C PAQUES 07 – « Viens ! »
Ce 7ème dimanche
de pâques vient comme pour clôturer les célébrations et les festivités pascales.
Cependant, le Mystère pascal restera toujours présent et ne cessera jamais de
briller aux yeux de notre foi chrétienne. Car Pâques constitue l’Evénement
central, le ‘’Meeting Point’’, comme dit Karl Rahner, de la foi catholique. A
chaque Eucharistie, quel que soit le temps liturgique, et de par le monde,
l’Eglise continuera à proclamer l’Anamnèse à la consécration jusqu’à ce que
Jésus revienne. Dans quelques jours, on peut éteindre dans les Eglises le
cierge pascal et défaire l’ornementation ayant agrémenté la fête, mais
l’événement pascal est ineffaçable, indélébile, car la Pâque est un fait, une
réalisation définitive de notre salut. Alors…avant qu’il ne soit tard, je vous
redis : ‘’Joyeuse Pâque à tous et à toutes !’’
Venons-en aux
textes liturgiques de ce dimanche.
Comme pour nous remettre les
pieds sur terre, on commence par le récit de la mise à mort d’Etienne, le
premier martyr. Rappelons-nous que le mot « martyr »
signifie « témoin » en grec : Etienne est le premier témoin de
Jésus Christ dans sa vie mais aussi dans sa mort ; il reproduit l’offrande
de sa vie comme Jésus sur la croix, avec la parole de pardon pour les bourreaux
« Seigneur, ne leur compte pas ce péché ».
Ne nous a-t-on pas enseigné
que tout baptisé était appelé à être témoin du Christ ? Cela peut aller
loin…
L’Evangile s’est répandu progressivement
et irrésistiblement dans le monde entier porté par des générations de témoins qui
eux aussi reproduisaient le Christ dans leur vie et parfois dans leur mort :
ils n’étaient pas des clones, bien sûr, mais chacun, avec ce qu’il était, sa
personnalité, exprimait quelque chose de Jésus, sa façon de vivre, d’aimer, de
se donner… C’est cela, être témoin. En acceptant aussi les souffrances qui
parfois et même souvent vont avec, sans que cela leur enlève leur joie d’être
des porte-Christs !
Comment suis-je
porteur du Christ, témoin de Jésus mort et ressuscité, aujourd’hui, dans le
milieu où je vis ? Merci Etienne,
Stefanos ‘le couronné’, de me/nous rappeler cette mission intrinsèque à notre
baptême, et qui est en même temps une très haute dignité : porteur du
Christ !
Alors ensuite, après le psaume
de louange, on a la finale, le dernier chapitre de l’Apocalypse de saint Jean. Quand
Etienne pendant qu’on le lapidait disait qu’il contemple les cieux ouverts, voilà
ce qu’il entrevoyait : Jésus en gloire près du Père ! L’Apocalypse,
c’est exactement la même chose. Il ne faut pas oublier qu’elle a été écrite
en pleine période de persécution, pour les chrétiens en butte à toutes sortes d’avanies
et de difficultés. L’Apocalypse nous met devant les yeux la réalisation
plénière du salut de Dieu par Jésus Christ : il est, lui, l’alpha et l’oméga,
le commencement et la fin de toutes choses. Tout est récapitulé en lui qui est
le Seigneur des vivants et des morts. Il est l’étoile resplendissante du
matin, vers laquelle nous devons regarder, fixer notre regard et notre cœur
pour ne pas défaillir, et nous établir fermement dans l’espérance pour traverser
toutes nos épreuves. J’adore ce texte ! Ai-je moi aussi le réflexe de lever
les yeux de mon cœur et de les garder fixés sur ‘l’étoile du matin’, sur
Celui qui vient sans tarder pour m’ouvrir les portes de la Ville, la cité de Dieu
et me donner part à l’arbre de la vie ?
Ce ne sont pas que des jolies
paroles poétiques ; c’est une promesse de résurrection !
Jésus vient ! Il vient en ce moment même, et à chaque moment de mon
existence, m’offrir la vie alors même que les force du mal, les forces de la
mort sont à l’œuvre – il vient m’offrir la Vie en Lui pourvu que je reste
fidèle à son amour… Quelle joie, quel cadeau inestimable ! Oh oui, viens,
Seigneur Jésus !
Est-ce que j’attends
vraiment le Salut de Jésus et de sa Venue ; ou est-ce que trop souvent
encore je me fie sur mes propres capacités humaines, j’attends un salut et un
bonheur purement terrestre, mais qui n’est pas la vraie espérance chrétienne
qui est celle du ciel ? Fais-moi
désirer, attendre et espérer le véritable Salut, le vrai bonheur qui est en Toi,
Seigneur ! Car « celui qui le désire, qu’il reçoive l’eau de la vie,
gratuitement ».
Le leitmotiv, le refrain
de ce passage final est le mot qui est un appel : « Viens ». C’est
l’Eglise toute entière qui le proclame, elle qui est en attente, en état d’espérance,
depuis la fin de la Révélation (= apokálypsi) jusqu’à aujourd’hui et la fin des
Temps. L’Eglise est toute tendue vers le retour du Christ qu’elle appelle en
chaque liturgie : « L’Esprit et l’Epouse -l’Eglise- disent : « Viens ! » ;
celui qui entend (toi, moi, nous) : qu’il dise lui aussi : « Viens ! ».
Et Jésus, celui qui est le Témoin véridique, déclare : « Oui, je
viens sans tarder. »
C’est la toute dernière parole
de l’Apocalypse de Jean, et de la Bible : « Amen ! viens,
Seigneur Jésus ». Nous devons tous avoir cette parole, cette
prière continuellement au cœur et aux lèvres : comme un sceau, un cachet
qui résume toute notre foi. Ce n’est pas du jugement que nous devons avoir
peur, mais c’est seulement de ne plus désirer Jésus, de ne plus attendre ni
espérer son retour. Je crains que ce soit le cas d’un certain nombre de
catholiques sécularisés, qui ne vivent que pour ici et maintenant…
Alors, l’Evangile : un
gros morceau, encore ! Je vais faire court. Chaque phrase mériterait qu’on
prenne 10 minutes pour la méditer, tellement c’est dense et profond !
Jean a placé cette grande prière
que Jésus adresse à son Père le Jeudi-Saint lors de la Cène. C’est une
prière-testament : sa mission est achevée ou va s’achever, il en rend
compte à son Père et lui confie ses disciples, « ceux que le Père lui a
donnés ». Le point central-culminant de cette prière qui fonctionne par
cercles concentriques ou plutôt en spirale, est je pense dans la demande :
« ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux
aussi avec moi ».
Aimer, c’est ‘être avec’,
évidemment. Et même, ‘être en l’autre’, demeurer en lui. Jésus
veut et demande à son Père que la relation qui existe entre Dieu son Père et
lui-même soit aussi celle qui unira tous ses disciples avec lui et entre eux. « Comme
toi, Père, tu es en moi, et moi en toi, qu’ils soient un en nous, eux aussi… »
« Je leur ferai connaître ton Nom pour que l’amour dont tu m’as aimé soit
en eux, et que moi aussi, je sois en eux. »
Autrement dit, la mort de
Jésus et son départ ne sont pas une séparation ; la mort que nous
expérimentons tous n’est pas une séparation, car si nous nous aimons en Dieu,
si nous sommes UN en Dieu - en Jésus, nous sommes toujours avec ceux et celles
que nous aimerons toujours et pour l’éternité - même si nous ne nous voyons
plus sur terre. Le lien d’unité établi dans l’Esprit d’amour qui unit le Père
et le Fils est indestructible. C’est quelque chose d’inouï qui prouve bien
que l’amour est plus fort que la mort ! Mais il faut le créer, ce lien, dès
maintenant, en tâchant d’aimer l’autre, tous les autres en Dieu : « comme
je vous ai aimés ».
Alors, nous pourrons témoigner
au monde par notre unité que Jésus est bien l’Envoyé du Père qui aime tous
ses enfants et les veux tous !
« Oui! Seigneur, viens! » nous t’attendons. Que le Pain et le Vin consacrés que nous recevons ce matin nous soutiennent dans notre route de disciples du Seigneur Ressuscité pour témoigner comme saint Étienne et les fidèles des premières générations chrétiennes qu’en Toi et seulement en Toi est la Vie des hommes. Amen!
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