C DIM 06 - "Les petits bonheurs"

 HOMELIE 6ème dimanche ord. C  13/02/2022 : « Les petits bonheurs »

 

Les textes de ce dimanche parlent du bonheur...


C’est quoi, le bonheur ?  

On dit souvent : c’est quand il est parti, qu’on sait qu’avant, on était heureux.

 

Alors, c’est quoi le bonheur, à votre avis ?

Je vous propose un exercice simple : vous fermez les yeux, et vous pensez très fort à un moment de votre vie où vous étiez heureux. Ok ?

Voilà. Ce serait intéressant que chacun raconte aux autres ce moment de bonheur…

 

De quels bonheurs nous souvenons-nous le plus ? Une réussite à un examen ? le jour où on a été engagé pour un emploi dont on rêvait ? un grand voyage ? l’achat d’une maison ? Sûrement.

Probablement aussi, si ça vous est arrivé, un grand amour qui a transformé votre vie…  Ce sont des événements extraordinaires qui ont ce caractère unique, exceptionnel… Comme une naissance, par exemple.

 

Pourtant, lorsque on est devenu vieux et qu’on regarde dans le rétroviseur de sa vie, est-ce qu’on ne se rappelle pas aussi souvent des choses très simples, comme :

-les soirées tranquilles passées avec son conjoint à parler de la famille une fois que les enfants étaient couchés ;

-les matins ensoleillés où l’on part au travail, la satisfaction de faire vivre les siens par son travail, les retours à la maison fatigué mais joyeux de retrouver sa famille…

…Et vous vous dites peut-être en y pensant : « C'était le bon temps! On ne s'en rendait pas compte car la vie nous emportait. Mais nous étions heureux! »

 

Il m'arrive parfois (trop peu souvent, hélas) de partir en voiture pour aller visiter un ami ou tout simplement pour faire une petite promenade ou encore de marcher sur la ligne 38 en regardant les gens qui déambulent, les mamans ou les papas avec leurs enfants, les jeunes amoureux, les plus âgés aussi, en même temps que les arbres et les buissons qui bordent le chemin...

Quoi de plus simple ! Et je me dis : « C'est cela le bonheur ! Les choses ordinaires de la vie qu'on ne prend pas toujours le temps de savourer ! » 

Et puis, puisque nous sommes croyants, le bonheur, n'est-ce pas aussi de rencontrer le Seigneur dans la tranquillité d'une église l'après-midi ou dans la célébration du dimanche ? Le Seigneur n'est-il pas Celui avec qui nous allons vivre toute notre éternité ? Alors pourquoi ne pas anticiper ce bonheur tout de suite ? Ben voyons !

 

Le problème, en fait, c’est pas tellement « comment on devient heureux », mais surtout : « comment le rester ? »

Les aléas de la vie transforment vite les instants de bonheur en nostalgie de ce que nous perdons en route.  Par exemple, la santé. Ah! la santé! Si j'avais de la santé ! Mais, un jour, la santé s'en va... Le bonheur s'en va-t-il avec elle ? Pas toujours…! Certains arrivent (quand ce n’est pas trop grave évidemment) à garder la sérénité et même un certain bonheur de vivre au milieu de leurs difficultés physiques…

 

Il m'est avis que le bonheur, le vrai, tient en deux choses essentielles et relativement simples : savourer le moment présent et cultiver des relations positives. Et cela, on peut le faire tous les jours.

Le bonheur, c'est comme le civisme, c'est une foule de petites choses qu'on vit quotidiennement, ce sont des petits cadeaux que la vie nous fait à chaque instant, mais que trop souvent nous ne prenons pas le temps d'apprécier ou que nous n'avons pas le réflexe de reconnaître.

Dans l'une de ses chansons, Jacques Brel disait : « Il nous faut regarder...! » Comme c'est vrai! Il nous faut développer l'habitude de regarder la vie qui bat en nous et autour de nous, qui nous fait signe et souvent nous sourit. Ces p'tits bonheurs que nous cueillons à chaque instant remplissent la corbeille de notre vie de beauté, de tendresse, de joie simple, et ils nous préparent si bien au grand bonheur qui nous attend!


Si les lectures de ce dimanche parlent du bonheur, elles ne cachent pas non plus son contraire, le malheur. Et on comprend bien pourquoi la richesse est si violemment dénoncée comme obstacle à l’Evangile, et donc source de malheur, chez St Luc :

->D’abord, elle empêche l’homme de voir les petites choses qui font le bonheur. On se prend à rêver de grandeur, de puissance. Et on oublie qu’on est soi-même tout petit, et que le but ultime de notre vie n’est pas ici-bas ; que nous sommes « de passage »…

->Ensuite, la richesse enferme l’homme sur lui-même et l’empêche de penser aux autres ; petit à petit il devient incapable de relation vraiment désintéressée, gratuite… Un riche est bien souvent pauvre en amour, en relations…

->Enfin, la richesse détruit dans le cœur de l’homme la confiance qu’il doit avoir envers Dieu, cette confiance qu’exprimait bien Jérémie tout à l’heure : « Béni soit celui qui met sa confiance dans le Seigneur ; il sera comme un arbre planté au bord du ruisseau… il ne redoute pas la sécheresse… »

 


Essayons donc aujourd’hui, frères et sœurs, de repérer et d’apprécier les petits bonheurs que Dieu nous donne, en ne perdant pas de vue le grand bonheur qu’il nous prépare.

Et, pour ne pas devenir comme ces gens comblés, repus, qui se privent eux-mêmes de cette joie évangélique, acceptons qu’il y ait dans notre vie une part de faim, de pauvreté et de grand désir... Alors nous serons « comme cet arbre planté au bord d’un ruisseau… »  tellement enraciné dans la confiance qu’ « il porte du fruit en toute saison » ! Amen !  

 

Derrière la saleté
S'étalant devant nous
Derrière les yeux plissés
Et les visages mous
Au-delà de ces mains
Ouvertes ou fermées
Qui se tendent en vain
Ou qui sont poings levés
Plus loin que les frontières
Qui sont de barbelés
Plus loin que la misère
Il nous faut regarder.

Il nous faut regarder
Ce qu'il y a de beau
Le ciel gris ou bleuté
Les filles au bord de l'eau
L'ami qu'on sait fidèle
Le soleil de demain
Le vol d'une hirondelle
Le bateau qui revient
L'ami qu'on sait fidèle
Le soleil de demain
Le vol d'une hirondelle
Le bateau qui revient.

Par-delà le concert
Des sanglots et des pleurs
Et des cris de colère
Des hommes qui ont peur
Par-delà le vacarme
Des rues et des chantiers
Des sirènes d'alarme
Des jurons de charretier
Plus fort que les enfants
Qui racontent les guerres
Et plus fort que les grands
Qui nous les ont fait faire.

Il nous faut écouter
L'oiseau au fond des bois
Le murmure de l'été
Le sang qui monte en soi
Les berceuses des mères
Les prières des enfants
Et le bruit de la terre
Qui s'endort doucement
Les berceuses des mères
Les prières des enfants
Et le bruit de la terre
Qui s'endort doucement.

Jacques Brel, Il nous faut regarder https://www.youtube.com/watch?v=bBaF6JYx7TM

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