C AVENT 2 - Mes bien chères chaises!

  2ème dimanche de l’Avent C (5/12/2021): "Mes bien chères chaises!"



On vous a tous raconté que Dieu avait créé l’homme et la femme, à son image… Eh bien, c’est faux !

Bien avant l’homme et la femme, il y avait la chaise.

Pourquoi la chaise ? Eh bien, vous allez comprendre.

Les chaises s’ennuyaient au paradis terrestre. Elles n’avaient personne avec qui tenir de longues conversations, elles avaient froid, manquaient de tendresse… C’est alors que l’une d’elles dit : « Faisons l’homme et la femme à notre ressemblance » .

 

Ainsi donc, voilà pourquoi l’homme et la femme n’ont pas de plus grand rêve que celui de s’installer ! Ils sont à la ressemblance de leur créatrice, la chaise… Et si jamais ils se mettent à courir, c’est toujours pour mieux s’installer encore, comme au jeu de la chaise musicale.

L'homme et la femme s'installent dans leur profession, dans le mariage, dans leur maison, dans leurs idées.  Au fond ils s'installent pour être indépendants, n’avoir besoin de rien ni de personne, ce qui est bien différent d'être libres. Et à partir de ce jour, ils se sont mis à consommer, car la consommation c'est la nourriture de l'homme et de la femme installés. Et ils ont perdu la liberté, la vraie.

Seuls le rêve, le désir, l'émerveillement, l'amour peuvent nous faire lever de notre chaise et nous mettre en marche, car il n'y a d'amour que renouvelé. D'ailleurs : la liberté n'est pas autre chose, elle est chemin qui ouvre l'avenir, elle est toujours une remise en question.

Si nous nous laissons remettre en question, comme les auditeurs de Jean-Baptiste, c'est la preuve que la liberté est importante pour nous : un cœur qui n’est pas entravé, une vie qui n’est pas obstruée par des tas de faux besoins, et que nous admettons que nous n'avons pas toujours raison et que nous n'avons jamais raison tout seuls. Il n'y a pas de liberté solitaire, il n'y a de liberté que solidaire.  

 

Jean le Baptiste nous lance un fameux défi, en ce deuxième dimanche de l’Avent. Celui de nous laisser désinstaller de nos chaises, de nos habitudes, de nos lassitudes…

On a essayé de civiliser un peu l’image du Baptiste, comme on l’a souvent fait avec les saints un peu remuants. Mais ceux qui ont quelques notions d’histoire savent que l’Evangile le décrit comme un homme étrange qu’on n’aurait pas aimé rencontrer au coin d’un bois. C’était un vagabond barbu, vêtu de peaux de bêtes qui se nourrissait de ce que la nature lui donnait, en particulier de miel sauvage et de sauterelles.

Eh bien, frères et sœurs, Je pense que le salut de l’Eglise et du christianisme viendra aussi probablement de ceux que nous appelons des « marginaux ». Je pense à certains mouvements actuels, des jeunes (principalement) se regroupent pour vivre un idéal qu’ils ne trouvent plus dans la société : des « décroissants », soucieux de l’avenir de la planète, ou, des congrégations nouvelles, comme la Fraternité de Tibériade à Lavaux Ste-Anne… Ou, San Egidio, en Italie,…

Leur leit-motiv : retour vers la simplicité, et la justice. C’était pareil avec Jean :  Tous étaient frappés par la simplicité des réponses de Jean. Il préconisait pour seule règle, une élémentaire charité ou solidarité humaine relevant plus du bon sens que de prescriptions religieuses compliquées. Que personne n’ait faim, que personne n’ait froid dans des vêtements insuffisants. Telle était la règle de base. Les vêtements que chacun avait en trop étaient destinés à ceux qui étaient dans le besoin.

Il ne préconisait aucune privation rigoureuse, le bon sens élémentaire était suffisant. A partir d’un raisonnement simple et d’une pratique bienveillante concernant le sort des autres, il devenait aisé de discerner le chemin que Dieu préconisait pour chacun.

Jean-Baptiste, le prophète, nous dit que tous auront leur chance d’avoir une issue ; chacun, chacune aura le chemin ouvert, la chance voulue de faire son chemin dans la vie. A condition de faire le ménage dans sa vie de tout ce qui ne va pas, et de se laisser retourner par Dieu qui vient au-devant de nous.

 

Si je vous dis qu’aujourd’hui, le bulldozer ou la déneigeuse est devant votre porte pour débloquer le chemin de votre vie encombrée par une énorme congère, qu’allez-vous faire ? Allez-vous téléphoner à la commune pour dire que vous n’en avez pas besoin, que vous n’avez pas besoin de sortir, ou que vous avez assez de sel dans votre salière pour faire fondre la neige ?

Non, vous allez vous réjouir, parce que des chemins nouveaux vont s’ouvrir dans votre vie.

Je nous souhaite à tous, pour cet Avent, ce Noël qui sera là bientôt : le risque, la désinstallation, la vraie liberté et surtout l'amour ; aller vers Dieu et vers les autres.

Allons, levons-nous et ouvrons notre cœur à ceux qui ne manqueront pas de nous faire signe pour un vrai partage. « Jérusalem, quitte ta robe de tristesse ! Voici que ton Dieu s’avance vers toi ! »

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