A PAQ 02 - Pâques et le doute

 

2e dimanche de Pâques A – 2023  «Pâques et le doute»

 

« Jésus vint, et il était là, au milieu d’eux. »  Ah, quelle merveilleuse parole ! Une des plus belles phrases de tous les Evangiles. J’imagine la joie des Apôtres…


Il y a huit jours, nous fêtions Pâques, non pas simplement comme un souvenir du passé ou comme un rappel de la résurrection de Jésus autrefois, là-bas, en Palestine, mais comme une réalité d'aujourd'hui : c'est aujourd'hui, avec nous, dans le monde où nous vivons, que le Christ est vivant ; c’est aujourd’hui, dans notre communauté rassemblée, qu’il vient, avec les blessures qui témoignent de sa Passion, mais aussi avec sa puissance de vie et de miséricorde, de guérison et de joie :

« Jésus vient, et il est là, au milieu de nous. »

Jésus est vivant aujourd'hui, c'est le fondement de notre foi chrétienne.

 


« Oui mais hein ! Je veux bien, moi, mais je ne le vois pas, Jésus ! »

Vous l’avez déjà vu, vous ?

Eh bien non, en effet, nous ne le voyons pas avec nos yeux de chair. Et c’est tant mieux, parce que il y a une deuxième parole qui nous est adressée à nous, les chrétiens d’aujourd’hui, ceux de la 2ème génération de la foi : 

« Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! »

Il y a une joie, une joie toute spéciale : la joie de croire sans voir.

 

Nous croyons en Jésus-Christ, Fils de Dieu mort et ressuscité, sans l’avoir vu avant et après sa mort, sans le voir maintenant. Nous croyons parce qu’on nous l’a dit, parce que des Témoins, les apôtres, ont raconté ce qu’ils ont vu et entendu, ce qu’ils ont touché : l’expérience qu’ils ont eue de Jésus ressuscité. Notre foi, elle est apostolique, ça veut dire qu’elle repose sur les apôtres et tous ceux qui ont transmis après eux ce témoignage : nos parents, nos éducateurs, des prêtres, des croyants convaincus et cohérents.

 

Sans cela notre foi ne tiendrait pas et ne serait pas notre joie. Cette chaîne ne peut pas être rompue.

Sans cette foi, notre vie serait vide. Avez-vous essayé d’imaginer ce vide? « Jésus n’a pas existé. Ou bien il a existé mais il n’était pas Dieu, c’est trop fou d’aller croire des choses pareilles... Il a existé mais il est mort et bien mort. »

Pour moi, c’est comme si on avait éteint le soleil ! Sans Jésus ressuscité et vivant aujourd’hui, le monde serait sans soleil, sans goût, sans espérance.


Bien sûr, ce n’est pas évident de croire tous les jours. Ce n’est pas tous les jours facile, Il y a ce monde terrible qui s’enfante dans la violence et les larmes. Il y a ces souffrances près de nous, et peut-être dans notre chair. Ne rien voir de sensible exige à certains moments un terrible effort.


Pourtant, on peut s’entraîner à croire. Ce n’est pas si difficile si nous cultivons un certain regard sur le monde et sur nous-mêmes : Soyons sincères, combien de fois par jour faisons-nous confiance sans voir, sans vérifier ? Des centaines de fois !

Ainsi, nous faisons confiance à l'épicier pour ses aliments, son pain, son lait, ses fruits, ses légumes, son savon, ses fleurs, etc. Nous ne passons pas notre temps à nous informer si le produit est bon, s'il n'est pas empoisonné, etc. Nous le croyons sur parole ou sur étiquette. Et nous avons raison, il a fait ses preuves.

Ainsi, nous faisons confiance au médecin qui nous prescrit des médicaments. Nous croyons à sa compétence et à sa conscience professionnelle. Nous faisons de même avec le pharmacien qui nous les procure. Et notre confiance augmente à mesure que les bons effets de la médication se manifestent chez nous.

La même chose se produit avec le plombier, l'électricien, les éducateurs de nos enfants, les animateurs du Patro ou des Scouts où évolue notre petit garçon, etc.

La confiance ou la foi (c’est la même chose) grandit par l’expérience que nous faisons que cette confiance est bien placée, et qu’elle produit de bons effets.


Dans les Actes des Apôtres, nous voyons les effets de la foi chez les croyants de la première communauté chrétienne : ils produisent de l'entraide fraternelle, de l'accueil des autres, de la prière, de l'écoute de la Parole de Dieu, de la participation à l'eucharistie, de la mise en commun de leurs biens... Cela nous porte à croire que leur message est vrai! En plus, comme en boni, ils sont joyeux et en paix entre eux et avec les autres! Oui, on peut avoir envie de faire comme eux!

 

MAIS, NOUS SOMMES AUSSI DES THOMAS ! Thomas, c’est notre frère jumeau. Grâce à lui, on sait qu’on peut avoir des doutes. Ce n’est pas un péché. « Je croirai quand j’aurai mis le doigt dans l’endroit des clous. »



Ah, j’aime bien Thomas, il me rassure ! Il aime bien avoir des preuves, il ne croit pas tout ce qu’on raconte, et Dieu sait si on raconte des choses qui ne sont pas toujours justes, que ce soit à la télévision, dans les journaux, ou les ragots de la voisine… ! Thomas, il nous aide à développer notre sens critique.

Mais sa méfiance, il doit la transformer en confiance. Pour ça, il a eu besoin que Jésus lui sorte son grand jeu : « Avance ton doigt ici, mets ta main dans mon côté… »

Pauvre Thomas, il a dû se racrapoter ! Mais après avoir vu les signes de la résurrection de Jésus, ses mains et son côté, les blessures de la Passion, alors après sa foi est extraordinaire. Il proclame à la face des disciples le plus grand titre de Jésus ressuscité : « Mon Seigneur et mon Dieu! »

 

Les doutes font partie de la vie. On ne peut pas y échapper. Comme pour les angoisses et les craintes qu’on peut ressentir quand on est dans le vide et qu’on ne sent rien de solide pour se raccrocher… Mais pour autant, on peut rester croyants si on décide de plonger ses angoisses et ses doutes dans la Foi, en faisant un acte de lâcher prise, d’abandon, comme Thomas qui lâche prise pour voir Jésus lui tendre la main.  

Rejeter les doutes, c’est une décision de la volonté, qu’il nous faut souvent refaire. Pouvoir prier, comme je le fais personnellement chaque fois que je consacre l’hostie : « Jésus, tu es Vivant, tu es mon Seigneur et mon Dieu, tu es ma Vie, je t’aime ! », eh bien c’est la joie, une joie qui peut triompher de toute tristesse, de toute détresse. Elle nous fait sortir de la nuit.

 
Saint Pierre a admiré cette foi chez ses premiers chrétiens : «Vous aimez Jésus-Christ sans l’avoir vu! Vous croyez en lui sans le voir encore!’ (1 P 1,8). Il savait que tout repose sur une telle fermeté. Nous ne sommes ni juifs, ni musulmans, ni bouddhistes, ils ont leur foi que nous respectons. Mais à nous une joie nous a été donnée : croire que Jésus- Christ est Seigneur du monde et de notre vie. Ce n’est ni une supériorité ni un privilège mais une joie et une responsabilité. En nous voyant, il faudrait que tous puissent pressentir notre béatitude: « Ils sont heureux parce qu’ils croient en Jésus-Christ ».

 

Oui, chers frères et sœurs, avec vous je suis heureux d’être croyant. Souvenons-nous que nous avons besoin aussi des autres, de la Communauté, pour garder notre foi vivante. C’est par eux aussi, par l’Eglise malgré toutes ses faiblesses et ses fautes, que je suis branché sur le Christ ressuscité, comme les branches de cet arbre qui est devant ma fenêtre et que je vois refleurir à chaque printemps. Je suis si heureux quand je vois les petits oiseaux venir s’y percher…

 


Seigneur Dieu, nous étions morts

et, dans ta grande miséricorde,

tu nous as fait renaître à la vie

par la grâce de la résurrection de ton Fils,

Jésus, notre Sauveur.

O Dieu de miséricorde, nous te remercions

pour la joie de Pâques,

pour le témoignage

des femmes et des Apôtres,

pour le doute de Thomas,

pour l’Esprit que tu nous donnes.

 

Apaise notre doute, raffermis notre foi.

Fais fleurir la paix en nos cœurs.

Nous te le demandons, par Jésus,

Ton Fils bien-aimé,

Qui vit avec toi pour les siècles des siècles.  Amen.

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