tenir la bouche fermée). Il y a une aura
de silence, comme devant quelque chose de si grand que même les enfants se
taisent, bouche bée, saisis d’étonnement… Ce mystère, c’est quelque chose qui
ne s’explique pas mais qui se dévoile. Comme une PRESENCE. Vous savez que
quelqu’un est là, dans la pièce, mais vous ne le voyez pas. C’est le Christ, le
Verbe divin présent dans la création. Et cette présence, dit l’apôtre Paul, va
être manifestée, donc rendue visible pour être portée à la connaissance de
toutes les nations.
C’est exactement ce qui se passe quand une future maman
attend un enfant. Il n’est pas encore visible, mais il est là, elle sait sa
présence silencieuse, qui doit être manifestée au monde au jour de sa
naissance. Marie a dû vivre intensément ce mystère, dans la foi aux paroles de
l’Ange…
Suis-je capable de me recueillir dans le silence pour être
attentif au mystère de ce qui vit et grandit en moi par l’Esprit ? de
cette divine présence qui m’habite ? Dieu vit en moi, depuis mon baptême,
en suis-je conscient ? … Comment puis-je le manifester au monde ?
Ce qui nous amène au second mot, qui est en fait le premier
dans l’ordre des lectures : Maison. Sept fois, le mot revient dans
la 1ère lecture et dans l’Evangile. Marie était promise en mariage à
un homme de la maison de David appelé Joseph : maison étant ici
compris comme la descendance, la dynastie. Le texte du second livre de Samuel
joue sur cette confusion : Le roi David veut construire une maison, un
Temple pour Dieu pour le remercier de l’avoir délivré de ses ennemis. En
fait, en offrant une « maison » de pierre et de bois précieux à Dieu,
c’est une façon de s’approprier Dieu, de le posséder en l’enfermant dans son
Temple. Mais Dieu ne se laisse pas faire, il veut garder sa liberté, personne
ne peut l’enfermer : alors il annonce à David, par l’intermédiaire du
prophète Samuel, que c’est lui, Dieu, qui bâtira une maison à David, une maison
et une royauté qui subsistera toujours devant Lui. En fait, il ne s’agit pas
d’une maison de pierre, mais bien d’une descendance, au sein de laquelle naîtra
un successeur royal qui sera appelé par Dieu « son fils ».
Toute la tradition a vu dans cette promesse l’annonce du
Messie, c’est-à-dire de Jésus, fils descendant de David, Fils de Dieu. Ce n’est
donc pas anodin du tout quand saint Luc souligne que Joseph était « de la
maison de David ». Et Marie, par son oui à l’Ange (que tout m’advienne
selon ta parole) devient à son tour la maison de Dieu, par la grâce de
l’Esprit.
N'est-ce pas étonnant et interpellant que ce mot « maison »
soit ainsi souligné dans les textes de ce 4ème dimanche, alors qu’Action
Vivre Ensemble nous a rappelé durant tout cet Avent l’importance vitale du
droit au logement, l’importance d’avoir un toit pour se protéger, un
chez-soi où vivre dignement, se sentir en sécurité, y nourrir et élever ses
enfants, y inviter ses amis et proches… ?
Que le Dieu de l’Univers veuille faire sa maison chez nous
est surprenant. Et il l’a fait, concrètement, délibérément, sans retour, en
s’incarnant en petite graine d’homme. Et il continue de le faire aujourd’hui,
dans le cœur de tous ceux qui veulent que la terre soit une maison habitable
pour tous, et qui font place à Dieu, à son mystère en accueillant aussi le
mystère de l’autre, de tous les autres qui sont aussi chacun, une maison pour
Dieu.
Le Temple de Dieu, c’est vous ! (1Co
3,16). Frères et sœurs, en ces dernières heures avant Noël, faisons taire la
rumeur du monde et des magasins, et écoutons le mystère de Dieu qui vient faire
sa demeure dans une tente de migrant, une cabane précaire ou une hutte… et dans
mon cœur. Le plus beau Temple qui soit, c’est l’homme, l’humain !
« Béni sois-tu Père, d’avoir révélé ces
mystères aux tout-petits ! » Amen.
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